La nouvelle formule de la Ligue des champions, lancée cette saison, avait pour objectif de satisfaire les opérateurs télé en manque d’affiches spectaculaires lors de la phase de poules et de répondre aux désidératas des clubs européens à la recherche de nouvelles sources de revenus. Cette nouvelle formule a été durement critiquée pour le manque de visibilité qu’elle offrait et la multiplication des matchs qu’elle proposait. Les équipes barragistes, c’est-à-dire celles qui seront classées entre la 9ème et la 28ème place, devront jouer 10 matchs au lieu de 6, comme lors de la précédente saison, pour espérer une qualification en 1/8 de finale.
C’est pénalisant pour les grosses cylindrées dont la majorité des joueurs sont titulaires dans leurs équipes nationales respectives. La sourde rivalité qui existe entre la FIFA et l’UEFA va se traduire par une multiplication des matchs pour les principaux et meilleurs joueurs du monde. Cette année, avec l’Euro et la Copa América, les joueurs des grands clubs n’ont pratiquement pas bénéficié de repos, et le peu de vacances obtenues a été consommé sur la préparation à la nouvelle saison. On ne peut pas jouer à un très haut niveau sans un travail physique pour les joueurs et un ajustement collectif avec l’entraîneur et son staff. Ce travail a manqué cette année et il manquera encore plus la saison prochaine à cause de la Coupe du Monde des clubs et, en 2026, avec la Coupe du Monde prévue aux États-Unis, au Canada et au Mexique.
Le public, toujours avide d’émotions et de compétitions, ne se sent pas concerné. Ce qui l’intéresse, c’est le spectacle et les résultats. C’est une préoccupation des entraîneurs et des présidents de clubs. C’est inquiétant de savoir que ce n’est pas une crainte pour l’UEFA et la FIFA, qui sont à la recherche de nouvelles sources de revenus et de nouvelles compétitions rémunératrices.
Lire aussi : Real Madrid: Brahim Diaz fixé ce vendredi sur sa blessure
Sepp Blatter, 88 ans, ancien président de la FIFA entre 1998 et 2015, vient, avec son hypocrisie légendaire, de déclarer dans une interview publiée sur le site «Watson» que la gestion basée sur la seule création de richesse constitue un danger pour le football. Il a ajouté: «J’ai fabriqué un monstre». Il a peut-être raison, mais force est de constater que le football se porte beaucoup mieux sans lui.
Cette frénésie de compétitions et la multiplication des matchs qui l’accompagne ont provoqué un déluge de blessures. Deux clubs sont particulièrement affectés: Manchester City et le Real Madrid. Ils ont participé aux quatre dernières finales de Ligue des champions et en ont remporté trois. Ils sont entraînés par les deux coachs les plus célèbres du football mondial, Guardiola et Ancelotti, et disposent des deux joueurs pressentis il y a encore une ou deux années comme les successeurs de Messi et Cristiano. Cela ne les empêche pas d’être en danger car les résultats qu’ils enregistrent préoccupent. Le Real a perdu face à Lille, l’AC Milan à domicile et Liverpool, dont il était devenu la bête noire. C’est inhabituel pour le club des remontadas. Manchester City, l’autre géant du football européen de ces dernières années, n’est pas mieux loti avec une défaite surprenante face au Sporting du Portugal (4-1) et deux nuls face à l’Inter et surtout face à Feyenoord (3-3), alors qu’ils menaient 3-0 à un quart d’heure de la fin. C’est du jamais vu pour leur entraîneur Pep Guardiola. Il y a toujours une explication aux défaites ; celle des blessures en est une, mais elle n’est pas suffisante. C’est pourquoi il faut s’attendre à un réveil des clubs en question.
Lire aussi : Eliesse Ben Seghir lucide après la défaite contre Benfica
C’est tout bénéf pour la nouvelle formule de la Ligue des champions. Elle séduit un large public. Ce n’était pas acquis a priori compte tenu de la complexité de son organisation. Mais le niveau du spectacle est tel que les critiques se font plus rares. Le fait de jouer un seul match et non en aller-retour a libéré les équipes en déplacement. Les belles affiches se sont multipliées, avec des finales avant l’heure rarement programmées à ce niveau de la compétition ; les résultats et les surprises se sont accumulés, donnant à la compétition un attrait supplémentaire. Le classement à l’issue de cinq journées de compétition permet d’entrevoir des matchs de barrages succulents entre des clubs aussi prestigieux que le Bayern Munich, l’Atlético Madrid, le Paris Saint-Germain, Manchester City ou le Real Madrid. Le champion sortant et son prédécesseur sont en zone grise et risquent, s’ils ne redressent pas la barre, de sortir prématurément. C’est également la promesse de belles affiches en 1/8 de finale. On n’en est pas encore là car avec le rythme des blessures, les clubs de l’élite seront peut-être méconnaissables lorsqu’ils auront à s’affronter.