Les clubs marocains face aux défis à l’international

Wydad en Coupe du monde des clubs

ChroniqueOn ne peut prétendre devenir un acteur central du football mondial et briguer une place au top 10 du classement FIFA, sans des clubs capables de prendre le relais des équipes nationales, sur le plan continental et mondial.

Le 09/12/2024 à 16h17

Avec la mondialisation, les migrations et le développement soutenu des réseaux sociaux, les frontières virtuelles n’existent plus; elles ont été remplacées par des replis identitaires transnationaux. Les Marocains ne sont plus tous mono-nationalité, ni limités par les frontières du royaume. On en trouve partout, avec leurs traditions, leur attachement au pays et leur solidarité autour de ce qui les définit dorénavant : une foi, un drapeau et des institutions. Ils étaient définis auparavant également par l’appartenance à un espace géographique, ce n’est plus le cas.

Le football, activité sociale et sportive par excellence, n’a pas échappé au mouvement. L’ensemble des sélectionneurs du pays, depuis le milieu des années 90, ont puisé dans la diaspora pour composer leurs formations. Avant cette date, des clubs comme l’AS FAR, le Wydad, le Raja, le MAS ou le KAC étaient les principaux pourvoyeurs de l’équipe nationale.

Ce n’est plus le cas aujourd’hui : la plupart des joueurs de l’ossature des Lions de l’Atlas proviennent des centres de formation européens et de l’Académie Mohammed VI de Football, et non des clubs. À quelques exceptions près, dont la plus notable est Nayef Aguerd du FUS, aucun des titulaires de l’épopée du Mondial au Qatar n’est passé par la catégorie senior de la Botola Pro. Les Ounahi, Bounou et En-Nesyri ont évolué exclusivement dans les catégories de jeunes avant leur passage au professionnalisme européen.

La Fédération Royale Marocaine de Football est consciente de la situation et souhaite renforcer les clubs nationaux. Elle a signé à cet effet une convention avec la Fondation de l’OCP pour favoriser, professionnaliser et structurer la formation de jeunes destinés à briller plus tard dans leurs clubs respectifs. Les montants alloués sont importants et leur destination est parfaitement contrôlée. Il n’est pas question, dans ce projet, de détourner les budgets de la formation en faveur de l’équipe première. Les débuts du programme sont pénibles et les verrous sont difficiles à faire sauter, d’autant que la plupart des clubs souffrent en termes de résultats, de continuité et de stabilité, avec des indicateurs préoccupants.

Les prestations de l’AS FAR et du Raja en phase de poules de la Ligue des Champions africains ce week-end laissent à désirer. Certes, rien n’est perdu pour les deux clubs. Après deux journées, l’AS FAR est en tête du groupe avec 4 points et le Raja n’est qu’à un point de la deuxième place; il reste quatre journées avant la qualification au quarts de finale.

C’est au niveau du contenu que la situation est peu reluisante. Les deux clubs, auteurs d’un parcours record la saison précédente, sont loin de donner satisfaction à leurs supporters. Tout manque : efficacité, domination dans le jeu et qualité technique. C’est inquiétant pour le reste de la campagne et cela fait tache si l’on se réfère aux formidables résultats de nos équipes nationales. Nos clubs nous doivent incontestablement une revanche.

Seule la Renaissance Sportive de Berkane tient son rang en Coupe de la CAF. Elle a battu l’équipe sud-africaine de Stellenbosch à Durban, sur le score sans appel de 3 buts à 1. Une petite revanche, en considérant nos récents résultats en sélection face à l’Afrique du Sud.

En ce qui concerne le Wydad, en crise depuis deux ans, l’attente est encore plus grande. Ils représentent le continent africain à la première édition de la toute nouvelle Coupe du Monde des Clubs. La formule du tournoi a été copiée sur celle de la Coupe du Monde de sélections, avec 32 participants, répartis en huit groupes de quatre, dont les deux premiers seront qualifiés pour les huitièmes de finale. Dans la procédure avant le tirage au sort, le Wydad, avec Al Ahly d’Égypte, a été placé dans le chapeau 3; c’est le résultat de l’excellent parcours du club avant sa chute. Les deux autres clubs africains, l’Espérance de Tunis et Mamelodi Sundowns, ont, quant à eux, été placés dans le chapeau 4.

Cela n’a pas empêché le Wydad de faire partie du groupe de la mort en compagnie de Manchester City, la Juventus et Al Ain FC. Le WAC est face à un défi, celui d’en sortir avec les honneurs. Une qualification en huitième n’est pas impossible et le rendez-vous est pris pour un premier exploit historique, face à Man City le 18 juin à Philadelphie. Viser la lune ne doit pas faire peur au club représentant un pays, qui est sorti premier de son groupe en Coupe du Monde par deux fois : en 1986 dans un groupe composé de la Pologne (médaillée de bronze en 1982, ils avaient battu la France de Platini en match de classement); de l’Angleterre (quart-de-finaliste), et enfin, du Portugal, dont 7 joueurs du FC Porto, allaient être sacrés champions d’Europe l’année suivante.

En 2022, le Maroc a une nouvelle fois fini premier d’un groupe relevé. Il était composé de la Croatie (finaliste de l’édition 2018), de la Belgique (3e en Russie) et du Canada (dont le brillant Alphonso Davies du Bayern constituait un danger à lui tout seul). La suite, on la connait tous.

C’est avec ces résultats dans le rétroviseur que le Wydad doit préparer et aborder sa compétition phare de l’année. C’est un défi qu’il faudra relever pour consolider la place et le leadership du football marocain.

Par Larbi Bargach
Le 09/12/2024 à 16h17