Il y a des équipes qui portent leur histoire comme un poids, et d’autres qui en font une promesse. Le Mali oscille depuis des décennies entre ces deux états, comme si cette sélection vivait en permanence au bord d’une métamorphose. À chaque CAN, les Aigles arrivent armés de talent, d’espoirs, d’élan. Et pourtant, le sommet continental leur échappe toujours. Mais en 2025, au Maroc, quelque chose semble différent.
Les dix participations consécutives témoignent de la constance du Mali dans l’élite africaine. Rarement absent, souvent séduisant, jamais champion. C’est là que se joue la singularité malienne: une nation capable de se hisser régulièrement dans les derniers tours, mais qui peine à briser le plafond de verre qui la sépare du sacre. Tom Saintfiet, le sélectionneur belge, n’a pas fui cette réalité: «Pour nous, le minimum, c’est une demi-finale», affirme-t-il. Un discours direct et révélateur d’une nouvelle mentalité. Le Mali n’est plus venu pour faire un beau parcours. Il est venu pour s’imposer.
Un héritage imposant
Pour comprendre ce Mali 2025, il faut revenir à ce 5 mars 1972, érigé en mythe national: une finale perdue contre le Congo (3-2). Cette génération portée par Salif Keita avait laissé croire à une ère nouvelle. Mais le trophée ne reviendra jamais à Bamako. Depuis, le Mali avance en oscillant entre éclaircies et rendez-vous manqués. Il y a eu la CAN 2002 à domicile, les aventures intenses de 2012 et 2013, les performances éclatantes en jeunes, les individualités brillantes comme Seydou Keita, Kanouté ou Diabaté… mais jamais la consécration ultime.
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Cette CAN 2025 n’efface pas les cicatrices, mais elle donne un nouvel angle: celui d’une équipe qui a enfin la maturité pour viser haut, sans s’en excuser.
Une campagne qualificative qui sert de déclic
Les chiffres parlent d’eux-mêmes: 14 points, invaincu, une défense quasi infranchissable (1 but encaissé), une attaque efficace quand il le fallait (10 buts marqués). Mais au-delà des statistiques, c’est l’impression de maîtrise qui a frappé les observateurs. Ce Mali-là ne s’est pas laissé surprendre. Il a joué avec calme, rigueur et continuité.
Saintfiet a su imposer un cadre précis, une discipline collective que cette équipe n’avait pas toujours tenue dans le passé. Les joueurs ont adhéré, sans résistance, car ils avaient besoin de structure. Ce changement d’attitude, presque invisible pour certains, est fondamental pour expliquer la confiance actuelle.
Le retour d’Hamari Traoré dans le vestiaire a également marqué un tournant. Le capitaine, longtemps en froid avec la fédération, incarne aujourd’hui la stabilité retrouvée. Sa présence galvanise les jeunes et sécurise les anciens. Dans une CAN, le leadership compte presque autant que le talent.
Tom Saintfiet, le point d’équilibre
L’homme venu de Belgique est devenu l’architecte de cette nouvelle ère. Saintfiet n’a pas révolutionné le jeu, il l’a clarifié. Son Mali n’est pas flamboyant, mais il ne triche jamais. Il défend ensemble, relance ensemble, attaque en bande. Il alterne entre 4-2-3-1 et 4-3-3 selon les forces adverses, sans jamais imposer un système figé.
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Surtout, il a compris l’atout majeur du Mali: son milieu de terrain. Avec Bissouma, véritable maître à jouer, Camara le récupérateur infatigable, Haïdara et Dieng comme options capables de transformer l’équipe en bloc compact ou en machine à projection, le Mali possède un cœur stratégique que beaucoup lui envient.
Devant, Kamory Doumbia, Sinayoko ou Dorgeles incarnent la créativité, l’imprévu, la percussion. Saintfiet sait que le Mali ne gagnera pas en jouant uniquement la prudence. Il a donc donné les clés à ces joueurs pour qu’ils expriment leur vitesse, leur instinct, leur goût du duel.
Dans ce dispositif, chaque pièce semble enfin placée au bon endroit.
Le groupe A: un test grandeur nature
Le Mali n’a pas été épargné: le Maroc, hôte et favori ; la Zambie, championne 2012 qui joue sans complexe ; les Comores, formation imprévisible.
Saintfiet analyse avec lucidité: «La première place peut changer beaucoup de choses. Le calendrier est favorable au leader. Nous devons gérer intelligemment nos matchs contre les Comores et la Zambie».
L’entraîneur n’hésite pas à évoquer la possibilité qu’un nul face au Maroc puisse suffire, mais prévient ses joueurs : la CAN se gagne sur la gestion, pas seulement sur les exploits.
Ce groupe offre également une symbolique forte: le Maroc et le Mali ont une longue histoire sur la scène continentale. Leur affrontement du 26 décembre pourrait être l’un des sommets du premier tour.
Les défis qui décideront du destin malien
Briser enfin le mur psychologique sera l’un des plus grands défis du Mali, une sélection qui a souvent trébuché au moment d’armer le coup final et qui devra cette fois afficher une concentration de chaque instant, portée par des leaders capables de tenir la baraque dans les moments brûlants.
Le Mali arrive au Maroc avec un mélange rare de talent, de maturité et d’ambition. Cette équipe respire la cohérence, la stabilité et la confiance. Saintfiet a annoncé la couleur: demi-finales minimum. Les Aigles n’ont plus l’intention de planer à mi-hauteur. En 2025, ils veulent déployer leurs ailes… et viser, pour la première fois, le sommet du continent.
LA LISTE DES CONVOQUÉS:
Gardiens: Djigui Diarra (Young Africans - Tanzanie), Ismaël Diawara (IK Sirius - Suède), Mamadou Samassa (Laval - France).
Défenseurs: Sikou Niakaté (Braga - Portugal), Abdoulaye Diaby (Grasshopper - Suisse), Woyo Coulibaly (Sassuolo - Italie), Fodé Doucouré (Le Havre - France), Hamari Traoré (Paris FC - France), Nathan Gassama (Baltika Kaliningrad - Russie), Mamadou Fofana (New England Revolution - Etats-Unis), Ousmane Camara (Angers - France), Amadou Dante (Arouca - Portugal).
Milieux de terrain: Amadou Haidara (Leipzig - Allemagne), Lassana Coulibaly (Lecce - Italie), Mohamed Camara (Al-Sadd - Qatar), Mamadou Sangare (Lens - France), Aliou Dieng (Al Ahly - Egypte), Yves Bissouma (Tottenham - Angleterre), Mahamadou Doumbia (Al-Ittihad - Arabie saoudite), Ibrahima Sissoko (Bochum - Allemagne).
Attaquants: Nene Dorgeles (Fenerbahçe - Turquie), Gaoussou Diarra (Feyenoord - Pays-Bas), Mamadou Camara (Laval - France), Kamory Doumbia (Brest - France), El Bilal Touré (Besiktas - Turquie), Mamadou Doumbia (Watford - Angleterre), Lassine Sinayoko (Auxerre - France), Gaoussou Diakité (Lausanne - Suisse).

LE PROGRAMME DES MATCHS:
Lundi 22 décembre 2025
Mali-Zambie (15h)
Vendredi 26 décembre
Maroc-Mali (21)
Lundi 29 décembre
Mali-Comores (20)
LA FICHE DU MALI:
Sélectionneur: Tom Saintfiet
Capitaine: Hamari Traoré
Nombre de participations: 14
Meilleure performance: finaliste en 1972
Surnom: les Aigles












