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Le football mondial à l’heure de l’intelligence artificielle

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Cette addition d’intelligences est nécessaire pour que la chimie opère. Ce n’est pas suffisant non plus, il faut un entraîneur pour mettre en place les conditions de ce collectif à travers les données dont il dispose et une multitude de renseignements qu’il a pu obtenir de son staff. Tout doit être maitrisé: les aptitudes et la forme de ses joueurs et celles des joueurs de l’équipe adverse.
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Le football est un jeu collectif basé sur des stratégies et des tactiques. Feu Abdelkhalek Louzani, l’ancien entraîneur de l’équipe nationale, disait que le football «c’est de la géométrie dans l’espace». Il n’avait pas tort, il faut parfois une vue aérienne pour comprendre l’influence d’une passe ou d’un contrôle orienté sur la rupture d’une forteresse défensive.

Le football, c’est une affaire de joueurs talentueux, de talents intelligents et de travail. C’est aussi une fusion entre le joueur qui adresse la passe et celui qui la reçoit. La force physique, les exploits individuels et les capacités techniques ne suffisent pas. Il faut de l’intelligence, c’est-à-dire la capacité d’analyser une situation rapidement et lui trouver la solution adéquate, utile et efficace.

En plus d’être doué, le joueur doit avoir une grande capacité d’abstraction pour imaginer et concevoir une passe dirigée vers un point B, au milieu d’une panoplie d’adversaires, alors que le coéquipier, à qui elle est destinée, se trouve encore au point A. Cette capacité doit être partagée avec le bénéficiaire de la passe, qui doit au moins l’anticiper et même la provoquer par un appel de balle.

Cette addiction d’intelligences est nécessaire pour que la chimie opère. Ce n’est pas suffisant non plus, il faut un entraîneur pour mettre en place les conditions de ce collectif à travers les données dont il dispose et une multitude de renseignements qu’il a pu obtenir de son staff. Tout doit être maitrisé: les aptitudes et la forme de ses joueurs et celles des joueurs de l’équipe adverse.

Le métier d’entraîneur a changé. Le staff technique composé, il y a quelques années, d’un entraîneur, un entraîneur adjoint, un préparateur physique, un chargé de matériel et d’un médecin, est doté aujourd’hui d’un organigramme de 30 à 50 personnes. De nouveaux acteurs se sont rajoutés avec des entraîneurs dédiés à chaque poste, des kinésithérapeutes, des responsables vidéos, le coach mental, le nutritionniste, etc. Certains joueurs, les plus prometteurs, bénéficient, en plus de la structure technique de leurs clubs d’un staff dédié. Il est en général validé par le club et a pour mission de les accompagner au quotidien. L’extra-sportif aussi est pris en charge.

Le Real Madrid ou le Bayern Munich, lorsqu’ils se sont déplacés au Maroc à l’occasion des trois Coupes du Monde des clubs organisées par le pays, ont été accompagnés, et parfois précédés par près de 200 personnes, pour gérer transport, séjour et déterminer les lieux d’entraînements, les objectifs marketing et communication, etc. Dans un souci de gestion des détails, même les chambres à attribuer aux joueurs sont choisies en coordination avec les différents responsables des hôtels de séjour. Ce sont des milliers d’informations et de données qu’il faut gérer et analyser et dès qu’il s’agit de traitement de données ou data, l’informatique n’est jamais loin.

Certains clubs ont pris le devant pour en exploiter les éventuels avantages. Liverpool, par exemple, avec Jurgen Klopp en qualité d’instigateur. C’est un grand amateur d’innovations tactiques. Il a été aidé par un supporter du club initiateur d’une startup ayant pour nom DeepMind. Elle a été rachetée depuis par Google. Ils ont étudié, avec l’aide de 5 experts désignés par Liverpool, toutes les combinaisons possibles pour attaquer ou défendre lors d’un corner. Les résultats sont spectaculaires et ont fait l’objet d’une présentation le mois dernier.

Ils ont développé un outil assistant dénommé «TacticAI» dont le rôle est de proposer la combinaison idéale à mettre en place pour exploiter les corners. Dans 90% des cas les experts ont privilégié la solution proposée par «TactiAI», c’est dire son niveau d’efficacité. L’expérience n’en est qu’à ses balbutiements, elle devra être testée lors des matchs et sur d’autres situations de jeu. D’autres types de coups de pieds arrêtés par exemple.

C’est tout de même une révolution dont il faudra tenir compte, mais avec beaucoup de prudence. Le charme du football réside dans la créativité et le génie des joueurs, il ne faut pas l’oublier.

L’Intelligence artificielle est déjà très présente dans le football moderne avec la technologie des objets connectés. C’est le cas de la Goal Line Technologie et d’autres. Elle a toute son importance également dans le suivi de la santé des sportifs. Il faut bien traiter l’ensemble des données récoltés sur un athlète pour lui fournir un programme spécifique d’entraînement qui tienne compte de ses aptitudes, de sa taille, son poids, sa vitesse et sa masse musculaire.

Un autre domaine dans lequel la technologie prend de plus en plus d’importance, c’est celui de la vidéo. Les séances de vidéos sont aujourd’hui fréquentes et toutes les grandes équipes disposent d’analystes-vidéo capables de concocter des films sur les matchs précédents pour corriger quelques erreurs et revoir celles des adversaires.

Les grandes équipes sont dotées de matériels très performants capables de filmer en 3D pour voir le match dans sa réalité complète, c’est-à-dire sous tous les angles possibles. Elles sont filmées avec des caméras 5K, ce qu’il se fait de mieux en termes de la résolution, afin de bien décrypter les phases de jeu et les possibilités qu’elles ont offertes. Le joueur peut alors visualiser tout ce qu’il aurait pu faire et développer son imagination lorsqu’une situation similaire se présentera à nouveau.

Dans certains cas, on place des capteurs dans les chaussettes ou les chaussures des joueurs pour mesurer leurs performances et identifier les pistes pour les améliorer.

Les fabricants d’équipements sportifs innovent aussi. Les chaussures sont redessinées pour optimiser le contact avec le ballon. Les crampons sont disposés en fonction des qualités et du poste du joueur. Celui qui fait des déplacements plutôt latéraux n’aura pas la même chaussure que celui qui sprinte tout droit. On va lui adapter les crampons et les positionner différemment pour faciliter son style de jeu. Le tout vise à permettre au joueur d’avoir une véritable stabilité en fonction de sa taille et de son style.

L’arbitrage, enfin, a déjà changé avec la VAR, et le dessin de lignes fictives destinées à trancher les situations litigieuses. Pourtant, les polémiques n’ont pas disparu. C’est la limite du progrès, il ne résout pas tout, mais pousse toujours ses partisans à innover davantage.

Par Larbi Bargach
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