L’Algérie vit un véritable cataclysme depuis la piteuse élimination de son équipe nationale dès le premier tour de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN), pour la deuxième édition d'affilée.
Annoncés parmi les favoris pour le sacre final, les Fennecs sont sortis par la petite porte prolongeant une série de 6 matchs sans victoire à la CAN (4 nuls et 2 défaites). Leur dernier succès remonte à la finale remportée en Égypte en 2019 face au Sénégal.
Cette nouvelle humiliation prolonge l’impressionnante série d'échecs et de déconfitures que traverse le pays ces dernière années, que ce soit au niveau politique, économique, sportif ou social. Mais surtout, elle vient contrecarrer les plans de la junte au pouvoir, qui tablait sur une bonne performance en Côte d’Ivoire pour apaiser la colère du peuple algérien. Mais au lieu d'une remise en question, on assiste à une vendetta contre le sélectionneur Djamel Belmadi.
L’homme de 47 ans, avait pris en main les Verts en août 2018. Il avait été encensé après avoir emmené l'Algérie au sommet du foot africain en remportant la CAN 2019, un sacre qui lui a valu le surnom de «ministre du bonheur» par les Algériens.
Aujourd’hui, une machine de diffamation visant à le salir est enclenchée pour le rendre impopulaire et le pousser à quitter son poste sans indemnités. Pour pousser Belmadi vers la porte de sortie, le régime a utilisé des méthodes indignes d’un Etat.
Tout a commencé par une dépêche de l’APS, l'agence de presse publique algérienne, dans laquelle on apprend que Belmadi avait annoncé sa démission à ses joueurs dans les vestiaires du stade de la Paix de Bouaké juste après la défaite contre la Mauritanie. Que l’on mesure un peu l’énormité de la manœuvre: l’agence de presse officielle annonce la démission d’un entraineur sur la base de ragots dans un vestiaire.
Pourtant, en conférence de presse d’après-match, l’ancien joueur de l’Olympique de Marseille n’a pas acté sa démission. «Quand on va rentrer au bled, on verra», avait-il seulement lâché au sujet de son avenir.
Dans la foulée, un tweet du président de la Fédération algérienne de football (FAF), Walid Sadi, est venu «officialiser» la chose: «J'ai rencontré le sélectionneur national Djamel Belmadi pour discuter des implications de cette élimination amère, et nous sommes parvenus à un accord amical pour mettre fin à notre relation et résilier le contrat qui lie l'entraîneur à la Fédération algérienne de football».
Un geste bizarroïde de la part d’un dirigeant de fédération qui, si un quelconque accord existe réellement, devait le rendre publique via les canaux officiels de l’instance (Site web et comptes officiels sur les réseaux), et non sur son compte X personnel.
Cela s’appelle faire pression sur un entraîneur pour le pousser à jeter le tablier.
Face au silence de l’intéressé, le sbire du régime, le commentateur Hafid Derradji, et les médias à la solde du pouvoir ont accusé d’une seule voix le coach de chantage et de manque de patriotisme. Il serait une sangsue intéressée seulement par la gain, un «Français qui vit au Qatar» et siphonne le Trésor public de précieuses devises. Il aurait demandé au président de la FAF la totalité de ses indemnités jusqu’à 2026 (date de la fin de son contrat) en échange de son départ, soit 7 millions d’euros.
Et une machine à salir Belmadi a été mise en branle par le régime algérien pour dissuader le coach de faire valoir ses droits.
Que Djamel Belmadi demande ses indemnités contractuelles est tout à fait dans l’ordre des choses, pourtant le régime algérien ne l’entend pas de cette oreille. Il a lâché sa meute médiatique contre un entraîneur dans le but de l’intimider et le dissuader de réclamer ses droits.
Les méthodes de gangsters du régime algérien contre Belmadi ne font pas l’unanimité parmi la population. Des voix se sont élevées pour demander que l’on respecte un entraîneur qui compte dans son palmarès une coupe d’Afrique des nations. Ce sujet a pris des proportions telles qu’il est en train de devenir une affaire d’Etat qui divise la société algérienne. D’un côté, il y a le régime qui veut se soustraire par des méthodes de voyou à ses engagements contractuels, de l’autre de larges franges dans la population dégoûtées par le lynchage d’un homme qui mérite le respect.