Le football africain est en deuil après le tragique décès d’un jeune supporter du Mouloudia Club d’Alger (MCA), survenu à la suite de violences lors du match contre l’US Monastir (2-0), comptant pour le deuxième tour préliminaire de la Champions League de la CAF. Âgé de 23 ans, ce fan aurait succombé à ses blessures après une chute depuis les tribunes du stade Ali Ammar de Douéra. Le drame éclaire non seulement les graves lacunes en matière de sécurité et d’organisation lors d’événements sportifs en Algérie, mais attire aussi l’attention sur la répression féroce des forces de l’ordre en Algérie.
En effet, la rencontre s’est déroulée dans une ambiance chaotique, marquée par l’intervention violente de la police et de la gendarmerie algériennes contre les supporters locaux. Avant même le coup d’envoi, des tensions ont éclaté à l’extérieur du stade, où de nombreux spectateurs munis de leurs tickets ont été interdits d’entrer. La situation a déclenché des heurts avec les forces de sécurité, qui ont rapidement dégénéré en véritables affrontements, illustrant les craintes persistantes des autorités face à chaque rassemblement de masse depuis les événements du Hirak. Ce mouvement populaire, pourtant pacifique, qui a secoué le pays à partir de 2019, a été provoqué par un ras-le-bol général face à un système militaro-politique jugé corrompu et autoritaire et un appel à une gouvernance civile.
Les manifestations pacifiques, qui se déroulaient souvent le vendredi, ont été largement réprimées par une junte sur les nerfs, anxieuse d’éviter un retour aux mobilisations massives. Cette peur se ressent aujourd’hui dans des événements sportifs, où la passion pour le football est constamment muselée par des mesures de sécurité draconiennes.
La peur des rassemblements par le régime d’Alger a poussé à la mobilisation non seulement de la police et des forces anti-émeutes, mais également de la gendarmerie, un corps qui relève de l’armée.
Les images des violences survenues lors de la rencontre, notamment celles de supporters du MCA saccageant une partie des installations ou de jeunes tabassés de façon manifestement sadique par les forces de l’ordre, montrent à quel point la situation peut dégénérer dans un pays où le moindre rassemblement est synonyme de danger. Il faut toujours garder à l’esprit que l’Algérie, autoproclamée championne de la cause palestinienne, est le seul pays au monde où les manifestations propalestiniennes sont interdites.
Ce climat de violence n’est pas nouveau, mais il s’est intensifié ces dernières années. Les supporters, qui considèrent le football comme une soupape leur permettant de s’exprimer, se heurtent à des mesures de répression croissantes. Les autorités, craignant que les stades, seul lieu où les groupements sont encore autorisés, ne deviennent des points de rassemblement pour des revendications sociales, renforcent les contrôles, les interventions policières et adoptent une attitude outrageusement répressive.
Évidemment, ce tragique événement n’a pas été rapporté par le presse officielle algérienne, pourtant d’une extrême réactivité dès qu’il s’agit de nuire à l’image du Maroc. De la même manière, cette presse préfère ignorer les milliers de morts algériens en Méditerranée qui cherchent à rejoindre l’Espagne. Rien qu’en 2024, plusieurs dizaines de milliers de haraga fuient l’Algérie et prennent le chemin périlleux vers les côtes espagnoles. Nombre d’entre eux périssent en mer sans qu’une presse algérienne honteuse n’ait un mot à leur égard. Oui, cela fait désordre, dans un pays riche en pétrole et en gaz, de voir des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants préférer risquer de mourir en mer que de rester en Algérie.