Dans les rangs des supporters, certains n’ont pas vraiment été emballés par le rendu des troupes du capitaine Achraf Hakimi, et n’ont surtout pas compris les réactions du sélectionneur national lors de ses interviews post-match.
Hoalid Regragui est un personnage clivant. Sa communication est à géométrie variable, ses états d’âme et son langage corporel sont liés intimement au rendement de ses équipes respectives. Lors de ses dernières sorties post-match contre le Niger et la Tanzanie, le sélectionneur s’est fendu de quelques punchlines qui n’ont laissé personne indifférent.
Certaines étaient adressées à ses joueurs, leur rappelant «que les places de titulaires ne sont pas garanties, et que les cartes seraient redistribuées», d’autres étaient totalement liées au comportement exemplaire du public oujdi comparativement selon lui à celui d’autres villes.
Enfin après le match contre les Taifa Stars mardi, Regragui a envoyé un direct au menton de ses possibles détracteurs, concernant la qualification presque acquise au Mondial, comparativement au fond de jeu entrevu lors de cette sortie.
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Au crédit de Hoalid, les chiffres sont têtus: jamais le Maroc ne s’est qualifié pour trois coupes du monde d’affilée. Cet horizon historique est à 99% dans la poche. Sur les 11 derniers matchs, la sélection a compilé dix victoires pour un seul nul avec une attaque qui carbure au super sans plomb et une défense solide.
Ces statistiques semblent indiquer que les Lions de l’Atlas disposent d’une arrière-garde de fer, et une attaque d’enfer. Et pourtant, le dernier rassemblement selon certains esprits critiques n’a pas montré une équipe en progression. Les premières mi-temps des deux matchs ont été des purges. Ou pour emprunter une analogie au mois sacré, une «Harira» avec beaucoup de céleri, mais sans célérité.
Ces éléments ont poussé le sélectionneur à être sur la défensive devant les médias. Adepte du second degré, ce dernier à choisi un langage imagé pour défendre ses troupes.
Regragui a envoyé un message qui est loin d’être ambigu et que l’on pourrait interpréter de la façon suivante: «que veut le peuple? Nous sommes quasiment qualifiés, avant nous avions droit au pain sec en termes de résultats, aujourd’hui vous voulez à tout prix déguster des cornes de gazelles devant un bon verre de thé.» Autrement dit, les résultats sont probants, et je ne peux pas plaire à tout le monde.
Ce langage a le mérite d’être imagé, surtout dans un contexte ramadanesque. Il reflète aussi une certaine fracture dans l’Opinion publique. Cette dernière est divisée en trois catégories. Il y a tout d’abord les pro-Regragui inconditionnels par conviction. Ces derniers, quoi qu’il arrive, approuvent chaque geste, chaque mimique et chaque sortie médiatique.
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Ce sont les adeptes d’une ligne de conduite basée sur le principe «de tout va bien Madame la Marquise». Pour eux les matchs des Lions de l’Atlas version Hoalid sont des festins à consommer sans modération. Un festin ouvert au Qatar, à qui veut bien le déguster. Cette frange part du constat qu’à partir du moment où l’on a souffert du néant, profiter de la moindre victoire, aussi petite soit-elle, est une obligation et même un devoir.
La deuxième frange est radicalement anti-Regragui, le coach et surtout, le personnage. Quoiqu’il fasse, quoi qu’il dise, quels que soient les résultats et la manière, le sélectionneur les dérange. Son passé d’entraineur en clubs, ses sorties médiatiques et le personnage qu’il semble jouer devant la presse leur donnent des accès d’urticaire. Naturellement ils verront tout en noir, même si la réalité est toute autre.
Et puis il y a les attentistes. Ceux dont les humeurs varient en fonction des résultats, du contenu des matchs et dont l’opinion peut vaciller du camp des optimistes les plus niais à celui des pessimistes les plus cyniques.
Ces derniers sont majoritaires, et c’est à eux que devrait s’adresser prioritairement le patron des Lions de l’Atlas. A condition qu’il adopte un autre ton, et qu’il soit moins sarcastique, car à huit mois de la CAN, l’heure doit être à l’Union sacrée et à la Mobilisation nationale.
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Gageons qu’avec le recul, Regragui saura faire son autocritique et surtout corriger le tir. Les deux mois et demi qui nous séparent de la prochaine date FIFA lui permettront de prendre la distance nécessaire, en termes de sélection, des joueurs, comme des mots.
Histoire de ne pas avoir de polémiques stériles et inutiles face aux 36 Millions de sélectionneurs dont dispose notre cher et beau pays. Ce sont ces faiseurs d’opinion qui peuvent déclencher l’élan mobilisateur dont nous avons besoin pour la CAN.
Une CAN à gagner avec panache c’est-à-dire en mode verre de thé à la menthe et cornes de gazelles, ou même au pain sec, ce qui voudrait dire sans fond de jeu chatoyant. C’est cette finalité qui va unir ces franges de fans qui voient la vie en rose ou toute en noir.
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