Après la CAN, le Mondial. Pour le Maroc, les bonnes nouvelles tombent comme un fruit mur. Parce qu’il n’y a que le travail qui paie. Et, comme on l’écrivait ici même, il faut intégrer les performances sportives dans ce «travail» accompli et ces efforts fournis.
Depuis le Qatar, où il a super performé, le Maroc est entré dans le cercle très fermé des nations qui ont accédé au dernier carré d’un Mondial. On ne peut pas, on ne peut plus ignorer sa candidature. Et sans parler des atouts qui lui sont propres et qu’on ne va pas énumérer ici, le front commun avec l’Espagne et le Portugal était une très bonne idée, et pas seulement sur le plan marketing.
Si la FIFA a dit oui, c’est que, en plus de la symbolique très forte du pont jeté entre le Nord et le Sud, ce ticket à trois brille d’abord par sa cohérence. Les trois pays présentent une vraie unité temporelle (pas ou très peu de décalage horaire), géographique (très courtes distances à parcourir) et climatique.
Par comparaison, le Mondial 2026, qui aura lieu en Amérique (Etats-Unis, Canada, Mexique), et malgré les apparences, ne présente pas la même cohérence. Ces trois pays représentent, chacun, un continent à part, avec d’énormes décalages horaires, et parfois climatiques aussi. Sans oublier les énormes distances à parcourir. Pour les sélections, mais aussi pour les supporters, il sera plus simple et plus pratique de faire le voyage Maroc – Espagne – Portugal que Mexique – Canada – Amérique.
Ce rappel est utile à l’heure où certains pointent le choix qui a été fait pour le Mondial 2030. Mettons de côté les éternels envieux (devinez qui?) et les esprits chagrins, regardons les autres et écoutons leurs arguments (pour ceux qui en ont).
Ils avancent le décalage horaire. Cet argument ne concerne pas le trio Maroc – Espagne – Portugal, mais les trois pays d’Amérique du Sud (Argentine – Uruguay – Paraguay). Soit. Mais les trois pays d’Amsud n’abriteront que trois rencontres au total. On ne sait pas encore lesquelles, mais il est probable que la FIFA choisira des matchs entre nations américaines afin de limiter le décalage horaire.
Ces trois matchs en Amsud trouvent leur justification, selon la FIFA, dans lequel qu’en 2030, le Mondial fêtera son centenaire. La toute 1ère édition, en 1930 donc, avait eu lieu en Uruguay. D’où le choix d’accorder à ce pays, comme à ses voisins, un petit match du Mondial 2030…
Il y a ensuite l’argument de l’éclatement – émiettement de l’identité du Mondial, étant donné que l’édition 2030 sera répartie entre six pays et trois continents. Argument recevable, mais discutable. En 2002, déjà, le Mondial avait eu lieu entre deux pays (Corée – Japon). Et en 2008, l’Euro a été accordé au tandem Suisse – Autriche. Sans oublier, comme on l’a vu, que le prochain Mondial aura lieu sur trois (vastes) pays, déjà.
S’agit-il d’une fatalité? Autrement, les prochaines Coupes du monde seront-elles condamnées à se jouer entre plusieurs pays? C’est possible.
A partir de 2026, on passe de 32 sélections à 48. Avec 12 groupes de 4 et un tour supplémentaire pour les matchs à élimination directe (16ème de finale), cela nous fait la bagatelle de 104 matchs à disputer en tout. C’est énorme. Les équipes qui iront au bout, comme le Maroc au Qatar, auront donc un match supplémentaire à jouer (8 au lieu de 7).
La rallonge ne concerne pas seulement les matchs, mais aussi le nombre de supporters, la durée des séjours, la sollicitation des réseaux routiers, des structures d’accueil, des dispositifs de sécurité, etc. Un seul pays sera-t-il en mesure de porter tout ce poids?
Les «pleureuses» sont donc en retard d’une révolution. Depuis l’arrivée d’Infantino, on sait que la FIFA table sur la règle «plus de matchs». Cela concerne le Mondial mais aussi les autres compétitions, pour les sélections et les clubs, en Europe et ailleurs. C’était d’ailleurs cela le projet d’Infantino, c’est-à-dire cette idée de faire jouer plus de matchs, de multiplier les compétitions, avec une démarche «inclusive» qui revient à impliquer plus de nations dans l’organisation.
Conclusion: c’est au moment de l’élection du divin chauve qu’il fallait pleurer, pas aujourd’hui.