Même le patron de la FIFA s’est senti obligé de prendre quelques minutes de son précieux temps, sacrifiant un ou deux rendez-vous, pour rendre hommage à Faras. Ce n’est pas qu’une opération de communication. Ce joueur était l’un des derniers représentants d’un autre football, où il y avait plus de place pour le jeu et moins pour le reste (argent, marketing).
Romantique? Oui. Car voilà un footballeur au talent extraordinaire qui a choisi de passer toute sa carrière, pour ne pas dire sa vie, dans son club de toujours: le Chabab de Mohammedia. Oui, ce même Chabab qui vient de basculer, une nouvelle fois, en Botola 2.
C’est avec Faras que le Chabab a gagné ses deux titres nationaux: un championnat et une Coupe du Trône. Avec lui, le club de Mohammedia a vécu une parenthèse enchantée, se hissant sur le toit du Maroc, un niveau qu’il n’a atteint ni avant, ni après.
Il aurait pu partir pour les grands clubs casablancais, pourtant si proches, ou tenter l’aventure du professionnalisme en Europe ou dans le Golfe. Mais non, ça sera la Chabab et encore le Chabab, jusqu’au bout.
Sur le terrain, c’était une terreur. Un joueur frisson. Il cavalait, comme un vrai cheval de course. Malgré sa taille moyenne, il avait un jeu de tête et une détente hors du commun. Il était capable d’éliminer en un contre un, d’organiser le jeu, de donner des caviars à ses partenaires ou de finir les actions avec une forte adresse devant le but.
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Un mélange de Benzema (pour la finesse technique, l’altruisme et la capacité de prendre le jeu à son compte) et Hamdallah (pour le côté finisseur impitoyable). Quelque chose de Pelé aussi, ou Cruyff, diront d’autres, nostalgiques de la belle époque.
Elégant, racé, vif et mobile, Ahmed Faras faisait lever tous les stades du Maroc, et pas seulement le public du Bachir, avec son seul toucher de balle. Il était le seul, ou l’un des très seuls, qui avait un public dans chaque ville qui le suivait partout où le Chabab allait jouer le weekend.
Et que dire de son parcours avec les Lions de l’Atlas. Sans lui, le Maroc n’aurait jamais gagné la seule CAN à son palmarès, celle de 1976, où il a fini meilleur joueur et buteur du tournoi. Comme s’il avait un don d’ubiquité: on ne voyait que lui sur le terrain. Tous les ballons passaient par lui, il était toujours là pour offrir une solution au porteur de balle, pour combiner, harceler…
Certains diront aujourd’hui qu’il y avait aussi du Zidane en lui. Ou qu’il avait un Zidane dans chaque orteil… C’est un peu exagéré mais, comme Zidane, Faras a raté sa dernière sortie internationale: son dernier match avec les Lions reste le traumatisant Maroc–Algérie de 1979… Même s’il a continué avec son club de toujours, ce fut son ultime round avec la sélection. Une fin injuste pour un joueur que personne, parmi ceux qui l’ont regardé un jour sur les terrains, ne peut oublier.
S’il y a un joueur qui mérite une statue ou un stade, une rue, une place à son nom, c’est bien lui: l’inoubliable Ahmed Faras. Qu’il repose en paix.








