L’une des dernières tares du football marocain, qui tiraient la Botola vers le bas, s’appelle la programmation. Cela nous donnait des saisons interminables et des «chevauchements» invraisemblables: comme de jouer une finale de Coupe du trône un ou deux ans plus tard que prévu! Ou d’annuler tout bonnement la compétition: exemple de l’édition 2020 qui n’a pas eu lieu, officiellement pour cause du Covid-19… Alors qu’il y avait certainement moyen de la tenir avec une meilleure programmation.
L’impression que la Botola est un championnat marathonien, alors qu’elle se joue seulement sur 30 journées, vient de cette programmation chaotique et surtout de ce retard à l’allumage. Quand un train part en retard, il arrivera toujours en retard.
Bref, cette reprise précoce n’est pas le fruit du hasard. La réforme du football marocain passe par là. Après la mise à niveau des stades, qui a donné d’excellents résultats, d’autres chantiers sont en cours: cas de l’assainissement des finances des clubs, de la gestion des litiges, de la réforme du corps arbitral, etc.
Il y a du boulot et, aujourd’hui, c’est la programmation qui est en jeu. Le chantier est d’importance. Parce que tous les championnats sont en train de se connecter les uns aux autres. C’est l’internationalisation du football, et même la CAF tente de se «caler» progressivement sur les dates FIFA pour permettre aux joueurs, surtout les internationaux, de se libérer plus facilement de leurs engagements.
Surtout, cette saison connaitra une longue coupure avec la CAN 2024 qui aura lieu en Côte d’Ivoire (janvier–février), et sur laquelle le Maroc fonde de grands espoirs. C’est d’ailleurs cette coupure, que l’on espère la plus longue possible (cela signifie que les Lions prolongeront leur séjour ivoirien), qui servirait de trêve pour l’ensemble des clubs et des joueurs locaux.
Le mieux donc est de s’y prendre tôt. C’est une bonne nouvelle pour tout le monde. Même si les deux géants casablancais ne sont pas les mieux lotis, eux qui n’ont presque pas eu de «vacances», à cause de leurs engagements internationaux (Champions League arabe).
Un bémol, toutefois: le Wydad n’a pas encore repris, puisque son sommet face au FUS a été reporté. Et le Raja, brillant hier à Berrechid (victoire 3-1), aura pour une fois un calendrier allégé, le club étant privé de toute compétition internationale.
Sinon, que vaut cette première journée de championnat? Sur les 6 matchs disputés, nous avons vu pas mal de buts (16), un seul nul et aucun 0-0. Encourageant. Dans le contenu, il n’y a pas de quoi sauter au plafond, la plupart des matchs se disputant à un petit rythme.
Mais, en dehors du Mouloudia d’Oujda (battu 0-2 à Berkane), aucune équipe n’a vraiment fermé le jeu. Tout le monde a essayé de gagner, d’aller de l’avant. Et si le Raja a montré de belles dispositions à Berrechid, Safi, qui traverse une période trouble en étant privé de son président (affaire du trafic des tickets du Mondial 2022), a pu éviter la défaite (1-1 face au Hassania d’Agadir).
A noter que Zghoudi (Berkane) a marqué un but qui comptera, à coup sûr, parmi les plus beaux de la saison. Vivement la suite!