On ne peut pas dire que les amateurs marocains de football ont été ravi des prestations de leur équipe nationale lors de la dernière date FIFA. Il y a eu, bien entendu, quelques satisfactions avec la confirmation de la qualité des nouveaux Lions de l’Atlas et surtout de leur engagement vis-à-vis de leur sélection nationale. Que ce soit Brahim Diaz, Eliesse Ben Seghir, Oussama El Azzouzi ou Amir Richardson, tous les nouveaux joueurs n’ont pas hésité à aller au charbon et à contribuer aux tâches ingrates. Ils se sont dépensés dans la récupération des ballons en phase de domination de l’adversaire et ont exercé la pression sur le porteur du ballon avec beaucoup de générosité. Il fallait obliger les défenseurs adverses à jouer vite, commettre des erreurs et permettre aux défenseurs marocains de se replacer en défense. A cet égard, il n’y a rien à reprocher à des joueurs qui peuvent prétendre au statut de vedette. Un statut qui les dispense, à priori de ces tâches.
La déception est ailleurs. Elle est dans la recherche de solutions offensives. Tous les observateurs s’accordent à dire que l’on a plus vu des tentatives individuelles que collectives. Le match a été marqué par l’imprécision dans la dernière passe, le coéquipier n’était pas forcément au courant de sa destination, l’absence de combinaisons efficaces et l’incapacité à percer collectivement une défense mauritanienne parfaitement regroupée. Il y avait systématiquement un pied, une tête, un dos pour détourner les passes et les tirs des joueurs marocains. Le quadrillage du terrain était parfait côté mauritanien et le gardien de but imperturbable. La seule action véritablement dangereuse, objet d’une combinaison, s’est terminée par un but, malheureusement, Hakimi était signalé en position d’hors-jeu par l’arbitre.
Il faut dire aussi que les joueurs mauritaniens n’y sont pas allés avec le dos de la cuillère. Ils ont par moment très largement dépassé les limites autorisées par le jeu. L’engagement physique est permis en football, après tout, c’est un sport de contact, mais il y a des règles que les défenseurs de l’équipe mauritanienne n’ont pas toujours respectées. L’arbitre, soucieux probablement de maintenir un statut amical à la partie, a été permissif sur certaines actions. L’équipe nationale mauritanienne a échappé à quelques expulsions.
Cela ne justifie pas l’impression générale dégagée par le match qui a laissé sur leur faim tous les nostalgiques du match amical contre le Brésil à Tanger, par exemple. Les combinaisons, entre Achraf Hakimi, Azzedine Ounahi et Hakim Ziyech, qui ont enchanté le public en Coupe du Monde, ont perdu de leur magie, et le collectif dégagé semble s’être disloqué. Pourtant l’effectif est nettement plus relevé et les qualités démontrées par les nouveaux venus sont incontestables.
Ce qu’il ressort de cette prestation et des précédentes, c’est l’impréparation du staff technique aux défis post-mondial. Lorsque l’équipe nationale a rencontré la Croatie, la Belgique, l’Espagne, le Portugal, la France ou même le Canada, on avait l’impression que le staff connaissait les points forts et les points faibles des équipes adverses. On les a joués en toutes connaissance de cause. Contre la Croatie, par exemple, on savait qu’il fallait empêcher Modric de recevoir des ballons et qu’il fallait bloquer le lien qu’il pouvait avoir avec Kovacic. Ça a tellement bien fonctionné que Modric a perdu son sang-froid quelques fois et commis des fautes inhabituelles. C’est en connaissant l’adversaire que l’on peut concevoir une stratégie pour le contrer.
Tous les adversaires rencontrés depuis, connaissaient les forces et les faiblesses de la sélection marocaine et ils se sont adaptés. Ce n’est pas le cas de l’équipe du Maroc. A aucun moment l’équipe n’a semblé avoir une stratégie pour contrer celle développée par l’adversaire. On se limitait à faire confiance au génie des individualités qui devaient faire preuve d’imagination et prendre des risques pour contourner des défenses regroupées et solidaires. Ça ne marche pas.
Dans quelques semaines les choses sérieuses vont commencer et les joueurs arriveront fatigués d’une saison longue au service de leurs clubs respectifs. Il faudra leurs préparer une véritable stratégie qui tienne compte des qualités de l’adversaire que l’on aura préalablement étudiées. Ce type d’information circule beaucoup plus facilement depuis qu’internet existe. Cette stratégie devra être claire et simple pour être assimilée en quelques séances. Dans les grandes équipes nationales, le temps consacré aux études vidéo de l’adversaire est conséquent. Il permet de mettre le joueur en situation afin de s’assurer qu’il s’approprie l’objectif collectif.
Le staff technique doit d’ores et déjà travailler sur la collecte d’information, sur un programme et sur la stratégie à mettre en place pour surmonter les difficultés actuelles. L’équipe doit se montrer efficace et faire le spectacle, c’est le niveau d’exigence qui est demandé à l’entraîneur compte tenu de la richesse de l’effectif dont il dispose. La solution, c’est à lui de la trouver, il a l’intelligence et la compétence pour y arriver. A leur retour, en juin prochain, les joueurs doivent trouver une autre dynamique avec un vrai projet de jeu. En quatre jours, ils auront le temps de les assimiler, ce sont tous de grands professionnels, et comme on l’a vu, très impliqués et prêts à tous les sacrifices. Cette mentalité diffère de celle que l’on a connu quelques fois lorsque de nouveaux joueurs issus de l’immigration arrivaient en terrain conquis. Ce n’est plus le cas. Les réseaux sociaux, toujours en avance quand il s’agit de démonter un édifice, commencent à réclamer un changement d’entraîneur. La mémoire des supporters est courte et le buzz est le carburant des influenceurs des différentes plateformes. Ce n’est pas la solution, pour le moment, d’ailleurs le Maroc est en ballotage favorable pour les éliminatoires de la prochaine édition du Mondial 2026. Il ne faudra absolument pas se rater.