Le Maroc et le paradoxe africain

Mohamed Hrimat et Oussama Lamlioui

ChroniqueSauf improbable volte-face de dernière minute, aucun joueur marocain engagé dans les compétitions continentales de clubs ne participera à la prochaine CAN. À une exception près: Munir, gardien numéro deux de la sélection. Est-ce normal?

Le 24/11/2025 à 09h54

Cette absence quasi-totale interroge. S’agit-il d’une injustice criante envers des joueurs qui allient pourtant talent et expérience africaine, ou est-ce simplement le prix à payer pour une génération dorée qui souffre d’une surabondance de talents?

Le paradoxe est d’autant plus frappant que le football marocain vit l’une de ses saisons les plus fastes sur la scène africaine. Le pays aligne quatre représentants: deux en Ligue des champions, deux en Coupe de la Confédération. Les quatre clubs ont franchi sans encombre toutes les étapes préliminaires pour se hisser dans les phases de groupes, entamées ce week-end.

Plus surprenant encore : l’Olympique de Safi, bon dernier de la Botola, fait partie de cette élite. Pour son baptême africain, l’OCS a débuté son mini-championnat en C3 par un succès inattendu au Mali, sur la pelouse du Djoliba. Certes, la manière n’y était pas, les Safiots ayant multiplié les simulations et récolté une pluie de cartons jaunes. Mais l’essentiel est là: la lanterne rouge du championnat marocain

va gagner chez un poids lourd africain, après avoir déjà éliminé le Stade tunisien (top 3 en Tunisie).

Dans le même temps, la RSB en C1 et le WAC en C3 ont déroulé, en infligeant un sec 3-0 à leurs adversaires du jour, se plaçant déjà en position favorable pour la qualification au deuxième tour. Bingo!

Seule l’équipe des FAR, pourtant armée pour jouer les premiers rôles, a déçu en revenant de Tanzanie avec une défaite frustrante face aux Young Africans (0-1). Mais rien n’est perdu, les militaires ont la profondeur de banc et l’expérience pour renverser la tendance dans un groupe relevé où figurent également Al Ahly et la JSK.

Trois victoires, neuf points sur douze possibles : le premier bilan d’étape des clubs marocains est solide. Et pourtant, ce dynamisme ne se reflète pas dans la sélection nationale.

Car lorsque l’on scrute les listes, une réalité s’impose: Munir sera probablement le seul représentant des clubs engagés en compétitions africaines à disputer la prochaine CAN. Aucun joueur de champ ne figure pour l’instant dans les plans du sélectionneur. Ni Hrimat (FAR), pourtant l’un des milieux les plus complets du championnat. Ni Lamlioui (RSB), dont la régularité est exemplaire. Et on ne parle ici que du haut du panier…

Le constat peut sembler cruel. Il révèle aussi une singularité du football marocain: un championnat suffisamment compétitif pour

briller en Afrique, mais dont les talents locaux peinent à franchir le dernier palier…

C’est là l’un des paradoxes les plus fascinants du football africain contemporain: un pays peut dominer les compétitions de clubs tout en ne comptant, en sélection, aucun joueur de champ issu de son propre championnat.

Par Footix marocain
Le 24/11/2025 à 09h54