Interview360. Hervé Penaud analyse les forces du Maroc et les enjeux de la CAN 2025

Hervé Penaud, journaliste à L’Équipe et spécialiste du football africain

VidéoÀ quelques heures du coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des Nations Maroc 2025, le journaliste français Hervé Penaud, spécialiste du football africain, analyse pour Le360 Sport les chances des Lions de l’Atlas, le niveau des infrastructures marocaines et les défis qui attendent le pays hôte pour réussir «la plus belle CAN de l’histoire».

Le 20/12/2025 à 20h46

Présent au Maroc, Hervé Penaud, journaliste à L’Équipe et spécialiste du football africain, a longuement observé la montée en puissance de la sélection marocaine, mais aussi les innovations majeures engagées par le Royaume en matière d’infrastructures sportives.

Pour lui, cette édition de la Coupe d’Afrique des Nations se jouera dans des conditions «jamais vues» sur le continent. Une CAN exceptionnelle, certes, mais qui s’accompagnera également d’une pression considérable sur les épaules des Lions de l’Atlas, attendus au tournant en raison de leur nouveau statut de grands favoris.

Dans cet entretien exclusif, Hervé Penaud revient sur les forces et les faiblesses de la sélection marocaine, les outsiders à surveiller et les conditions nécessaires pour faire de l’édition 2025 un succès à la fois sportif et populaire.

Le Maroc, favori… mais sous pression

Interrogé sur les ambitions marocaines, le journaliste français estime que les Lions de l’Atlas aborderont la compétition avec un statut inédit, aussi prestigieux que lourd à porter.

«Inévitablement, les Marocains vont arriver avec l’étiquette de favoris. Aujourd’hui, rien d’autre qu’un succès ne sera accepté, il n’y a pas vraiment d’alternative. Mais le football est un sport où tout peut basculer: vous pouvez dominer un quart de finale et perdre sur un poteau. Le Maroc arrive en position d’ultra-favori, ce qui est rare dans une CAN», analyse-t-il.

«Le Maroc arrive en position d’ultra-favori, ce qui est rare dans une CAN»

—  Hervé Penaud

«La demi-finale de la Coupe du monde pèse dans les esprits, mais la CAN n’est pas la Coupe du monde. Les Marocains devront jouer autrement. Ils passent d’une équipe dominée à une équipe dominatrice, et ce ne sont pas les mêmes ressorts tactiques», poursuit-il.

Le journaliste met également en garde contre une concurrence relevée, en évoquant plusieurs prétendants sérieux: «Le Sénégal reste une équipe extrêmement puissante, avec une défense solide et des attaquants capables de faire la différence. Il faudra aussi se méfier de la Côte d’Ivoire, championne d’Afrique, du Nigeria, de l’Algérie ou encore de la Tunisie. Et attention aux surprises, comme la RDC, qui avait terminé troisième lors de la dernière édition».

Des infrastructures «jamais vues» en Afrique, et même en Europe

Sur le volet organisationnel, Hervé Penaud salue un niveau d’infrastructures rarement atteint, y compris au-delà du continent africain.

«Cette CAN sera organisée dans des conditions exceptionnelles: qualité des terrains, infrastructures, installations pour les équipes… Aujourd’hui, en Afrique, on ne peut pas faire mieux. Même en Europe, les infrastructures marocaines sont incroyables», souligne-t-il.

«Toutes les sélections seront logées dans des hôtels de très haut niveau, les nouveaux stades sont impressionnants et la qualité des pelouses est bluffante. À Tanger (lors de la dernière trêve internationale, ndlr), malgré une pluie intense, la pelouse est restée impeccable. À ce niveau-là, le Maroc place la CAN très haut», ajoute-t-il.

«À ce niveau-là, le Maroc place la CAN très haut»

—  Hervé Penaud

La CAN 2025 se déroulera du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026, dans six villes hôtes: Casablanca, Rabat, Marrakech, Tanger, Agadir et Fès. Neuf stades homologués accueilleront la compétition: le Complexe Mohammed V, le Complexe sportif Prince Moulay Abdellah, le Complexe sportif Prince Héritier Moulay El Hassan, le Stade olympique annexe Prince Moulay Abdellah, le Complexe sportif de Fès, le Grand Stade de Marrakech, le Stade El Barid, le Grand Stade d’Agadir et le Grand Stade de Tanger.

L’enjeu du remplissage, le vrai défi de cette édition

Au-delà de l’aspect sportif, Hervé Penaud identifie un autre défi majeur: l’affluence dans les stades.

«J’ai connu beaucoup de CAN et, souvent, il y a peu de monde dans les tribunes. La Côte d’Ivoire a fait figure d’exception. Au Maroc, j’ai une interrogation: lors des barrages, il n’y avait pas énormément de public. Et une fois passées les affiches avec le Maroc, l’Algérie, la Tunisie ou peut-être le Sénégal, cela risque de se voir», prévient-il.

Selon lui, la réussite globale de cette CAN dépendra en grande partie du parcours des Lions de l’Atlas. «Il faut absolument que le Maroc aille loin pour que la CAN soit belle. Si le Maroc est éliminé tôt, comme lors de la dernière édition, il y aura une désaffection du public. Les ambitions sont énormes, mais tout peut retomber si l’équipe sort prématurément. La pression sera énorme sur les joueurs».

Placés dans le groupe A, les Lions de l’Atlas entameront leur campagne le dimanche 21 décembre face aux Comores à 20h. Ils affronteront ensuite le Mali, le 26 décembre à 21h, avant de conclure la phase de groupes contre la Zambie, le 29 décembre à 20h.

Par Anas Zabari
Le 20/12/2025 à 20h46