Les succès en football sont toujours liés à la qualité des effectifs dont on dispose. Les plus grosses écuries sont toujours à la recherche de la vedette qui peut faire, à elle seule, la différence ou de la perle rare que toutes les équipes s’arrachent. C’est une réalité incontestable. Une autre condition de la réussite est l’entraîneur, car disposer d’un vivier de bons joueurs ne suffit pas, il faut savoir les faire jouer ensemble, leurs définir leurs responsabilités et leurs postes et travailler sur des hypothèses de jeu à l’entraînement en simulant des actions susceptibles de se produire au cours de matchs face à d’autres équipes rivales.
L’entraîneur doit aussi être un manager, un homme qui décide et qui compose son onze de départ et opère les changements qui s’imposent par le scénario du match et de l’évolution des joueurs et de leurs formes physiques. Le football moderne en tient compte et l’entraîneur d’une équipe professionnelle n’est jamais seul, il dispose de tout un staff qui lui facilite la prise de décision.
Les supporters, qui ne disposent pas de toutes les informations remontées par le staff, ne comprennent pas toujours les décisions de l’entraîneur et c’est souvent source de critiques lorsque les résultats ne sont pas au rendez-vous.
Mais s’il y a un domaine qui a souvent été négligé par les clubs ou par les équipes nationales, c’est celui de l’équilibre. Equilibre entre les lignes de la défense, le milieu de terrain et l’attaque doivent se compléter et se soutenir, sans quoi l’adversaire sera toujours en supériorité numérique dans l’espace où se trouve le ballon mais aussi l’équilibre dans les lignes.
Dans la composition du milieu de terrain, il vaut mieux disposer d’un ou deux milieux défensifs et d’un autre ou deux autres offensifs. Chez les arrières également, lorsqu’on dispose d’un arrière latéral porté sur l’offensive, il faut assurer ses arrières par, soit un milieu qui va couvrir sa zone de défense, soit par un ailier. C’est valable pour tous les postes.
Chaque grande équipe possède dans ses effectifs un ou deux leaders techniques dans chaque ligne. Ils constituent la colonne vertébrale de l’équipe et donnent un équilibre technique et des relais sur le terrain à l’entraîneur.
Mais il y a un autre équilibre auquel on pense moins c’est celui de l’équilibre des catégories d’âge. C’est cet équilibre qui assure la pérennité du succès. C’est valable pour les clubs, mais surtout pour les équipes nationales. Un joueur de l’équipe nationale, c’est pour la vie, en principe, pour les clubs c’est différent, l’instauration d’un marché des transferts modifie les stratégies à long terme. La Mannschaft, l’équipe nationale de football allemande, avait pour principe entre les années 70 et 2014 de présenter des équipes formées pour le tiers par des joueurs de 20 à 23 ans, un autre tiers des joueurs de 24 à 27 ans et d’un autre tiers de 28 à 33 ans. La première catégorie apportait la fougue de la jeunesse, la deuxième la maîtrise et la maturité dans le jeu, la troisième l’expérience. C’est une période au cours de laquelle l’équipe d’Allemagne a dominé le football européen et mondial.
Cette stratégie permet aux équipes de perdurer, de garder une continuité et d’éviter de tomber dans les affres des équipes vieillissantes ou des équipes sans expériences. Le renouvellement de génération se passe sans douleur, les acquis se consolident, la flamme reste allumée et l’appétit intact.
C’est à cette recherche d’équilibre que doit s’atteler M. Regragui, l’entraîneur de l’équipe nationale, maintenant que son contrat est reconduit et qu’il dispose de la confiance de ses patrons et des supporters des Lions de l’Atlas. Les critiques et les reproches qui ont été exprimées après l’élimination de l’équipe nationale n’ont à aucun moment remis en cause sa compétence.
Il devra s’appuyer sur l’expérience de certains joueurs de l’épopée du Mondial au Qatar. Les plus matures d’entre eux et ceux qui sont en mesure d’apporter expérience et sacrifice. Sur la maturité technique et tactique des joueurs qui ont atteint la plénitude de leurs moyens. Ce sont les nouveaux leaders du groupe, ils doivent donner l’exemple et servir de lien sur le terrain. Et enfin, il doit faire confiance aux nombreux jeunes qui ne demandent qu’à montrer leurs talents et leurs volontés de servir la patrie.
Il vient d’entamer une grande tournée européenne pour enrichir sa base de données et pour prendre attache avec les anciens et s’enquérir de leur état d’esprit après l’échec ivoirien. C’est une étape importante compte tenu des rendez-vous programmés pour les Lions de l’Atlas. Les éliminatoires de la Coupe du Monde sont en tête des préoccupations de tout le monde au Maroc. Il faudra absolument être présents au Mondial d’Amérique du Nord. Contrairement à ce que l’on pensait lors du tirage au sort, le groupe du Maroc est un groupe difficile. On aura à rencontrer le Congo, Brazzaville cette fois, la Zambie qui nous a mis en sérieuses difficultés à la CAN, la Tanzanie qui était dans le groupe du Maroc à la CAN et le Niger. C’est un véritable chemin de croix qu’il faudra traverser sans embuches. On peut le faire, si on respecte le football et ses règles en s’impliquant comme il faut.