A la lecture de la moyenne d’âge de l'équipe nationale (28 ans)- la plus élevée du CHAN 2016- dans un article publié par un site spécialisé, de nombreux observateurs ont manifesté leur étonnement. A juste titre puisque la sélection des Locaux est censée offrir aux joueurs n’ayant pas l’occasion d’être sélectionnés en équipe A de disputer des matchs internationaux afin de faire valoir leur talent. L’objectif, donc, est de les préparer, ou du moins les plus méritants d’entre eux, à passer à l’étage supérieur.
Mais tel n’est vraisemblablement pas le cas. Un Adil El Karrouchi, joueur du Raja de Casablanca, âgé de 35 ans, a-t-il encore besoin d’être rodé ? Le fait est que M’hamed Fakhir, entraîneur de l’équipe nationale des Locaux, a enrôlé des joueurs pour la plupart des trentenaires. D’aucuns le lui reprochent. Mais quand on sait que ledit coach, surnommé le général, s’est vu fixé comme objectif d’atteindre les demi-finales, l’on comprend dès lors aisément qu’il fasse appel aux joueurs les plus performants et qu’il n’en ait cure des jeunes.
Sans doute y avait-il dès le départ une erreur de casting. En imposant à Fakhir l’obligation des résultats, on l’a acculé à l’obsessionnel «réalisme footballistique». C’est pour lui, «seul le tableau d’affichage compte»- comme disait l’entraîneur mythique Helenio Herrera, le père du catenaccio, qui a vécu un temps au Maroc avant d’entraîner, entre autres, la grande Inter de Milan des années 1960.
Grassement rémunéré (360.000 dirhams/mois), Fakhir est dans l’obligation de justifier son salaire. Au-delà de toute considération affective, il doit ramener des résultats. N’est-ce pas d’ailleurs l’une des raisons d’un quiproquo qu’il avait eu avec Badou Zaki en sélectionnant des joueurs que ce dernier envisageait de rappeler en équipe A ?
Le CHAN aurait pu être considéré comme l’occasion d’une rencontre festive entre pays d’un continent meurtri par les guerres, les maladies, la famine… Mais, sachant que même les droits TV de cette compétition ont été vendus au plus offrant, privant les férus du foot de suivre ses matchs, le doute est permis de s’interroger sur le bien-fondé de la création de ce tournoi. A moins qu’il s’agisse de renflouer les caisses de la CAF (Confédération africaine de football) dont le président, Issa Hayatou, est un fervent adepte du modèle blattrien.