CHAN 2022: La loi ne protège pas les idiots, mais la CAF si

Le Premier ministre algérien, Ayman Benabderrahmane, en compagnie du président de la FIFA, Gianni Infantino, et du président de la CAF, Patrice Motsepe, lors de la cérémonie d'ouverture du CHAN 2022.

Le Premier ministre algérien, Ayman Benabderrahmane, en compagnie du président de la FIFA, Gianni Infantino, et du président de la CAF, Patrice Motsepe, lors de la cérémonie d'ouverture du CHAN 2022. . FIFA

Les membres du Jury disciplinaire de la CAF ont beau examiner, analyser, distiller ou proférer des menaces, ils n’arriveront jamais à nous convaincre que la junte au pouvoir à Alger n’avait rien à voir avec ce qui s’est passé au stade Nelson Mandela.

Le 05/03/2023 à 08h15

À force de jouer avec le feu, la Confédération africaine de football (CAF) va finir par se brûler. On ne parle pas d’une petite escarre sans réelle conséquence. Non! On fait ici allusion au gros accident, avec entrée aux urgences, électrochocs et soins intensifs. Car l’instance dirigeante du football africain est plus proche de la crise cardiaque que de la grande forme olympique. Rien ne marche comme il faut dans cette institution qui se meurt à petit feu.

Dernière preuve du dysfonctionnement de cette institution: le verdict de son jury disciplinaire concernant l’instrumentalisation politique du CHAN. 

Pour ceux qui auraient raté le début, un petit rappel s’impose. Le vendredi 13 janvier 2023, à l’occasion de l’ouverture du Championnat d’Afrique des Nations au stade Nelson Mandela de Baraki, à Alger, le plus opportuniste et le moins crédible des petits-fils de Nelson Mandela, Zwelivelile Mandla Mandela, a pris la parole pour inciter les terroristes du Polisario au combat.

«Nous allons continuer à nous battre pour les causes africaines, notamment celle du peuple du Sahara occidental, dernière colonie en Afrique», avait-il déclaré dans une misérable mise en scène orchestrée par le régime d’Alger, qui a baptisé à cette fin le stade du nom de son grand-père. 

Ce samedi, la CAF est sortie de son silence. «Après avoir examiné de manière approfondie tous les éléments et preuves disponibles, le Jury disciplinaire a considéré qu'il ne devait pas retenir la responsabilité du fait d'autrui à la Fédération algérienne de football, et que les dispositions de la responsabilité objective ne pouvaient pas être prévues et ne devraient pas s'appliquer après la déclaration faite par M. Zwelivelile Mandela lors de la cérémonie d'ouverture du CHAN», a annoncé la CAF dans un communiqué officiel.

Avant d’avertir toutes les associations nationales, y compris la FAF, «pour qu'elles soient conscientes que les dispositions de la responsabilité du fait d'autrui et de la responsabilité objective peuvent à l'avenir être appliquées à la suite de toute déclaration politique ou autre faite par un tiers lors d'une compétition ou d'un événement officiel de la CAF».

Les membres du Jury disciplinaire de la CAF ont beau examiner, analyser, distiller ou proférer des menaces, ils n’arriveront jamais à nous convaincre que la junte au pouvoir à Alger n’avait rien à voir avec ce qui s’est passé au stade Nelson Mandela, ou que l’instance dirigée par Patrice Motsepe a été prise au dépourvu. 

La CAF est l’organisatrice du tournoi et de sa cérémonie d’ouverture. Elle avait, normalement, tout le programme de la cérémonie et devait connaître d’avance la teneur de l’intervention du petit-fils de l’ancien dirigeant sud-africain.

Et quand bien même on déciderait d’offrir à la Confédération africaine le bénéfice du doute, elle est dans l’obligation de sanctionner la Fédération algérienne qui a enfreint les statuts de la CAF et du CHAN. En effet, l’article 49 des statuts de la CAF précise «qu’aucune manifestation ou propagande politique, religieuse ou raciale, ni aucun affichage, ne sont autorisés dans les enceintes des compétitions de la CAF». 

Idem pour l’article 93 des statuts du Championnat d’Afrique des Nations qui explique qu’«aucun slogan écrit ou audio-visuel pour ou contre les convictions politiques ou religieuses d’autres pays ne sera admis dans les stades, les lieux d’hébergement, les terrains d’entraînement».

Théoriquement, les dirigeants de la Fédération algérienne de football, hôte du tournoi, connaissent les textes de loi. En invitant Zwelivelile Mandla Mandela, ils savaient à la fois pourquoi il a prononcé un discours et la sanction qu’ils encourraient. 

La loi ne protège pas les idiots, mais la CAF si.

Par Adil Azeroual
Le 05/03/2023 à 08h15