Il semblerait que les directeurs des médias algériens du pôle public aient bien retenu la leçon après l’affaire Chabane Lounakel. L’ancien directeur général de l’Établissement public de la télévision algérienne (EPTV, nom de la télévision d’État) a été brutalement limogé par la junte pour avoir autorisé l’annonce au journal télévisé, et en prime time, de la qualification historique des Lions de l’Atlas pour les demi-finales de la Coupe du monde 2022.
Les instructions sont pourtant claires pour tous les médias du pouvoir qui doivent rester fidèles à la ligne du régime algérien vis-à-vis du Maroc: utiliser tous les coups bas et mensonges pour parler négativement du Royaume voisin, et passer sous silence les choses positives.
Depuis, «li karssou lahnech ykhaf men lahbel» (celui qui a été mordu par le serpent a peur de la corde). Ce vieux proverbe marocain est devenu la devise dans la vie (ou plutôt pour la vie) des DG de tous les médias du pôle public chez le voisin.
À l’instar de cette dépêche de l’APS (agence de presse officielle) intitulée «CHAN: de la Côte d'Ivoire à Alger, le long périple de la compétition des locaux», publiée vendredi 6 janvier 2023, à une semaine du début du Championnat d’Afrique des nations (CHAN) qu’abritera l’Algérie du 13 janvier au 4 février 2022.
Dans ce texte, qui retrace l’historique de la compétition panafricaine, son palmarès, les anciens pays hôtes, ainsi que les joueurs qui ont brillé lors des différentes éditions, les noms «Maroc», «Lions de l’Atlas», «Kaabi», «Rahimi»… ne sont cités nulle part.
Pourtant, le Royaume a organisé et remporté l’édition 2018, avant d’ajouter un nouveau sacre à son palmarès en décrochant la dernière édition au Cameroun. Le Maroc partage ainsi avec la République démocratique du Congo (2009 et 2016) la position de pays le plus titré de l’histoire du CHAN, devant la Tunisie (2011) et la Libye (2014).
APS est également revenue sur les joueurs qui ont marqué de leur empreinte l’histoire du CHAN. «L'Algérien Hilal Soudani (2011), le Tunisien Youssef Msakni (2011), le Malien Yves Bissouma (2016), l'Ivoirien Yao Serge Nguessan (2016), tous se sont par exemple révélés au CHAN», a écrit l’agence algérienne, évitant de parler d’Ayoub El Kaabi, meilleur buteur de l’histoire de la compétition (12 buts), de Soufiane Rahimi, meilleur joueur et meilleur buteur de l’édition camerounaise en 2020, ou encore de Hahya Jabrane, un joueur qui a brillé au CHAN avant de participer à l’épopée des Lions de l’Atlas au Mondial qatari.
Cette «omission» est tout sauf surprenante, quand on sait que la junte a ignoré l’exploit historique des hommes de Walid Regragui en Coupe du monde. Un régime qui détient pourtant la présidence tournante de la Ligue des États arabes et qui devait être le premier pays à féliciter son voisin maghrébin, arabe et africain.
Annoncer que le Maroc est devenu la première nation africaine et arabe à se hisser dans le dernier carré d’un Mondial a certainement été un cauchemar pour les dirigeants algériens, qui n’ont pas hésité à sacrifier Chabane Lounakel. Alors, leur rappeler la suprématie des Lions de l’Atlas sur la compétition que va accueillir le pays dans moins d’une semaine pourrait provoquer un séisme à l’APS.
Aujourd’hui, il ne fait aucun doute que les médias officiels algériens ont dépassé par leur outrance ceux de la Corée du Nord. Même dans le sport, le nom Maroc est banni par les médias algériens. Ce qui donne lieu à des récits surréalistes, tronqués, avec des trous aussi visibles que ceux du cordage d’une raquette de tennis.
Une question à l’adresse du censeur en chef de l’APS: et si la junte venait à autoriser un avion de la RAM à transporter l’équipe marocaine à Constantine ? Et si cette même équipe remporte le CHAN qui se déroule en Algérie? Comment va-t-il faire pour éviter d’écrire le nom «Maroc» en établissant le palmarès de cette édition? Cela prendra l’allure d’une quadrature du cercle à la sauce algérienne ou plutôt d’un supplice stupidement… algérien.
4 commentaires /
élimination par tirs au but
.....
La junte des caporaux a inventé élimination par impossibilité de rejoindre directement le lieu de la compétition pour éliminer la concurrence.