Raja–Marsa Maroc: l’accord scellé ce samedi 2 août

Logos du Raja et de Marsa Maroc

Demain, samedi 2 août, le Raja Club Athletic franchira un tournant historique en signant avec Marsa Maroc un partenariat stratégique qui activera officiellement sa transformation en société sportive. Une première au Maroc.

Le 01/08/2025 à 11h05

C’est une page d’histoire que s’apprête à tourner le Raja Club Athletic. Ce samedi 2 août, l’association qui gère le club casablancais signera officiellement son partenariat avec Marsa Maroc. Une opération fondatrice, qui activera enfin la société Raja SA, créée en 2019 mais restée en sommeil jusqu’ici.

«La loi 30-09 existe depuis dix ans. Il est temps de l’appliquer », nous déclarait il y a quelques semaines Jawad Ziyat, président du club, en prélude à l’assemblée générale élective. Ce moment est arrivé. Objectif: rompre avec un mode de gouvernance devenu obsolète, basé sur une gestion bénévole, vulnérable face aux exigences économiques et sportives du football moderne.

Ziyat avait d’ailleurs été l’un des premiers à alerter sur les limites du modèle associatif. «Ce fonctionnement n’est plus adapté à un club de l’envergure du Raja. Il est urgent d’instaurer une gouvernance stable, professionnelle, tournée vers la performance et la durabilité», soulignait-il. Depuis trois ans, un travail de fond a été mené, associant anciens présidents, figures historiques et partenaires institutionnels.

60-40

Le montage financier repose sur une logique claire: l’Association transférera à la société des actifs valorisés à 100 millions de dirhams, en particulier les droits sur la marque Raja et les contrats des joueurs. En parallèle, Marsa Maroc injectera 150 millions de dirhams, en trois tranches sur trois saisons sportives. Au total, le capital social de Raja SA atteindra 250 millions de dirhams, ce qui en fera la société sportive au capital le plus élevé du pays. Marsa Maroc en détiendra 60%, contre 40% pour l’Association.

«C’est un calcul purement mathématique. L’Association transfère 100 millions, Marsa Maroc en apporte 150. Donc 60/40, c’est logique», explique Ziyat. Mais au-delà des chiffres, c’est une révolution culturelle et structurelle qui s’opère au sein du club casablancais.

La valorisation globale des actifs du Raja s’élève à 510 millions de dirhams : 80 millions pour l’effectif professionnel, 150 millions pour la marque et 280 millions pour l’académie. Après déduction des dettes, estimées à 130 millions, la valeur nette ressort à 380 millions. Toutefois, seule une partie, évaluée à 100 millions, sera effectivement transférée à Raja SA. L’académie, bien qu’incluse dans l’évaluation, restera propriété exclusive de l’Association, qui la mettra à disposition de la société via une convention dédiée.

Le contrat de gestion, qui sera signé demain, encadrera les relations entre l’Association et la nouvelle entité Raja SA. Ce document précisera les règles du jeu : répartition des responsabilités, modalités de collaboration, durée de l’accord, flux financiers... Il garantira le respect de la loi 30-09 et posera les fondations d’une coopération équilibrée entre les deux structures.

«Il n’y a aucune raison d’avoir peur. Ce passage à la société est une chance historique pour le Raja et pour le football marocain. Nous devons la saisir», affirme avec conviction Jawad Ziyat.

En rupture avec les logiques de crise et de précarité qui ont longtemps fragilisé la gestion des clubs marocains, ce basculement marque une nouvelle étape. Une gouvernance moderne, des moyens consolidés, un investisseur crédible et une stratégie claire: tous les ingrédients sont réunis pour redonner au Raja l’élan qu’il mérite, tant sur la scène nationale que continentale.

Mais au-delà du seul Raja, cette signature ouvre la voie à une refondation plus large du sport professionnel au Maroc. Le club casablancais devient le premier à concrétiser un partenariat capitalistique avec un acteur institutionnel. Une démarche qui pourrait bien inspirer d’autres grands noms du football national. Car demain, c’est peut-être tout un écosystème qui franchira le pas.

Par Adil Azeroual
Le 01/08/2025 à 11h05