Les dates FIFA ravivent l’intérêt des passionnés du football marocains pour leur équipe nationale. Il est vrai que l’enthousiasme pour les Lions de l’Atlas n’a jamais faibli, même aux heures les plus sombres de la sélection. Le temps s’arrête lorsqu’il s’agit de l’équipe du Maroc. La qualité de la prestation des Marocains lors de ces matchs est, pour la plupart des observateurs, un indicateur du niveau du football dans le pays. Depuis Qatar 2022, cet intérêt a grandi et les attentes du public sont à la hauteur de la joie ressentie lors de la qualification en demi-finale du dernier mondial.
Ce n’est pas tout: depuis 2022, une autre sélection marocaine a particulièrement brillé, celle des U23. Elle s’est illustrée à deux reprises, lors de la CAN, qu’elle a brillamment remportée, et lors des Jeux Olympiques, avec une médaille de bronze largement méritée. Les vedettes de la Coupe du Monde, les révélations de l’équipe des moins de 23 ans et les nouvelles recrues forment un vivier impressionnant. Leurs qualités ont convaincu même les plus pessimistes des supporters. Les joueurs nationaux ont du talent et évoluent tous à un niveau appréciable. Certains d’entre eux vivent au quotidien dans les meilleurs clubs d’Europe. Il suffit de citer, pour s’en convaincre, des clubs comme le Real Madrid, le Bayern de Munich, Manchester United, Bayer Leverkusen ou le Paris Saint-Germain. Les voir à l’œuvre est une aubaine et une occasion à ne pas rater.
Deux matchs sont au programme au cours des prochains jours, tous les deux face à la sélection de la République Centrafricaine et ont pour cadre des éliminatoires de la prochaine Coupe d’Afrique des Nations prévue en 2025 au Maroc. Ils sont prévus à Oujda, décrétée capitale du football marocain pour deux semaines. C’est une excellente décision de la FRMF qui organise les deux matchs: l’un en qualité d’équipe jouant à domicile et l’autre en tant que mandataire de la Fédération Centrafricaine de Football. Cette dernière, toujours en attente de validation de son terrain, a choisi le Maroc pour recevoir ses adversaires. Elle bénéficie d’une convention de coopération avec la fédération marocaine qu’elle active selon ses besoins.
Le choix d’Oujda ravive chez les plus anciens d’entre nous de beaux souvenirs. Le principal club de la ville, le MCO, fait partie des clubs mythiques du pays. Il était très suivi au cours des années 70 et très apprécié pour la qualité de son football, toujours porté sur le spectacle et le jeu offensif. Le monde du football se souvient de l’élégance d’un Kamal Smiri et de l’efficacité d’un Abdelkader Lecheheb, un attaquant hors pair qui est passé par le MCO avant de rejoindre le Wydad et d’avoir une belle carrière diplomatique; il était ambassadeur du Maroc à Moscou lors de la Coupe du Monde 2018. D’autres grands joueurs ont marqué l’histoire d’Oujda et du football marocain: l’infatigable milieu de terrain Mohamed Filali et son jeune frère, l’excellent défenseur Filali Mbarek, avant l’éclosion, 20 ans plus tard, de l’international Rachid Nekrouz.
Le MCO, c’était aussi une école et une passion. On ne peut pas évoquer Oujda sans se souvenir de son président légendaire feu Mostafa Belhachmi. Il fait partie des plus grands présidents de clubs de l’histoire du Maroc, dont il a écrit plusieurs pages. Son nom est intimement lié au club qu’il a présidé pendant 39 ans, de 1949 à 1988, contre vents et marées. Les moyens étaient limités à l’époque et Oujda était éloigné des autres villes marocaines. Il fallait assurer les déplacements, les primes et la formation des jeunes. La montagne de soucis qu’il rencontrait chaque semaine ne l’a pas empêché de faire du MCO une référence en matière de beau jeu et de spectacle. Le MCO a également un palmarès: champion en 1975, il détient également quatre Coupes du Trône.
En choisissant Oujda, la fédération a fait un excellent choix. La ville a été le porte-drapeau du sport oriental pendant de longues années. Une position perturbée par la percée fulgurante de la Renaissance Sportive de Berkane, une aubaine pour la région. La compétition génère toujours de la valeur.
Mais si la fédération a eu le nez creux, on ne peut pas dire que l’écosystème du football ait suivi. Les agences de voyages, l’ONCF et les hôtels de la région n’ont pas levé le petit doigt pour faire connaître cette belle région. Oujda, qui est aussi une référence du rugby national avec le MCO, l’USO, Benazzi et les frères Hamdi n’a pas su transformer l’essai.
Depuis que la région est connectée au réseau routier national, Oujda et sa région sont devenues très accessibles; nous sommes loin des années 90 lorsque seuls les Algériens considéraient qu’Oujda était une destination touristique. La ville a depuis gagné ses lettres de noblesse. Le Maroc s’apprête à organiser la CAN 2025, cinq Coupes du Monde des U17 féminines et surtout la Coupe du Monde 2030; il faut développer de nouveaux réflexes pour accompagner cette dynamique sur le plan sportif mais aussi économique et savoir saisir les opportunités. Le stade d’Oujda n’aura pas besoin de supporters venus d’ailleurs pour se remplir; l’engouement autour de l’équipe nationale est une motivation suffisante, mais la ville mérite d’être connue et visitée.