Jeux méditerranéens 2022: quand l’Algérie, pays hôte, mélange sport et politique

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Entre l’Algérie d’un côté, la France et l’Espagne de l’autre, le torchon brûle. En cause, le forfait des équipes équestres française et espagnole des Jeux méditerranéens. Et si les vraies raisons étaient ailleurs? Éclairage.

Le 23/05/2022 à 10h27, mis à jour le 23/05/2022 à 10h47

Dans une sortie médiatique tonitruante, en date du dimanche 23 mai, Mohamed Aziz Derouaz, Commissaire des Jeux méditerranéens, prévus à Oran entre le 30 juin et le 3 juillet 2022, n’a pas mâché ses mots à l’encontre de la France et de l’Espagne. Les deux pays ayant renoncé à la compétition équestre à cause de «l’absence d'un dispositif logistique et sanitaire adéquat».

Qualifiant de «fallacieux» les arguments avancés par les deux pays, le responsable algérien s’en est vigoureusement pris à eux lors d’une conférence de presse. «La décision d’un pays de participer ou non relève de la liberté des fédérations ou du Comité olympique. Personne ne peut non plus être tenu responsable de leur incapacité à organiser le voyage de leurs athlètes et chevaux», a-t-il asséné.

Balayant d’un revers de main les justifications de la non-participation de la France et de l’Espagne, Derouaz affirme que «pour la première fois dans l’histoire des Jeux méditerranéens, l’Algérie, pays organisateur, et le comité d’organisation ont pris à leur charge les frais de déplacement équestre des participants».

A demi-mot, le Commissaire des Jeux méditerranéens traite les deux pays européens de menteurs puisqu’il insiste sur le fait que son pays a garanti toutes les conditions sine qua non pour faciliter le déplacement des chevaux et des athlètes.

Ce faisant, Derouaz, par ces propos acerbes à l’encontre de la France et de l’Espagne, tient à rassurer sur le bon déroulement des Jeux mais surtout à régler des comptes «politiques» avec ces deux pays. Chose qui, on s’en doute, lui aurait été dictée par les hauts dirigeants du pays.

La lune de fiel entre la France et l’Algérie est de notoriété publique, depuis que le président Emmanuel Macron a parlé de «rente mémorielle» d’Alger en évoquant la Guerre d’Algérie, en octobre 2021.

Entre l’Espagne et l’Algérie rien ne va plus, également, depuis que le voisin ibérique a exprimé son soutien au Plan d’autonomie proposé par le Maroc pour le Sahara.

Mais l’on s’étonne que l’Italie, qui a aussi décidé de boycotter les Jeux méditerranéens, soit curieusement épargnée par les critiques acerbes des responsables algériens. L'explication est pourtant simple: «le pays d'un million et demi de martyrs» se tourne vers le pays transalpin dans sa quête d’alliés et de soutien à ses causes perdues.

D’ailleurs, le président Abdelmadjid Tebboune devrait bientôt se rendre en Italie. Ceci explique cela. Et tant pis pour le sport, une nouvelle fois sacrifié par la junte sur l’autel des calculs politiques égoïstes et malencontreux.

Par Khalid Mesfioui
Le 23/05/2022 à 10h27, mis à jour le 23/05/2022 à 10h47