Hakim Ziyech, le phénix prêt pour une dernière flamme au Wydad

Hakim Ziyech

PortraitTour à tour prodige, incompris, héros ou exilé, Hakim Ziyech a traversé toutes les émotions du football. Ce dimanche, le Wydad lui offre une nouvelle scène: celle du Complexe Mohammed V, pour écrire peut-être le dernier grand chapitre d’un destin hors du commun.

Le 02/11/2025 à 17h28

L’histoire de Hakim Ziyech a tout d’un scénario hollywoodien: celui d’un héros qui tombe, se relève, et finit toujours par surprendre. Né le 19 mars 1993 à Dronten, aux Pays-Bas, dans une famille originaire de Tafoughalt (région de Berkane), le benjamin d’une fratrie de neuf enfants découvre le football dès l’âge de cinq ans. Son père, conscient de son talent, l’inscrit au Reaal Dronten, où il croise le chemin de Aziz Doufikar, ancien international marocain qui deviendra son mentor.

En 2003, à seulement dix ans, Hakim perd brutalement son père. Le choc est immense. Livré à lui-même, il frôle la délinquance et s’éloigne du ballon. Mais Doufikar le repêche, l’oriente vers des essais au SC Heerenveen et à l’Ajax Amsterdam. Les premiers le retiennent, et c’est dans cette petite ville du nord des Pays-Bas que commence la longue traversée.

Placée chez une famille d’accueil arménienne, Ziyech s’égare: drogues, alcool, abandon scolaire. En 2010, son entraîneur Ron Jans refuse de le promouvoir en équipe A à cause de ses démêlés judiciaires. Ziyech est même traduit devant la justice pour plusieurs délits: outrage à agent, incendie volontaire, menace avec arme blanche et détention de stupéfiants.

De Twente à la gloire ajacide

C’est alors que son agent, Mustapha Nakhli, entre en scène. Il le recadre, le stabilise et l’accompagne dans son retour à la compétition. En mai 2012, Ziyech rejoint l’équipe première de Heerenveen sous la direction de Marco van Basten. Le 9 août 2012, il dispute son premier match européen contre le Rapid Bucarest. Malgré la défaite, son talent saute aux yeux. Relégué ensuite avec les espoirs, il s’accroche. La saison 2013-2014 marque son explosion: 11 buts, 9 passes décisives et une offre de l’AS Roma.

Il s’engage avec Twente où il devient, dès 2015, le meilleur passeur de l’Eredivisie avec 15 offrandes. L’année suivante, il est élu meilleur joueur du championnat. Courtisé par Newcastle, Fenerbahçe ou Anderlecht, il choisit pourtant de rejoindre l’Ajax Amsterdam en 2016, le club qui l’avait recalé enfant.

À Amsterdam, Ziyech atteint son apogée: 165 matches, 49 buts, 81 passes décisives, trois titres de champion, deux Coupes des Pays-Bas. La saison 2018-2019 reste légendaire: l’Ajax élimine successivement le Real Madrid et la Juventus avant de s’arrêter en demi-finale de Ligue des Champions. Le «Magicien» rayonne, figure dans l’équipe-type de la compétition et devient une star planétaire.

Chelsea, Galatasaray et l’exil

En 2020, Chelsea débourse près de 40 millions d’euros pour l’enrôler. Sous le maillot bleu, Ziyech dispute 107 rencontres, inscrit 14 buts et ajoute trois trophées majeurs à son palmarès: Ligue des Champions, Supercoupe d’Europe et Coupe du monde des clubs en 2021.

En 2023, il s’engage avec Galatasaray: 34 matches, 8 buts, 5 passes décisives. Début 2025, il s’envole pour Al-Duhail, au Qatar, où il joue 13 rencontres.

Un choix de cœur pour le Maroc

Entre 2014 et 2015, les Pays-Bas le courtisent avec insistance. Guus Hiddink, puis Danny Blind lui promettent un rôle clé. Mais Ziyech tranche: il opte pour le Maroc. «Ce n’est pas un choix de carrière, c’est un choix de cœur», explique-t-il.

Le 9 octobre 2015, il débute à Agadir face à la Côte d’Ivoire, avant de marquer son premier doublé en mars 2016 contre le Congo. Malgré des tensions avec Hervé Renard, puis une brouille avec Vahid Halilhodzic, il revient en sélection sous Walid Regragui et retrouve la lumière. À la Coupe du monde 2022 au Qatar, il brille face à la Belgique, l’Espagne et le Portugal. Le Maroc finit 4ᵉ, une première pour l’Afrique.

Avec 64 sélections et 25 buts, il est aujourd’hui le troisième meilleur buteur de l’histoire des Lions de l’Atlas.

Fin octobre dernier, le Wydad crée l’événement: il signe Hakim Ziyech pour un an et demi, libre de tout contrat. Jamais la Botola Pro Inwi n’avait connu un transfert d’une telle envergure. Pour le WAC, c’est une vitrine mondiale ; pour les supporters, une fierté nationale.

Ce dimanche 2 novembre, le Complexe Mohammed V s’annonce en ébullition: la présentation de Ziyech, enfant du Maroc revenu au bercail, sera un moment d’histoire. À 32 ans, il rêve encore d’une CAN à domicile, d’un dernier défi sous le maillot des Lions. Et comme souvent avec lui, on se dit que tout est encore possible.

Par Omar Nabile
Le 02/11/2025 à 17h28