Il faut le voir pour le croire. Le Séville FC a remporté l'Europa League, ce mercredi 31 mai, en battant l'AS Rome (1-1 puis 4-1 au tab), à la Puskás Arena de Budapest. Pourtant, au début de la saison, rien ne les prédestinait à remporter cette compétition. D'autant plus que les Rojiblancos ont changé à trois reprises d'entraîneur.
En danger de relégation
Pour Youssef En-Nesyri et Yassine Bounou, l'exercice 2022-23 ne débute pas vraiment en fanfare avec leur club andalou. Le FC Séville n'y arrive pas et pointe à la 17e place de Liga. Car, en effet, les points manquent à l'appel, les Sévillans n'ayant remporté qu'une victoire en sept journées. Julian Lopetegui en payera les frais. Après trois saisons passées au Séville FC, l'entraîneur espagnol est remercié début octobre.
Jorge Sampaoli, qui connaît bien le club andalou pour l'avoir entraîné en 2016, prend sa suite, mais sans succès. Séville ne compte que deux victoires supplémentaires et est toujours relégable avant la trêve internationale, cette fois-ci à la 18e place. Rien ne va, car en parallèle, les Andalous disputent aussi la Ligue des champions. Et là encore, les résultats n'étaient pas satisfaisants avec une seule victoire acquise lors des phases de poules. Ainsi, en concurrence avec Dortmund et Manchester City dans le groupe G, Séville termine troisième de son groupe et est relégué en barrage de l'Europa League.
Des heureux mondialistes
Les championnats font un break à partir de novembre afin de laisser place à la Coupe du monde. Ironiquement, le Mondial 2022 fait du bien aux quelques Sévillans qui y participent. Yassine Bonou et Youssef En-Nesyri en font partie. L'histoire est connue de tous. Les deux Marocains se hissent en demi-finale avec les Lions de l'Atlas, une performance historique pour une nation africaine et arabe. Néanmoins, il n'y a pas que la diaspora marocaine de Séville qui brille au Qatar.
Les Argentins Gonzalo Montiel, Papu Gomez et Marcos Acuna font aussi partie de l'aventure avec leur pays. Ils ne s'arrêtèrent pas en demi-finale comme les deux lions de l'Atlas, car l'Argentine est en mission pour offrir sa première Coupe du monde à Lionel Messi. Après une finale d'anthologie face à la France (3-3 ap, 4-2 aux tab), l'Albiceleste des trois sévillans est sacrée championne du monde.
Mendilibar, un choix qui vaut l'Europe
Séville récupère donc certains de ses joueurs, un peu lessivés par le tournoi, certes, mais d'aplomb pour la seconde partie de saison. Le club espagnol possède désormais dans ses rangs des demi-finalistes et des champions du monde, de quoi être dans les meilleures conditions pour se maintenir en Liga. Mais au niveau national, toujours, les résultats n'évoluent pas. Entre une élimination en quart de finale de Coupe du Roi ou un retour à la 17e place de Liga après un revers 6-1 face à l'Atlético de Madrid, rien ne va plus pour Séville, ou presque.
Le club andalou ne peut se contenter que d'une qualification en huitième de finale de Ligue Europa, après des barrages remportés de peu face au PSV (3-2 au cumul) pour rêver. La compétition européenne, dont les Sévillans possèdent le plus de titres - 6 à l'époque - n'est pas négligeable car elle pourrait permettre aux Andalous de se qualifier en Ligue des champions l'an prochain, malgré une position peu avantageuse en Liga. L'ambition européenne s'intensifie de jour en jour après l'arrivée de José Luis Mendilibar, qui prend la relève de Jorge Sampaoli le 21 mars. Cette date signe la fin du déclin sévillan, qui se transforme en renouveau.
Youssef En-Nesyri, auteur d'un début de saison en dessous de ces standards, avec deux buts inscrits en dix-neuf rencontres, renaît en deuxième partie de saison. Comme son club, l'attaquant monte en puissance et inscrit 16 réalisations. Les Andalous ne perdent plus, du moins, les défaites se font rares. Deux déconvenues seulement en championnat pour le Séville FC made in Mendilibar dans sa course pour le maintien. Il enchaîne même les surprises en Europa League, en sortant Manchester United avec la manière (5-2 au cumul) en quart de finale puis la Juventus (2-1 ap) en demi-finale.
C’est ainsi que Séville se retrouve finaliste - presque - surprise de C3 et 11e de Liga, à une journée de la fin du championnat espagnol. Yassine Bounou et Youssef En-Nesyri reviennent de loin et un sacre en Europa League, hier, face à l'AS Rome, a tiré un trait définitif sur la mauvaise passe du club andalou. De relégables, les Sévillans se sont hissés sur le toit de l’Europe. Ils vont défier dans les prochains mois Manchester City ou l’Inter Milan lors de la Supercoupe de l’UEFA avant de jouer la Ligue des champions la saison prochaine. Un parcours qui force le respect.
