Les confrontations maroco-tunisiennes ont toujours été extrêmement crispantes. Pour les clubs comme pour les sélections. Les Tunisiens sont les Italiens du Maghreb, et ce n’est pas qu’une question de proximité géographique.
Le football tunisien est agressif. Ça joue dur sur l’homme, ça ne se livre presque jamais, avec des défenses regroupées et beaucoup de vice, d’anti-jeu, de protestation, de simulation, etc. Pas très folichon mais efficace.
On peut même dire que ces confrontations se déroulent souvent, hélas, dans une ambiance délétère. Sur le terrain, mais aussi en dehors. Et le Wydad–Espérance d’hier, comptant pour la demi-finale aller de la super ligue africaine, n’a clairement pas échappé à la règle.
La dernière fois que les deux géants maghrébins ont croisé le fer, c’était en 2019, en finale retour de la C1. Un triste souvenir pour un match qui n’a jamais connu son terme, avec un titre accordé aux Tunisiens dans la confusion la plus totale…
Les retrouvailles d’hier n’ont pas manqué d’électricité, avant le match et pendant. Mais, cette fois, l’Espérance s’est prise à son propre jeu. A force de déjouer, et de tout faire pour tuer le jeu, les Tunisiens ont fini par se faire surprendre par une équipe du Wydad courageuse et volontaire, mais limitée.
En gagnant 1-0, les Rouges ont fait l’essentiel. Après avoir marqué à l’heure de jeu, sur un malentendu (un centre piqué de Boussefiane qui a surpris tout le monde, y compris le gardien), les Wydadis ont à leur tour joué avec le feu. Ils ont fait du «Taraji», c’est-à-dire tout le monde derrière, dégagements à l’emporte-pièce, pertes de temps…
Cela s’appelle la réponse du berger à la bergère. Heureusement que l’égalisation n’est jamais venue. Mais cela n’annonce rien de bon pour le match retour, mercredi à Radès. Il faut espérer que ce jour-là, la VAR ne tombe pas en panne…
Sur le plan du jeu, on l’a compris, il ne s’est pas passé grand-chose sur le rectangle. Match fermé, rythme haché et jeu au petit trot. Le Wydad, on l’a déjà écrit ici, manque d’arguments offensifs. En première mi-temps, et cela devient une habitude, le seul danger est venu des incursions des défenseurs: une percée d’Attiyatallah, une tête d’El Amloud, une frappe lointaine d’Aboulfath. Ce fut à peu près tout.
Heureusement qu’à la reprise, coach Ramzi a décidé d’utiliser ses vraies cartes offensives: le milieu de poche Haimoud, la pointe Sambou, le feu-follet Bouhra et, surtout, le déroutant (dans le bon sens du terme) Lahtimi. Sans ces changements, le Wydad ne gagne jamais ce match.
Heureusement aussi que les Tunisiens n’ont presque rien fait pour gagner le match, cherchant davantage à le «pourrir». Ironie du sort, quand ils ont enfin décidé de «jouer», ils ont sérieusement bousculé les Rouges, au point qu’une égalisation en fin de match n’aurait pas été usurpée.
Moralité: mieux respecter le foot et jouer, au lieu de se cacher. Sur ce match aller, les deux équipes peuvent se mordre les doigts. Parce que l’Espérance avait les arguments (sportifs) pour espérer mieux, et le Wydad avait aussi les moyens de faire le break s’il avait continué de jouer jusqu’au bout…
Rendez-vous donc mercredi à Tunis en espérant ne pas assister, de nouveau, à un non-match.