Tous derrière les Lions de l’Atlas et Dima Maghrib

La joie des Lions de l'Atlas contre la Zambie, le mercredi 24 janvier 2024.

La joie des Lions de l'Atlas contre la Zambie, le mercredi 24 janvier 2024.. Le360 / Khadija Sabbar

Il n’y a pas d’autres dimensions que footballistiques pour ce match et les rivalités sportives entre les deux pays sont de faibles intensités, c’est donc un match contre eux-mêmes que les Lions doivent mener pour maintenir cette mobilisation populaire autour d’eux.

Le 30/01/2024 à 12h58, mis à jour le 30/01/2024 à 13h03

Dans tous les tournois officiels, que ce soit la Coupe du monde, la Coupe d’Afrique des Nations ou même la Ligue des Champions, les choses sérieuses ne commencent qu’avec la phase des matchs à éliminations directes. La phase de groupes permet de dégager les tendances, comprend son lot de surprises et les favoris bénéficient de sessions de rattrapage. On l’a vu lors de la dernière Coupe du monde, l’Argentine avait perdu son premier match face à l’Arabie saoudite, ça ne l’a pas empêché de finir championne du monde. 

Avec les huitièmes de finales les choses sérieuses viennent de commencer. Les premiers matchs de groupe ont permis à certaines équipes de frapper à la porte de l’élite en créant la surprise, la Guinée Equatoriale leader de son groupe devant le Nigéria et la Côte d’Ivoire, le Cap-Vert qui a terminé 5 points devant l’Egypte second, la Mauritanie qualifiée au détriment de l’Algérie pourtant tête de groupe. Avec cette nouvelle phase, aucune équipe n’a droit à l’erreur. 

En ce qui concerne les Lions de l’Atlas, la qualification aux phases éliminatoires de la compétition s’est accompagnée de la perte du statut de favori. Les séquelles du match contre la RD Congo, que l’équipe nationale marocaine a terminé sur les rotules et surtout sur les nerfs, y a grandement contribué. Ce n’est pas forcément une mauvaise nouvelle. Les équipes adverses vont aborder le Maroc avec ambition et laisser des espaces dans lesquels les attaquants marocains pourront se faufiler et se créer des occasions de buts. Les joueurs nationaux vont prendre conscience que rien n’est joué et qu’il leur faudra cravacher dur pour atteindre le graal. C’est dans leurs cordes à condition de faire preuve de solidarité, de travail, d’esprit collectif et d’efficacité défensive et offensive.

Le public marocain a pris conscience de la difficulté. Il sait aujourd’hui que les conditions dans lesquelles se déroulent les matchs ne sont pas optimales. La chaleur, l’humidité, l’engagement des équipes adverses et leurs motivations à défendre leurs couleurs respectives sont autant d’obstacles supplémentaires. Son niveau d’exigence va en tenir compte. Il restera intransigeant sur un seul aspect, la discipline et le respect. La fin du match contre la RDC, personne au Maroc n’en garde un bon souvenir d’autant qu’il a eu une suite avec la lourde sanction contre l’entraineur fétiche de la sélection Walid Regragui, même si elle a été annulée par la suite. L’image de cette belle équipe qui a séduit le monde entier au Qatar a été écorchée. Elle est partie à la reconquête des cœurs avec un excellent début face à la Zambie. Le Maroc a joué le jeu et ça n’a échappé à personne. Pour finir premier du groupe, le Maroc n’avait besoin que d’un match nul, pourtant les Marocains ont défendu crânement leur léger avantage et leur 3 points jusqu’à la fin comme si leur sort en dépendait.

C’est une belle attitude qui a généré un lien de sympathie entre les joueurs nationaux et le public ivoirien reconnaissant. Il est vrai que cette victoire qualifiait le pays hôte qui était bien mal en point après sa lourde et surprenante défaite face à la Guinée Equatoriale (4-0). Les Marocains auraient pu faire le choix égoïste de se débarrasser d’un concurrent sérieux à la victoire finale.

En football, il ne faut jamais se reposer sur ses lauriers. A cet effet, une équipe doit se renouveler et retenir les leçons du passé. En 1979, les Marocains avaient fait l’erreur de compter sur les vedettes de 1976, pour affronter la jeune équipe d’Algérie pour les éliminatoires des Jeux Olympiques de Moscou en 1980. Cela s’est traduit par une lourde défaite à Casablanca et une élimination finalement inutile, le Maroc boycottera les Jeux suite à l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS. La leçon a été retenue. Aujourd’hui, un an après Qatar 2022, de nombreux jeunes et certains blessés de l’époque ont rejoint l’équipe première, renouvelant ainsi les effectifs. Tarik Tissoudali, Yunis Abdelhamid et Amine Harit pour les plus anciens et Amir Richardson, Bilal El Khannouss, Abdessamad Azzelzouli et Chadi Riad que l’on verra probablement lors des prochains matchs ont apporté du sang neuf. On pourra compter sur eux pour la suite de l’édition et pour les prochaines. Pour y parvenir, il faudra franchir un premier obstacle et il est de taille, l’Afrique du Sud. 

C’est le premier plafond de verre qu’il faudra briser avant d’espérer aller plus loin. En effet, l’équipe des Bafana Bafana n’a jamais été un adversaire simple pour les Marocains, c’est d’ailleurs la seule équipe qui a réussi à battre l’équipe nationale depuis le Qatar et le bilan des confrontations est en leur faveur. C’est un défi supplémentaire qu’il faudra surmonter. Avant de réaliser le brillant parcours de 2022, le Maroc n’avait jamais éliminé l’Espagne, depuis les joueurs ont intégré que l’impossible était possible, ils devront s’en souvenir ce soir.

Il n’y a pas d’autres dimensions que footballistiques pour ce match et les rivalités sportives entre les deux pays sont de faibles intensités, c’est donc un match contre eux-mêmes que les Lions doivent mener pour maintenir cette mobilisation populaire autour d’eux. La vague qui a porté les joueurs depuis la Coupe du monde 2022 est loin d’avoir atteint les rivages, le vent qui l’a fait naitre souffle encore et doit continuer à souffler. Alors tous derrière les Lions de l’Atlas et Dima Maghrib.

Par Larbi Bargach
Le 30/01/2024 à 12h58, mis à jour le 30/01/2024 à 13h03