Interrogé d'emblée en conférence de presse d'avant-tournoi sur le sujet brûlant qui agite suiveurs et fans de tennis, "il y a de grandes, grandes chances que ce soit mon dernier Roland-Garros", a répondu "Rafa". "Mais je ne dirais pas que j'en suis certain à 100%", a-t-il ajouté, avant de répéter la même chose en espagnol quelques minutes plus tard.
"J'ai traversé un long processus de rétablissement, avec une blessure très difficile, quasi deux ans de souffrance. Maintenant, je me sens mieux qu'il y a un mois et demi. Donc, d'une certaine façon, je ne veux pas fermer la porte à 100%", a expliqué le Majorquin aux 22 sacres en Grand Chelem, bientôt 38 ans et le plus souvent à l'arrêt depuis l'été 2022, à cause de blessures à répétition.
"Je ne veux pas créer de grosse confusion, mais, désolé, j'aime ce que je fais et je me sens compétitif à l'entraînement, s'est presque excusé Nadal. Sans doute pas encore en matches officiels. Mais, à l'entraînement, je peux vous dire que je suis capable de rivaliser avec quasiment tout le monde. Et je ne me sens pas beaucoup plus mauvais que les autres, ça me donne de l'espoir."
"Donnez-moi un peu de temps"
"Donnez-moi un peu de temps et peut-être que d'ici un mois et demi, je dirai: +Ca suffit, je ne peux pas continuer+, a-t-il poursuivi, "mais aujourd'hui, je ne peux pas garantir que c'est mon dernier." "Je ne crois pas que ça va me servir personnellement de le dire", a encore observé Nadal en espagnol.
Car un choc face au N.4 mondial Alexander Zverev, un des joueurs les plus en forme du moment, l'attend dès le premier tour lundi. Même sur sa terre chérie, le défi est monumental pour Nadal, qui n'a plus gagné le moindre trophée depuis son dernier sacre à Roland-Garros en 2022, au bout d'une quinzaine traversée dans des conditions invraisemblables, pied gauche anesthésié pour contenir la douleur provoquée par le mal chronique dont il souffre depuis l'âge de 18 ans (syndrome de Müller-Weiss). Au-delà, il a très peu joué depuis, tant son corps a craqué de toutes parts.
Mais si son discours est moins pessimiste que quelques semaines en arrière, c'est que "Rafa" constate du mieux à l'entraînement ces derniers jours, lui qui est arrivé à Paris dès lundi et s'est démultiplié sur les courts de la Porte d'Auteuil depuis. Samedi matin, c'était au tour du N.13 mondial Holger Rune de lui donner la réplique, cette fois sur le court Suzanne-Lenglen.
"Magique"
"Mon corps évolue bien, mieux que je l'espérais il y a un mois et demi, je ne m'entraîne pas avec trop de douleur. Si ça dure, je peux continuer à être compétitif. Mais peut-être que dans quatre jours, un mois, ou deux, je vais me blesser de nouveau et sentir que ça ne vaut plus la peine et qu'il faut arrêter, comme je le sentais il y a un mois et demi", a-t-il nuancé.
"Aujourd'hui, mon ressenti est un peu différent, mais l'expérience me fait dire que c'est très probable que ça se reproduise", a-t-il complété.
Qu'espérer alors contre Zverev de l'ex-N.1 mondial, qui n'a plus joué de match en trois sets gagnants depuis près d'un an et demi et plus battu de joueur du top 5 depuis fin 2022?
"C'est la première semaine (depuis son retour) que je me sens libre de pouvoir jouer en pensant à la balle et c'est tout, sans être limité, sans penser à quel mouvement je peux faire ou pas. Ca fait un bagage très léger. A priori c'est très insuffisant", estime-t-il.
Mais "si, au fond de mon coeur, je n'avais aucun espoir d'avoir de la réussite ici et de faire de belles choses, je ne serais pas là", avoue "Rafa". "Quelque part, cet endroit est magique pour moi, non?"