Les arbitres marocains enfin rémunérés au mois: la fin d’une injustice structurelle

Les arbitres du match FUS-Raja, disputé le samedi 13 septembre 2025

C’est une petite révolution dans le football marocain. Pour la première fois, les arbitres de la Botola Pro D1 bénéficieront d’un salaire mensuel fixe de 5.000 dirhams. À cela s’ajoutent les primes de match et les indemnités habituelles, un dispositif inédit qui marque la reconnaissance d’un corps arbitral longtemps négligé.

Le 17/09/2025 à 13h21

Longtemps relégués au second plan, souvent critiqués et rarement valorisés, les arbitres marocains de la Botola Pro D1 auront enfin un revenu fixe. La Fédération royale marocaine de football (FRMF) et la Ligue nationale de football professionnel (LNFP) ont acté une réforme inédite: désormais, les arbitres toucheront un salaire mensuel de 5.000 dirhams. À cela s’ajoutent les primes de match, fixées à 4.000 dirhams pour les arbitres centraux et 3.000 dirhams pour les assistants.

Une décision qui marque un tournant dans l’histoire du football national, en rendant justice à un métier exposé, ingrat et pourtant essentiel.

Jusqu’ici, les hommes en noir vivaient dans une précarité insoupçonnée. Contrairement aux joueurs ou aux entraîneurs, ils ne disposaient pas d’un revenu garanti. Leurs finances dépendaient exclusivement des primes de matches et des indemnités de déplacement. Une situation instable, qui les obligeait parfois à jongler avec un second métier ou à accepter des conditions de vie précaires.

Désormais, avec ce salaire fixe et ces primes assurées, les 29 arbitres centraux et 53 assistants bénéficieront d’un filet de sécurité. Ils ne dépendront plus du nombre de désignations reçues au cours du mois. Ce revenu, même modeste, constitue une avancée majeure vers une reconnaissance professionnelle trop longtemps refusée.

Les parents pauvres du football national

Ainsi plus de 400.000 dirhams par mois seront mobilisés pour couvrir les salaires de l’ensemble du corps arbitral de la Botola Pro.

Un investissement qui traduit une conviction profonde de la FRMF: il est impossible d’élever le niveau du football marocain sans des arbitres respectés, mieux formés et correctement rémunérés. Dans un contexte où le Maroc s’apprête à accueillir la CAN 2025 et à coorganiser le Mondial 2030, le professionnalisme de l’arbitrage devient un enjeu stratégique.

Le contraste avec les millions dépensés chaque saison pour les joueurs et les staffs techniques est saisissant. Alors que les salaires des footballeurs flambent, les arbitres restaient les parents pauvres du système, malgré leur rôle crucial. La décision de la FRMF et de la LNFP vient réparer une injustice structurelle.

«C’est une décision courageuse, qui apporte sérénité et stabilité aux arbitres», confie l’ancien arbitre international Mohamed El Mouajeh. Joint par Le360 Sport, il voit dans cette mesure un levier de motivation pour les jeunes arbitres des divisions inférieures, désormais convaincus que l’élite peut offrir une véritable carrière.

Toutefois, El Mouajeh nuance son enthousiasme. Selon lui, les 5.000 dirhams mensuels restent en décalage avec les sacrifices exigés: préparation physique rigoureuse, stages réguliers, arbitrages sous haute tension et exposition constante aux critiques. Loin d’être une fin en soi, ce salaire doit être vu comme un premier jalon vers une professionnalisation complète.

Bien entendu, ce nouveau dispositif ne saurait, à lui seul, résoudre tous les défis de l’arbitrage marocain. Plusieurs chantiers restent ouverts. La formation continue demeure essentielle afin de hisser le niveau technique et physique des officiels aux standards internationaux. L’usage de la VAR, encore perfectible dans sa mise en place et son interprétation, doit être amélioré pour renforcer la crédibilité des décisions. Enfin, la dimension psychologique reste cruciale: il s’agit d’armer les arbitres face aux pressions, qu’elles proviennent des tribunes, des clubs ou encore des médias.

Cette réforme pose les bases, mais le chemin vers un arbitrage professionnel et respecté reste long.

Par Salah Mghani
Le 17/09/2025 à 13h21