La débâcle à la CAF n’est pas celle de Djahid Zefizef, mais bien celle de l’Algérie

Le chef de l'armée algérienne Saïd Chengriha, le président Abdelmadjid Tebboune et le président de la FAF Djahid Zefizef. (Montage)

Le chef de l'armée algérienne Saïd Chengriha, le président Abdelmadjid Tebboune et le président de la FAF Djahid Zefizef. (Montage). Le360

Depuis sa défaite aux élections pour le poste de membre du Comex de la CAF, les foudres des médias algériens s’abattent sur le président de la Fédération algérienne de football, Djahid Zefizef. Le but est clair: masquer la débâcle du régime d’Alger au niveau continental.

Le 14/07/2023 à 17h27

Depuis quelques années, la diplomatie algérienne s’est installée dans une logique de défaites sérielles. En serial loser, elle essuie revers après revers au sein des instances internationales. Que ce soit à la Ligue arabe, à l’Union africaine, à l’organisation des Nations unies, où elle a rejeté les deux dernières résolutions du Conseil de sécurité sur le Sahara atlantique, ou au Mouvement des Non-alignés, l’Algérie n’a plus voix au chapitre. Une donne que la junte espérait bien changer sur le terrain du football en plaçant le patron de la Fédération algérienne de football (FAF), Djahid Zefizef, au Comité exécutif (Comex) de la Confédération africaine de football (CAF). Un objectif majeur pour le régime qui a dépensé sans compter en vue de l’atteindre.

Le régime au pouvoir à Alger a commencé cette quête désespérée en organisant le Championnat d’Afrique des nations (CHAN) et la Coupe d’Afrique des nations (CAN) U17, des occasions rêvées pour rencontrer le plus grand nombre de présidents de fédérations africaines et de membres du Comex de la CAF. Sans parler des multiples attentions à l’égard du patron de la CAF, le Sud-Africain Patrice Motsepe, allant jusqu’à baptiser le nouveau stade d’Alger du nom de Nelson Mandela.

Le verdict est tombé, hier jeudi, à l’occasion de la 45e Assemblée générale de l’instance panafricaine, tenue à Abidjan en Côte d’Ivoire. Le président de la Fédération libyenne de football (FLF), Abdelhakim Al-Shalmani, a été élu membre du Comité exécutif pour la zone Afrique du Nord (UNAF). Il a obtenu 38 voix alors que son rival algérien n’en a obtenu que 15. Ce score sans appel est un miroir qui fait réaliser au régime algérien son faible poids sur le continent.

En dehors de l’Algérie, qui a voté pour elle-même, seulement 14 pays sur 53 ont lui ont donné leur voix. Avec le milliard de dollars promis par Abdelmadjid Tebboune pour aider les pays africains, les rendez-vous continentaux que l’Algérie a abrités cette année, les flagorneries à l’adresse du président de la CAF, la mobilisation des ambassadeurs dans les pays africains et les appels téléphoniques pour quémander un vote, l’Algérie n’a obtenu que 14 voix. De quoi ce score est-il le nom? De la défaite de la politique algérienne obsédée par le Maroc qui n’apporte absolument rien de constructif ni au continent, ni même pas au développement du football algérien.

Les Africains sont las des manœuvres du régime d’Alger contre le Royaume du Maroc. Las à l’UA, où les diplomates n’en peuvent plus d’un pays qui sert uniquement un agenda hostile au Royaume du Maroc, las à la CAF, où le régime algérien ciblait davantage le Comex pour contrer l’influence du Maroc que pour contribuer à l’essor du football sur le continent.

Depuis jeudi, les médias de la junte taillent en pièce Djahid Zefizef, un «incompétent» qui ne serait pas à la hauteur de la politique de «l’Algérie nouvelle» du duo Tebboune-Chengriha.

Le premier à dégainer n’est autre que le sbire inculte de la junte algérienne et journaliste sportif à ses heures perdues, Hafid Derradji. «L'échec attendu du président de la Fédération algérienne, Djahid Zefizef, à obtenir un siège au Comité exécutif de la CAF constitue un nouvel échec pour l'ensemble du système footballistique et sportif qui nous oblige à reconsidérer le traitement d'un sport qui n'est plus qu'un simple jeu. Notre football doit donc devenir une affaire d'État», a-t-il lâché sur son compte Twitter, avant que toute la meute ne lui emboîte le pas.

Très tôt ce matin, c’est la radio publique qui prédisait le limogeage de Djadhid Zefizef en pointant du doigt son impéritie et en louant les réalisations de l’État algérien en matière d’organisation d’événements sportifs.

Seulement, le président de la FAF est à l’image de l’Algérie. Un pays «gouverné» par une hydre à plusieurs têtes. Ces têtes donnent des instructions contradictoires au corps, qui ne sait pas s’il doit avancer ou reculer. Djahid Zefizef a été nommé au poste de président de la Fédé par Abdelmadjid Tebboune. Maintenant que la CAF renvoie à l’Algérie un diagnostic réaliste de ce qu’elle pèse en Afrique, le régime en fait un bouc émissaire et appelle à son lynchage public. Trop facile!

La défaite cinglante de l’Algérie à la CAF aura des suites dans d’autres instances du continent. A commencer par l’UA, où des pays, dont le nombre est au moins égal à celui de ceux qui ont voté à la CAF contre l’Algérie, s’accordent pour extraire du corps africain le cancer polisarien.

Par Adil Azeroual
Le 14/07/2023 à 17h27