Après la cérémonie des CAF Awards 2024 au Palais des Congrès de Marrakech, un autre moment fort a marqué l’actualité du football africain: la signature officielle de l’accord pour l’installation du nouveau siège de la FIFA à Rabat. L’événement a connu la présence des personnalités de premier plan, à savoir, le Chef du gouvernement marocain, Aziz Akhannouch, le président de la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF), Fouzi Lekjaa, ainsi que le président de la FIFA, Gianni Infantino, et le président de la Confédération Africaine de Football (CAF), Patrice Motsepe.
Pourquoi Rabat?
Ce choix de la FIFA n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat d’une réflexion poussée et d’une vision claire. Rabat, capitale politique et administrative du Maroc, se positionne comme un carrefour stratégique entre l’Afrique, l’Europe et le reste du monde. Le chercheur en management du sport, Abdelbasset El Hajoui, explique: «le Maroc s’est imposé comme un acteur incontournable du football africain et mondial».
El Hajoui explique que l’un des éléments majeurs réside dans l’excellence des infrastructures du pays. «Le Maroc offre un réseau de transports modernes, de la LGV aux aéroports internationaux, sans parler de ses stades et de ses installations sportives de classe mondiale». Ajoutons à cela une situation géostratégique idéale, entre deux continents, l’Europe et l’Afrique. Que ce soit la Coupe du Monde des clubs ou des compétitions féminines, le Maroc a prouvé sa capacité à organiser des événements majeurs, et cela n’a pas échappé à l’instance dirigeante du football mondial.
Gianni Infantino, président de la FIFA, n’a pas caché son enthousiasme. «Je tiens à remercier le gouvernement. Je tiens à remercier le Maroc et tous les Marocains. C’est ici que nous tracerons l’avenir du football africain, ensemble. Nous écrirons des chapitres fascinants du futur du football africain. Je suis certain qu’ensemble, nous donnerons à l’Afrique le succès qu’elle mérite», a déclaré le Président de la FIFA.
Gelson Fernandes prend les rênes
Le bureau, qui devrait être inauguré au plus tard en mars 2025, selon une source bien informée, aura plusieurs prérogatives. Parmi elles, la très importante division des associations membres pour l’Afrique. Elle est dirigée par l’ancien international suisse, Gelson Fernandes. Ce dernier est en poste depuis août 2024. Gelson a exprimé son enthousiasme, à la suite de la signature de l’accord à Marrakech, dans un post publié sur son compte X: «l’histoire avance, et notre engagement pour le développement est plus fort que jamais. Après Miami, Jakarta et Paris, Rabat représente une étape essentielle pour la FIFA».
Son rôle ne se limite pas à une simple gestion administrative. L’expertise de Fernandes, notamment sa connaissance du terrain africain, sera cruciale pour structurer ce bureau non seulement comme une vitrine de la FIFA, mais aussi comme un véritable catalyseur du développement du football sur le continent.
Le Maroc, moteur du développement africain
Pour le Maroc, l’implantation de ce bureau est bien plus qu’une simple formalité. C’est une opportunité unique de consolider son rôle de leader régional, non seulement dans le football, mais aussi dans les domaines du développement des infrastructures et de l’innovation. El Hajoui souligne: «Ce bureau va jouer un rôle de levier pour améliorer les infrastructures sportives, encourager la pratique du football et renforcer la coopération entre les pays africains».
Et la Coupe du Monde 2030?
À moins de six ans de la Coupe du Monde 2030, il serait aisé de penser que le rôle de ce bureau sera essentiel pour coordonner les préparatifs et veiller au respect des échéances. En réalité, il n’en est rien. Le bureau africain de la FIFA a un caractère permanent. Il ne pourrait donc être considéré comme une disposition temporaire. En parallèle, la FIFA prévoit de mettre en place un bureau d’accompagnement, spécialement pour la Coupe du Monde 2030. La Fédération internationale compte le faire également pour l’Espagne et pour le Portugal, qui disposeront, chacun, d’un bureau similaire.
À ce sujet, Abdelbasset El Hajoui rappelle que le Maroc et ses partenaires ibériques, l’Espagne et le Portugal, devront veiller à respecter des délais serrés: «ce ne sont pas que des infrastructures de base, mais aussi des télécommunications, des services de santé, des aéroports, la LGV, et des efforts marketing», explique l’académicien.
L’avenir du bureau parisien: un «déménagement» en perspective?
L’annonce de l’implantation du bureau de Rabat a suscité des interrogations sur l’avenir du bureau parisien, qui est l’un des pôles stratégiques de la FIFA, après ceux de Miami et de Zurich. Depuis quelques mois, des bruits circulent autour d’une possible fermeture ou d’une réduction des activités de l’entité basée dans la capitale française. Kenny Jean-Marie, ancien directeur de la division des associations membres, a fait part de ses inquiétudes concernant l’avenir de cette institution dans une interview accordée au journal Le Monde, il y a quelques mois. Le principal souci qu’il soulève porte sur ce qu’il considère comme «des promesses non tenues par Emmanuel Macron». «Nous risquons de devoir quitter Paris et de fermer le bureau», a-t-il ajouté. Alors, l’essor de Rabat pourrait-il signaler un changement dans les priorités de la FIFA, au point que certaines de ses fonctions soient éventuellement relocalisées vers Rabat dans un avenir proche? Pour l’instant, aucune piste ne se précise. Kenny Jean-Marie a d’ailleurs quitté l’organisation internationale en août 2024.
Enfin, l’implantation du bureau principal à Rabat s’inscrit dans la stratégie globale de la FIFA pour renforcer son positionnement mondial. Opter pour Rabat représente un tournant significatif, plaçant le continent africain au cœur des priorités de l’organisation, comme l’a toujours souhaité Gianni Infantino. Cela envoie un message clair de la part de la FIFA, soulignant son engagement à promouvoir le développement du football à l’échelle mondiale, et plus particulièrement en Afrique, où ce bureau pourrait jouer un rôle essentiel dans la revitalisation du sport. Son implantation à Rabat indique que le chemin à suivre est bien celui entrepris par le Royaume depuis quelques années.