Ziyech, invité VIP des émissions «sportives» en Algérie

Hakim Ziyech

Hakim Ziyech. DR

ChroniqueDepuis sa sortie sur le conflit en cours à Gaza, il fait la une de toutes les émissions «dites sportives» des télés et pages sportives du pays voisin. Plus rien ne compte: seuls les potins, vrais ou inventés, sur le capitaine de l’équipe nationale, ont de l’importance.

Le 22/10/2024 à 15h49

Les paraboles, Internet et les réseaux sociaux ont bouleversé la géographie mondiale et facilité la circulation et l’instantanéité des informations. Pour les dépêches, il n’y a ni frontières ni visas. Il y a plusieurs années, seuls quelques privilégiés avaient accès aux informations dites sensibles. La censure, symbolisée par une paire de ciseaux dans l’imaginaire des Marocains, empêchait toute publication contenant un appel à la révolte ou des écrits offensants. Les publications algériennes n’étaient pas censurées au Maroc mais ne présentaient aucun intérêt. Elles étaient enfermées dans un carcan idéologique tellement grossier qu’elles n’intéressaient personne. À l’époque, toutes les campagnes de presse algériennes visaient la France, ancien colon et responsable de tous les maux de la société. Les médias glorifiaient à outrance le système Boumediene, objet d’un culte de la personnalité idéologique, bas de gamme.

Cinquante ans plus tard, c’est toujours le cas: toutes les émissions algériennes sont programmées pour refléter le discours officiel. Les éléments de langage sont conçus dans les officines du pouvoir pour diffuser une propagande totalement fausse et abjecte sur la victime du moment. Ceux qui sont aux manettes depuis la chute du président Bouteflika ont changé de paradigme sans modifier le système. Ils ont rajouté quelques acteurs: Maroc, Émirats Arabes Unis et, nouveauté absolue, le sport a été enrôlé dans leur mission de propagande, notamment anti-marocaine. De ce côté de la frontière, certains d’entre nous s’amusent de temps en temps à regarder quelques-unes de leurs émissions sportives, un peu comme on regarde des émissions humoristiques. Le regard est toujours moqueur devant le ridicule des propos.

C’est le cas avec Hakim Ziyech. Depuis sa sortie sur le conflit en cours à Gaza, il fait la une de toutes les émissions «dites sportives» des télés et pages sportives du pays voisin. Plus rien ne compte: seuls les potins, vrais ou inventés, sur le capitaine de l’équipe nationale, ont de l’importance. Rien sur ses exploits sportifs ni son parcours au sein des Lions de l’Atlas au cours du Mondial, rien non plus sur son état de forme actuel; c’est pourtant par là qu’une émission sportive devrait commencer. Tout est focalisé sur les impacts politiques éventuels d’une publication sur la plateforme X, effacée dans la foulée. Les journalistes et chroniqueurs invités dans ces émissions, certainement des chefs de famille soucieux d’offrir un casse-croûte à leurs enfants, se sont lancés dans des analyses loufoques, contradictoires et complètement décalées de la réalité. Lorsqu’il n’a pas été convoqué au dernier rassemblement de l’équipe nationale pour blessure, ils ont publié un peu partout que Ziyech était écarté pour ses positions politiques.

Walid Regragui, l’entraîneur national, qui entame une tournée pour s’enquérir de l’état de santé des blessés, dont Ziyech, est accusé de défiance envers le gouvernement marocain. La schizophrénie et le manque d’arguments des participants aux différentes émissions sont affligeants. Rien ne les arrête dans leurs projets de nuire et de travestir la réalité. Mais en conclusion, ils le font juste assez bien pour convaincre le citoyen algérien, pas assez pour manipuler le Marocain. Et si finalement ce n’était pas le Marocain qu’ils visaient mais leurs malheureux concitoyens en manque de possibilités d’exprimer leurs frustrations?

Tout n’est pas parfait au Maroc. Des manifestations pacifiques sont très souvent organisées pour protester contre les effets de la vie chère avec quelques résultats au passage. D’autres visent à exprimer la solidarité du peuple marocain avec les peuples gazaouis et libanais. Ces manifestations uniques dans le monde arabe témoignent de la maturité des Marocains, de leur sagesse et de la solidité de leurs institutions, pas d’une quelconque défiance.

Pour éviter la lassitude, ces mêmes émissions évoquent la CAF, soi-disant otage de la fédération marocaine, le TAS, l’affaire USMA-RSB et invitée de dernière minute: la fédération centrafricaine, accusée de tous les maux pour avoir arboré la carte de la République Centrafricaine sur son maillot. Être fier de son pays est considéré dans le pays du monde à l’envers —comme se plaît à le décrire un ancien ambassadeur français à Alger— comme une attaque contre les institutions et la souveraineté algériennes. Il serait vain d’essayer d’expliquer pourquoi. Pour des esprits tordus, cette démarche a pour simple objet de mettre en difficulté le dossier présenté par la fédération algérienne devant le TAS. L’USMA avait été empêchée de jouer contre la RSB à cause de la carte du Maroc sur le maillot orange des joueurs de Berkane. Le maillot centrafricain est considéré comme un nouveau complot ourdi contre l’Algérie.

La victimisation systématique est une méthode courante chez ceux qui échouent et s’installent dans l’échec. La multiplication des événements sportifs confiés au Maroc, tant sur le plan continental que mondial, dérange ceux qui se considèrent comme une puissance régionale de premier plan. C’est cette confiance de la communauté internationale que les malheureux mercenaires —que l’on a connus mieux inspirés— cherchent à remettre en cause en pure perte. Le Maroc en chantier n’en a cure; les Marocains non plus: leur solidarité pour les causes justes ne les empêche pas de garder l’œil sur l’essentiel. Dans le cadre du sport, ce sont les échéances sportives et événementielles, chacun d’entre nous les a bien ancrés dans la tête.

Par Larbi Bargach
Le 22/10/2024 à 15h49