Comme prévu, Walid Regragui a choisi de poursuivre ses expérimentations, samedi soir, face à la Centrafrique. 5-0, c’est le score le plus large de cette 3ème journée des éliminatoires de la CAN. Encore une fois, la tentation est grande d’avancer que le score est flatteur, c’est-à-dire heureux, pas forcément fidèle à la physionomie du match.
Parce que les Centrafricains, en face, ont beaucoup tenté. Et parce qu’ils ont, quand même, quelques joueurs de haut niveau, comme Kondogbia, sociétaire de l’Olympique de Marseille, ancien international français et ancien joueur phare de Monaco, de l’Atletico de Madrid ou de l’Inter.
Ce 5-0 est finalement bon à prendre. Il maintient les Lions dans une dynamique de victoire, inutile de faire la fine bouche.
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Au moment où l’on s’y attendait le moins, Regragui a fini par incorporer des joueurs de la Botola. C’est une excellente nouvelle, même si le choix de Harkass et Belammari peut étonner. Harkass est un quasi-trentenaire (29 ans dans quelques semaines) et Belammari, déjà 26 ans au compteur, n’a jamais disputé la Ligue des champions africaine: c’est dire si son envergure internationale n’était pas une évidence.
L’histoire de ces «novices» est donc à la fois belle et surprenante. Et si Harkass a connu quelques difficultés dans l’axe, Belammari a parfaitement tenu le couloir gauche, pourtant encombré par les permutations de sacrés clients comme Ben Seghir, Ezzalzouli et même Rahimi.
En fait, Regragui cherche encore un latéral/piston gauche fiable. Attiat-Allah est un peu sorti des radars depuis son transfert en Russie, Aznou est encore trop «tendre» (18 ans et zéro match en club), alors que Mazraoui est indisponible pour quelques semaines, voire quelques mois: autant donner sa chance à Belammari. Qui l’a parfaitement saisie. Mais il faudra le revoir face à un adversaire plus tranchant pour savoir ce qu’il a réellement dans le ventre…
Pour Harkass, les données sont quasi similaires. A côté d’Aguerd, et en attendant un éventuel retour de Saïss, personne ne s’est vraiment imposé, et surtout pas Abqar, laissé sur le banc face à la Centrafrique. Comme pour Belammari, Regragui a eu la bonne idée de laisser Harkass 90 minutes sur le champ de jeu. Pour un néo-international, c’est une marque de confiance et de soutien. Mais Harkass n’a pas forcément marqué des points face à la concurrence: Saïss, Abqar et même Dari ou El Yamiq peuvent encore chiper la place toujours vacante dans l’axe des Lions, en complément d’Aguerd.
Face à la Centrafrique, et en l’absence de Diaz et Ziyech, la vraie surprise aura été le retour en forme d’Ounahi. Ce garçon reste un mystère. Il a plané sur le match avec deux buts somptueux et plusieurs gestes de classe. Alors qu’on parle d’un joueur qui n’a encore rien prouvé en club. Remarquez au passage que ce garçon a surtout brillé, par le passé, quand Ziyech n’était pas là: rappelez-vous du fameux Maroc–RDC (4-1) quand Ounahi, profitant de l’absence de Ziyech, avait déjà survolé les débats…
Pour le match de samedi, le sélectionneur marocain a décidé, et c’est rare, de jouer avec un seul joueur à vocation défensive dans l’entrejeu (Amrabat, en mode pilotage automatique). Demain, et pour le compte du match retour face à cette même Centrafrique, Regragui aura de nouveaux choix à faire. Des garçons comme Targhaline, Aznou ou Sahraoui, devraient sans doute obtenir des minutes de jeu. Un Saibari aussi mérite d’être revu…
Pour finir, il y a une question qui ressemble à un épouvantail, et à laquelle coach Walid devra répondre, tôt ou tard: y a-t-il une alternative crédible à Hakimi à droite? Cela fait trop longtemps que ce garçon porte à lui seul, ou presque, le jeu offensif de la sélection. Samedi, c’était flagrant. A force, cela devient un motif d’inquiétude.
La bonne idée serait de laisser Hakimi sur le banc. Pour une fois. Ne serait-ce que pour voir ce que les autres seront capables d’inventer comme solution de rechange. Plus que Ziyech, Hakimi est bien la clé de voûte du système de jeu marocain. C’est le plan A. Nous avons tous besoin de savoir si Regragui et ses Lions disposent d’un plan B.