Le dilemme de Walid Regragui

Le sélectionneur national, Walid Regragui

ChroniqueLa liste de Walid Regragui fait sortir ses premiers enseignements, où deux tendances apparaissent: une volonté de continuité logique et un brin de nouveauté.

Le 28/08/2025 à 15h00

Walid Regragui a pris son cachet d’aspirine, son téléphone et puis a couché des noms sur une feuille de papier. Finalement, ils seront 27 Lions de l’Atlas à figurer sur la liste des convoqués pour affronter le Niger à domicile, puis la Zambie en déplacement, dans le cadre des éliminatoires du Mondial 2026.

Le sélectionneur national a, de nouveau, dû jongler dans ses choix logiques, avec des joueurs compétitifs et d’autres en manque de temps de jeu et qui attendent l’offre qui leur permettra de rebondir ailleurs.

Le timing des dates FIFA de septembre n’est jamais le plus agréable pour certains sélectionneurs. Walid Regragui fait partie de ceux-là. Sa liste correspond à un raisonnement hybride, mêlant affect et compétitivité.

L’exemple le plus éloquent concerne le cas Ounahi. Convoqué sans bénéficier de temps de jeu, l’actuel lofteur de l’OM bénéficie d’un crédit quasi-illimité auprès de Regragui. D’ailleurs, le milieu de terrain fait partie des «récividivistes». En août 2024, il avait déjà bénéficié de ce passe-droit, puisqu’il avait déjà été appelé alors que Marseille l’avait écarté après un bras de fer mémorable avec son Directeur sportif.

Douze mois plus tard, rebelote: le «placardisé» Ounahi attend un éventuel transfert à Girona et le sélectionneur lui tend à nouveau la main. Sera-t-il potentiellement titulaire devant le Niger malgré son temps de jeu nul? Walid l’utilisera-t-il comme en septembre 2024 en tant que joker? Seule la semaine de préparation, les sensations du joueur et le feeling du sélectionneur en décideront.

Si Regragui considère Ounahi comme faisant partie de sa garde prétorienne, d’autres éléments ont aussi fait l’objet d’un appel du pied. Ilias Akhomach fait partie de ces coups de cœur du technicien. Après une saison quasi-blanche, l’ailier est entré en cours de jeu, au cours des deux matchs de Villarreal en Liga. Akhomach bénéficie d’une motion de confiance à un poste où la concurrence sera rude avec la présence de Brahim Diaz et Chemsdine Talbi.

La première de Neil El Aynaoui avec les Lions de l’Atlas était un secret de polichinelle. Après moult réflexion, l’actuel médian de la Roma a enfin fait son choix. Son profil différent, ses qualités de joueur box-to-box et son inlassable activité au milieu devrait apporter ce brin d’énergie à l’entrejeu marocain. Sera-t-il, pour autant, lancé dans le bain dès vendredi prochain devant le Niger? Devra-t-il attendre son moment sagement sur le banc de touche? Les cartes sont entre les mains du patron de la sélection, mais si la logique sportive est mise en valeur, le nouveau romanista pourrait connaître sa première cap dans la ville natale de son illustre papa.

Cette liste remet également sur le tapis le chantier de la défense avec deux interrogations: Quel défenseur central va accompagner Nayef Aguerd? Et quel latéral gauche sera titularisé en lieu et place de Mazraoui out pour cette date FIFA?

Visiblement, Walid a choisi de faire du neuf avec du vieux, au moins concernant la charnière. Le retour de Dari et la confirmation de l’attelage El Yamiq/Masina font partie de ce raisonnement.

À gauche, Belaammari est en jambes comme il l’a prouvé au CHAN, tandis qu’El Karouani effectue son retour, quatre ans après avoir respiré l’air de Maâmora, sous l’ère de Vahid Halilhodzič. Le premier nommé jouit de la confiance de Walid Regragui. Normalement, il devrait partir avec une longueur d’avance avec son concurrent direct. Ce dernier devra vaincre la timidité qui l’avait caractérisé lors de ses premières sélections du temps du prédécesseur de coach Walid. A moins que ce dernier ne fasse comme à San Pedro, où Mohamed Chibi avait joué à gauche.

Voici, en substance, les premiers enseignements d’une liste où deux tendances apparaissent: une volonté de continuité logique pour un sélectionneur qui respecte son groupe Alpha, et un brin de nouveauté avec pour leitmotiv, la forme du moment ou le désir de tester tel ou tel profil.

La réalité des premières séances d’entraînement, le contact direct avec les nouveaux venus seront déterminants à l’heure des choix décisifs. Et si au moment d’établir sa liste, Walid Regragui a certainement dû fredonner la chanson de Gilbert Bécaud «et maintenant, que vais-je faire?», il aura pour obligation, le vendredi 5 septembre 2025 dans un Complexe Moulay Abdellah flambant-neuf, de crier haut et fort «Eureka!»

Par Amine Birouk
Le 28/08/2025 à 15h00