Nasser Bourita Vs Ramtane Lamamra: un Ballon d’Or contre un Ballon de plomb

Que ceux qui pensent que la politique n’est pas un sport lèvent la main. Bon, maintenant, je vous demande de fermer aussitôt cet onglet. Pourquoi? Parce que je n’ai plus envie d’étaler mes inestimables théories devant un ramassis d’ignares. Sinon, comment oseraient-ils prétendre que ce domaine, pourtant si palpitant, n’attise pas les passions tel un match de foot? Bien au contraire: l’Histoire (avec un h majuscule) retiendra que, ce mardi 7 décembre, Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étrange, a couvert de ridicule le ministre des Affaires étrangères algérien Ramtane Lamamra. "Lfercha" intégrale.

Bourita a, en effet, participé à la première réunion ministérielle Groupe de Visegrád (V4)+Maroc, en compagnie des ministres des affaires étrangères hongrois, tchèque, slovaque et polonais, qui s’est déroulée les 6 et 7 décembre à Budapest (Hongrie). 

Que le ministre marocain ait rencontré les puissances de l’Europe centrale, qui ont leur mot à dire au sein de l’Union européenne, est une bonne nouvelle en soi, mais que vient faire le ministre algérien là-dedans? Rien, justement!

Sauf que Lamamra a fait de Bourita son rival. Dans sa petite tête, il joue (seul) un match à distance contre le Marocain pour le trophée de Ballon d’Or qui désignera le meilleur chef de la diplomatie de la région. Une obsession maladive qui pousse le “voisin”, le “frère” et l’“ami” à s’imaginer être à la hauteur de son concurrent. 

Quand Bourita jouait dans une compétition prestigieuse, une sorte de Ligue des Champions avec ses coéquipiers du V4, et qui plus est, conclue par un échange de ballons dans l’un des stades les plus mythiques du vieux continent, la Puskàs Aréna, Lamamra sortait d’un tournoi de quartier à Oran: «le séminaire de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique». Comme s’il fallait préciser qu’un événement de haut niveau en était réellement un.

Pour faire diversion à la faible représentativité des pays africains, le ministre algérien a songé à une tactique qu’il croyait judicieuse pour changer la donne: visiter le stade olympique d’Oran. Jusqu’ici rien de grave, le “joueur” voulait certainement exhiber ses talents de buteur hors norme. Eh ben non. Lamamra s’est placé seul au centre du terrain, sans ballon, arborant la pelouse du stade comme un trophée. C’est ça la classe algérienne?

Cette image résume, à elle seule, la diplomatie de la junte: son meilleur “joueur“ est isolé, sans coéquipiers, et privé, de surcroit, de ballon.

© Copyright : DR

Pour le spectacle, on aurait préféré que le match soit au moins disputé, mais avec un adversaire dyslexique du cerveau et droitier avec deux pieds gauches, le forfait est assuré avant même le début de toute confrontation.

N’oublions pas que Lamamra a 70 ans, et même s’il est jeune comparativement à la moyenne d’âge des chibanis cramponnés au pouvoir dans son pays, il est sans force, sans ressources et complètement inapte sur un terrain de foot face au jeune Bourita et ses homologues de l’Europe centrale.

Mais le plus grave est ailleurs, ce sont les réactions en Algérie. C’est tout un déferlement médiatique qui a salué cette démonstration de faiblesse de Lamamra, qui n’a rien trouvé de bon pour chauffer la machine qu’une visite à un centre commercial à Oran. Oui, oui vous avez bien lu. 

Il ne manquait qu’une inspection aux toilettes du café en face et une conférence sur la couleur du papier hygiénique... Et bien sûr tout le monde en Algérie a un avis sur la question: les ministres, les animateurs télé, les parlementaires et même le chien de la voisine.

Résultat final: Nasser Bourita-Ramtane Lamamra 4-0. Le match le plus attendu de ces derniers mois, que l’on présentait comme un duel au sommet, a finalement tourné court. Durant les 90 minutes ou presque, il n’y eut qu’un seul joueur sur le terrain. 

Sobre à la limite de l’austérité, capable de sortir une passe à laquelle ne s’attend pas l’adversaire, Bourita nous gratifie, chaque semaine ou presque, d’un spectacle qui apporte la preuve que la diplomatie marocaine joue dans la cour des grands.