C’est l’un des stades les plus iconiques du football européen, mais le stade Giuseppe-Meazza, plus connu sous le nom de San Siro, a fait son temps.
Ses clubs résidents, l’AC Milan et l’Inter, ont déposé mardi auprès des autorités locales un dossier qui pourrait aboutir à la construction sur un parking adjacent à l’actuel San Siro d’une enceinte de 71.000 places pour un coût de 1,5 milliard d’euros.
Autre stade célèbre, le Stadio Diego-Armando-Maradona de Naples surprend immanquablement ceux qui le découvrent par son aspect rudimentaire, voire inconfortable.
«L’âge moyen d’un stade italien est de 65 ans: nos stades sont obsolètes, vieux, plus aux normes», résume pour l’AFP Emilio Faroldi, en charge du master «Sport design and management» de l’Ecole polytechnique de Milan.
«L’Italie est un pays qui vit beaucoup sur son passé, qui est réticent à innover (...) C’est vrai aussi avec le calcio: des structures de grande qualité ont été construites après-guerre, mais depuis, plus rien, ou presque», poursuit l’architecte.
Loin de la Premier League
Les stades de Serie A, à l’exception de ceux de la Juventus Turin, inaugurée en 2011, de l’Udinese et de l’Atalanta rénovés respectivement en 2016 et 2024, souffrent de la comparaison avec le reste du « Big Five » européen. Et cela impacte les finances, déjà mises à mal par la période Covid-19, des clubs italiens.
Selon un rapport publié la semaine dernière par l’UEFA, la Serie A a tiré en 2023 425 millions d’euros de l’exploitation de ses stades.
Bien loin des 995 M EUR de la Premier League, des 580 M EUR de la Liga, et quasiment au même niveau que la Ligue 1 (421 M EUR).
L’AC Milan, club italien le plus performant dans ce domaine, a des recettes de billetterie de 85 M EUR, soit 100 millions de moins que le Real Madrid, la référence européenne.
Or dans un contexte où les droits TV ne progressent plus aussi rapidement, voire reculent (+131% pour l’ensemble des championnats européens entre 2009 et 2024, mais seulement +3% entre 2019 et 2024 selon le rapport de l’UEFA), l’exploitation des stades est un vecteur de croissance fiable avec une progression attendue à 11% sur un an pour 2024.
Beaucoup de propriétaires de clubs italiens n’ont pas attendu le rapport de l’UEFA pour faire ces calculs et constater leur manque à gagner à cause de stades ne répondant plus aux attentes du public, en matière de confort, de restauration ou de loges pour les entreprises.
Onze clubs détenus par des capitaux étrangers
Onze des vingt clubs de l’élite italienne sont désormais détenus par des capitaux étrangers, en grande majorité (8) américains (Atalanta, Fiorentina, Inter Milan, AC Milan, Vérone, Venise, Parme, AS Rome).
Et quand ils veulent rénover leur stade ou le remplacer, ces nouveaux propriétaires, inspirés par les exemples de stades et salles ultra-modernes en NBA (basket), NFL (football américain) ou même MLS, le championnat nord-américain de football, vivent un choc culturel.
«Ils sont habitués à des temporalités réduites et à des schémas où on impose un projet, alors qu’en Italie, il y a probablement plus une culture de la discussion et du dialogue», relève Emilio Faroldi.
«En Italie, quiconque veut lancer un nouveau projet se heurte à des lenteurs administratives et à un long processus qui fait souvent fuir les investisseurs», souligne l’enseignant de l’Ecole polytechnique de Milan.
L’AC Milan et l’Inter en savent quelque chose: en juillet 2019, ils avaient déjà lancé un projet de nouveau San Siro, avant de renoncer face aux difficultés.
Il y a urgence aussi à cause de l’Euro-2032 que l’Italie co-organisera avec la Turquie: les cinq stades-hôtes doivent être encore choisis, a rappelé, inquiet, Gabriele Gravina, le président de la Fédération italienne.
«Il faut accélérer, simplifier, débureaucratiser les procédures» pour les rénovations et constructions de stade, lui a répondu le N.2 du gouvernement ultra-conservateur de Giorgia Meloni, Matteo Salvini, qui pourrait légiférer avec un décret «Stades».
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