Pour les moins jeunes d’entre nous, l’organisation d’une Coupe du Monde au Maroc a toujours été une source d’espoir, d’attente et puis de désillusion. Personne ne peut oublier la déception vécue par tout un peuple, une journée de mai 2004 lorsque l’ancien président de la FIFA, Sepp Blatter, tirait d’une enveloppe le nom de l’Afrique du Sud, organisatrice de la toute première Coupe du Monde sur le sol africain. La colère s’est alors emparée de tous les Marocains, qui avaient décelé un subtil «micmac» de la part de l’instance mondiale. Un passe-droit qui aura coûté quelques millions de dollars, comme révélé plusieurs années plus tard, lorsque Blatter et son système s’étaient effondrés, croulants sous les scandales.
Quatorze ans plus tard, le Maroc essuyait un nouveau revers, en s’inclinant face au trio nord-américain, au terme de la course à l’organisation du Mondial 2026. Toutefois, à la différence du coup de théâtre de Zurich, le vote de Moscou avait laissé un arrière-goût d’espoir, au lieu d’une nouvelle déconfiture. Face aux Etats-Unis, au Canada et au Mexique -trois membres du G20-, le Maroc réalisait que ses arguments sont solides et qu’il ne repose plus sur un dossier de candidature, fait de maquettes et de bonne volonté.
Une Vision Royale et une association avec un bon voisinage
Et puis, par un beau jour de mars 2023, quelques semaines après avoir émerveillé le monde, en réussissant un exploit historique au Qatar, le Maroc annonçait sa candidature pour l’organisation du Mondial 2030, en s’alliant à l’Espagne et au Portugal, les voisins au nord du Détroit. Une annonce faite par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, au moment où le Souverain recevait le prix de meilleure personnalité de l’année par la Confédération africaine de football. Une annonce royale qui a tout de suite fait écho auprès de la Nation. Cette fois-ci, tous les voyants sont au vert.
L’automne suivant, la FIFA confirmait cet optimisme réaliste, en retenant la candidature tripartie, au slogan catchy «YallaVamos!», comme étant la seule et unique à même d’accueillir le gotha du football planétaire.
Un hommage à la tradition, une fenêtre sur l’avenir
Ce mercredi 11 décembre, deux ans presque jour pour jour après que le Maroc soit devenu la première nation africaine à se hisser en demi-finale d’une Coupe du Monde, la FIFA attribuera au Royaume l’organisation d’un Mondial, certes en partenariat avec l’Espagne et le Portugal. Une juste récompense pour le pays qui a été le premier à remettre en cause l’ordre établi, qui consistait à ce que le Mondial se joue en Europe ou en Amérique. Une ambition qui se traduit désormais par une volonté claire de faire de cette Coupe du Monde, une vitrine du Maroc et de l’Afrique, mais aussi un tremplin pour booster l’économie nationale. Car les chantiers du Mondial participent au développement, essentiellement infrastructurel, de tout le pays. Et c’est bien là que réside l’héritage de l’organisation d’un événement planétaire.