L’arbitrage, maillon faible du football professionnel

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ChroniqueLe football pardonne les maladresses d’un attaquant ou les errements d’un défenseur, alors qu’elles influencent pourtant beaucoup plus fréquemment le sort et le résultat d’un match qu’une décision arbitrale inappropriée.

Le 07/02/2025 à 22h18

Les controverses entourant l’arbitrage sont fréquentes dans le monde du football. Chaque journée de championnat ou de Coupe, partout dans le monde, apporte son lot d’erreurs d’arbitrage, de réclamations formulées et de ressentiments exprimés à travers divers médias et réseaux sociaux par les supporters, les journalistes et les dirigeants.

Les arbitres, pourtant les moins bien payés du microcosme du football, sont souvent au centre des critiques. Ceux à l’origine des plus gros scandales sont d’ailleurs plus célèbres que les autres.

Le football pardonne les maladresses d’un attaquant ou les errements d’un défenseur, alors qu’elles influencent pourtant beaucoup plus fréquemment le sort et le résultat d’un match qu’une décision arbitrale inappropriée.

Un arbitre qui favorise une équipe au détriment d’une autre à travers un jugement erroné est immédiatement accusé de favoritisme, d’être sous influence ou, pire, de corruption. Il ne vient à l’idée de personne de considérer qu’il est simplement mauvais ou incompétent. Le jugement est sans appel.

En revanche, le footballeur maladroit bénéficie de la présomption d’innocence. Il sera sifflé et invité à rejoindre le vestiaire par le public pour mauvaise prestation, mais il sera rarement traité de vendu. Pourtant, historiquement, les cas de corruption dans le football ont autant concerné les arbitres que certains joueurs véreux.

Le football, sport populaire par excellence, est né avec la révolution industrielle de la fin du XIXe siècle. C’est devenu depuis une sorte de religion universelle avec ses rituels, son côté mystique, ses temples représentés par des stades de plus en plus beaux, de plus en plus grands, où convergent les jours de matchs les fidèles, incarnés par les supporters souvent habillés de costumes rituels, dans ce cas les tenues des équipes supportées.

Bien souvent, ce lien avec la foi religieuse se manifeste sur le terrain. À l’entrée des joueurs ou pour célébrer un but, beaucoup d’entre eux font le signe de la croix, pour ceux de confession chrétienne, ou tendent les paumes de la main ou s’agenouillent en évoquant Allah Tout-Puissant pour les musulmans.

Les règles du football sont pourtant simples, elles sont au nombre de 17. Elles ont été élaborées par de jeunes étudiants d’écoles privées du Sud de l’Angleterre. Elles sont toujours d’actualité, même si l’arbitrage a beaucoup évolué.

Ces règles, obligatoires pour les rencontres officielles, concernent la dimension du terrain de jeu, le ballon, le nombre de joueurs, leur équipement (chaussures, chaussettes, short et maillot), la durée du match (90 minutes : 2 mi-temps de 45 minutes chacune), etc. Elles ont été écrites il y a plus de 150 ans.

Par contre, l’arbitrage a évolué, sans pour autant convaincre par des décisions incontestables. Pendant longtemps, cette fonction était prise en charge par les joueurs eux-mêmes. C’était facile, il suffisait d’appliquer les règles. Les différences d’interprétations et les enjeux ont mis fin à cette gestion «fair-play».

La désignation d’un arbitre neutre s’est progressivement imposée. Cette neutralité n’étant pas évidente, il a fallu créer rapidement, à l’initiative de la FIFA, des comités d’arbitrage chargés de désigner les arbitres, de contrôler leurs performances et de les sanctionner le cas échéant.

L’évolution du jeu a obligé la FIFA à mettre en place d’autres règles et outils. Pour limiter la violence et les mauvais comportements des joueurs, la FIFA a introduit les cartons jaunes et rouges. C’était en 1970, une année charnière pour le football mondial.

Année de Coupe du Monde elle a été déterminante dans l’évolution et l’universalité du football mondial. Pour la première fois, tous les continents étaient représentés. L’Afrique et l’Asie avaient droit à un représentant officiel et la compétition était enfin retransmise dans le monde entier.

En 1966, seule la finale a pu être captée partout. C’est aussi l’année des premières répétitions vidéo à la télévision.

La technologie a radicalement transformé le football. La VAR (assistance vidéo à l’arbitrage), instaurée depuis 2018, permet de revoir les actions litigieuses. Pourtant loin de réduire les polémiques, elle les a amplifiées.

La récente affaire impliquant le Français Kylian M’bappé, victime présumée d’un acte d’agression caractérisé non sanctionné, illustre cette dynamique. En effet le Président du Réal Madrid vient d’exiger la divulgation des échanges audios entre l’arbitre et la VAR, menaçant de porter l’affaire devant la justice en cas de refus.

On plonge vers l’inconnu ! Le football a pris l’habitude de régler ses problèmes en famille, l’exaspération des dirigeants devant l’absence de réactivité des instances sportives risque de transférer les solutions vers la justice civile.

Ce n’est bon pour personne, surtout si l’on considère que chaque équipe peut estimer avoir un jour ou l’autre été victime d’arbitrage défaillant.

Le problème doit être pris au sérieux. Une des options, proposée par le projet de Super League, encore porté par le Réal et le Barça, est de professionnaliser le métier. C’est compliqué mais on peut déjà commencer par améliorer de façon substantielle les indemnités des arbitres.

Introduire la transparence et améliorer la communication avec un passage des arbitres en conférence de presse. Avoir à expliquer les décisions influe sur la responsabilisation. L’arbitrage ne doit plus être le maillon faible du football, il y va de son avenir.

Par Larbi Bargach
Le 07/02/2025 à 22h18

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