La publication américaine estime ainsi que «la Coupe du monde de cette année pourrait être différente maintenant que le Maroc s'est qualifié pour les demi-finales, ce qui en fait le premier pays africain à aller aussi loin dans le tournoi de football». Une première alors que les vingt-et-une Coupes du monde précédentes ont été dominées par deux continents, l’Europe et l’Amérique du Sud.
Ainsi, «si le Maroc bat la France, ce sera le premier pays hors Europe et Amérique du Sud à se qualifier pour la finale», poursuit The New York Times dans cet article qui analyse et explique la domination de ces deux continents sur la Coupe du monde à la lumière de l’histoire de ce tournoi.
«L'histoire se reflète dans la Coupe du monde d'aujourd'hui», écrit l'auteur, rappelant que cette invention européenne de 1930 a été largement diffusée par les puissances européennes «dans les endroits qu’ils avaient colonisés», particulièrement en Amérique du Sud, où a d’ailleurs été organisée la première Coupe, en Uruguay.
«Cette histoire a donné à l'Europe et à l'Amérique du Sud une longueur d'avance, qui au fil du temps s'est transformée en une prophétie auto-réalisatrice», analyse la publication américaine qui explique la domination de deux continents du fait de leurs racines historiques dans cette Coupe et du peu de chances laissées aux autres continents pour percer, notamment en terme de créneaux attribués aux pays.
«Considérez les créneaux de la Coupe du monde réservés à l'Europe et à l'Afrique: chaque continent a presque le même nombre d'équipes. Mais l'Europe a obtenu treize places de qualification pour la Coupe du monde 2022, tandis que l'Afrique n'en a obtenu que cinq», poursuit The New York Times, qui n’omet pas de préciser dans cette équation le pouvoir de l’argent, qui «joue aussi un rôle».
«Basés dans certains des pays les plus riches du monde, les ligues, les équipes et les gouvernements européens peuvent dépenser plus pour développer de meilleurs joueurs et programmes de football», explique la publication. Même topo en Amérique du Sud qui dispose de plus d’infrastructures que les autres continents. Tous ces facteurs culminent dans les réseaux sociaux du football et l'Europe et, dans une moindre mesure, l'Amérique du Sud, sont au centre de ces réseaux, perpétuant ainsi leur domination. S’agissant du Maroc, il «est étroitement lié au réseau européen: il est voisin de l'Espagne, et nombre de ses joueurs sont nés en Europe et jouent dans ses ligues professionnelles», poursuit l'auteur.
Aujourd’hui, à l’heure où le Maroc fait son entrée en demi-finales, l'emprise de l'Europe et de l'Amérique du Sud sur le football est-elle en train de se relâcher? «Le succès du Maroc en est un signe. Il en va de même pour l'accueil par le Qatar de la Coupe du monde actuelle, loin des centres de pouvoir européens et sud-américains», conclut la publication américaine.