Une cinquantaine de joueuses de championnats majeurs ont souffert cette saison d'une blessure à un genou, et certaines ne seront pas du voyage en Océanie pour le Mondial (20 juillet - 20 août). Seule grande rescapée: la ballon d'or espagnole Alexia Putellas, 29 ans, qui a raté l'Euro l'année dernier en Angleterre à cause de cette même blessure, mais est sur pied pour le Mondial.
Les championnes d'Europe anglaises en revanche devront faire sans plusieurs de leurs cadres: l'attaquante vedette Beth Mead et la défenseure Leah Williamson, leur capitaine, qui se remettent toutes deux d'une rupture d'un ligament croisé.
Vivianne Miedema, la prolifique attaquante néerlandaise, est également absente, après avoir été blessée depuis décembre. Tout comme les Américaines Mallory Swanson et Catarina Macario.
"Risque sérieusement plus élevé"
Cette longue liste laisse à penser que les joueuses sont plus touchées par ce genre de blessures que les garçons. De plus, leurs délais de retour à la compétition sont souvent allongés: par exemple, Katoto n'a pas joué le moindre match depuis plus d'un an.
"Le fait que les femmes soient sérieusement plus à risque que les hommes qui jouent au football est reconnu depuis longtemps", déclare à l'AFP Gordon Mackay, un chirurgien écossais du genou.
"C'est multifactoriel, mais il y a beaucoup de choses qui contribuent aux facteurs de risque", indique-t-il, citant la nécessité de s'entraîner sur les bonnes surfaces et d'avoir des chaussures spécialement conçues pour les femmes.
Le spécialiste estime également que ces blessures arrivent "au moins quatre fois, peut-être six fois" plus chez les joueuses, précisant que la forme du bassin peut aussi être un facteur contributif.
Les changements hormonaux liés au cycle menstruel ont également été mentionnés comme augmentant potentiellement le risque.
Amel Majri, la milieu de terrain française, blessée il y a quelques mois au genou, confirmait début juillet à l'AFP: "Quand on est femme il y a les périodes de menstruation. Selon les études, c'est plus cela qui fait qu'il y a plus de ruptures de ligaments croisés. C'est pour cela qu'on est suivies à ce niveau-là maintenant."
Interrogé sur le sujet, le sélectionneur français Hervé Renard a également estimé qu'il fallait "penser beaucoup plus à l'individualisation de la joueuse", c'est-à-dire faire davantage attention aux cycles hormonaux de chacune. Le préparateur physique de l'équipe de France Thomas Pavillon se penche précisément sur le sujet, selon le sélectionneur.
Équipements
"Il est très difficile d'aborder le fait qu'il existe biomécaniquement une petite différence entre les sexes", a commenté Gordon Mackay. Par ailleurs, les équipements sportifs qui ne sont pas adaptés aux corps des joueuses sont souvent pointés du doigt.
Une étude récente menée par des chercheurs en Angleterre a suggéré que les équipements et les ballons, ainsi que les chaussures, devraient être mieux adaptés aux femmes pour optimiser la sécurité sur le terrain.
Le géant des vêtements de sport Adidas, l'un des principaux fournisseurs d'équipements pour les équipes de la Coupe du monde, a déclaré qu'il prenait la question "incroyablement au sérieux".
"Nous avons une tradition de longue date dans la conception de produits par, avec et pour les athlètes féminines", affirme l'équipementier, contacté par l'AFP. "La collaboration garantit que nos produits sont conçus pour les femmes, de la conception aux tests."
La Française Clara Mateo évoque aussi l'intensité des matches. "C'est vrai qu'il y a de plus en plus de blessures, car le niveau et les matches s'intensifient. La partie athlétique devient plus importante", expliquait-elle fin juin à l'AFP. "Il y a de plus en plus de matches à haut niveau. Donc forcément il y a un impact sur la joueuse."