Ce lundi 7 juillet 2025 marque un tournant historique pour le Raja Club Athletic, qui s’apprête à entrer dans une nouvelle ère en officialisant sa transformation en société anonyme, sous l’appellation RAJA SA. Les adhérents du club se réuniront pour une assemblée générale ordinaire et extraordinaire, où deux sujets majeurs seront débattus: l’élection d’un nouveau président parmi trois candidats expérimentés et la validation de ce projet ambitieux de restructuration économique et institutionnelle.
Cette évolution, attendue depuis près de quinze ans, fait suite à la loi 30-09 régissant le sport au Maroc, qui encourage la professionnalisation des clubs par la création de sociétés sportives. Le Raja devient ainsi le premier club marocain à associer un investisseur institutionnel à son capital, avec l’objectif clair d’instaurer une gouvernance moderne, transparente et durable, alignée sur les standards internationaux.
La valorisation du patrimoine économique du club a fait l’objet d’une évaluation rigoureuse, reposant sur des critères comptables modernes. Les actifs bruts du Raja ont été estimés à 510 millions de dirhams, répartis entre l’effectif professionnel, la marque Raja et son académie. Après prise en compte des dettes, la valeur nette globale s’établit à 380 millions de dirhams. Toutefois, seuls certains actifs, à hauteur de 100 millions de dirhams, seront transférés à RAJA SA, l’académie restant la propriété de l’association.

Le financement de la nouvelle structure prévoit une augmentation de capital significative, passant de 300.000 à 250 millions de dirhams. L’association Raja Club Athletic apportera ses actifs à hauteur de 100 millions, tandis que l’investisseur institutionnel, Marsa Maroc, injectera 150 millions, répartis sur trois saisons sportives. Cette répartition se traduira par une détention de 60% du capital pour Marsa Maroc et 40% pour l’association.
Un contrat de gestion sera signé pour encadrer les relations entre l’association et la société anonyme, fixant les modalités de fonctionnement, la durée de l’accord et les flux financiers. Ce dispositif garantit le respect des dispositions de la loi 30-09 tout en assurant une collaboration étroite entre les deux entités.
Ce passage à une gestion professionnelle marque une rupture avec le modèle associatif traditionnel, souvent fragilisé par des crises internes et des difficultés financières récurrentes. Grâce à cette nouvelle gouvernance, le Raja espère renforcer ses bases sportives, améliorer sa compétitivité sur la scène nationale et continentale, et s’imposer comme un acteur majeur du football marocain.

Cette transition s’inscrit aussi dans le cadre plus large des Orientations Royales de 2008, qui appellent à la professionnalisation et à la diversification des sources de financement dans le sport marocain, notamment par des partenariats public-privé. Le modèle adopté par le Raja pourrait ainsi servir d’exemple à d’autres clubs du pays, en quête d’une stabilité durable et d’une gestion plus efficiente.
Cette mutation historique s’accompagne d’un rendez-vous électoral décisif. Trois hommes, bien connus du paysage footballistique national, sont en lice pour prendre les rênes du club. Tous ont déjà occupé ce poste à différents moments, avec des fortunes diverses, et chacun revient aujourd’hui avec l’ambition d’ouvrir une nouvelle page dans l’histoire du club.
Jawad Ziyat, Said Hasbane et Abdellah Birouain incarnent trois profils distincts, porteurs de visions propres pour guider le Raja dans cette phase cruciale de sa transformation en société anonyme.
Jawad Ziyat, à la tête du Raja entre 2018 et 2020, a offert au club trois trophées majeurs (1 Supercoupe d’Afrique, 1 Botola Pro et 1 Coupe de la Confédération). Said Hasbane, quant à lui, revient après avoir remporté la Coupe du Trône, avec la ferme intention de concrétiser des projets qu’il n’avait pu mener à terme.
Enfin, Abdellah Birouain, président par intérim depuis février dernier, mise sur une approche rigoureuse, axée sur la structuration technique et financière du club.
Ziyat promet méthode, titres et solidité financière
Ziyat a détaillé, dans un entretien accordé au 360, sa vision d’un Raja moderne et structuré: «nous allons bâtir une entreprise qui respecte l’ADN du Raja, tout en introduisant rigueur, méthode et stratégie. Le monde du football a changé. Il faut que le Raja change avec lui».
«J’aimerais voir un club avec un chiffre d’affaires doublé, une situation financière saine, plusieurs titres gagnés, et surtout un socle solide transmis à une nouvelle génération de dirigeants», affirmait Ziyat avec ambition.
Un second souffle pour Hasbane?
De son côté, Said Hasbane, président du Raja entre 2016 et 2018, a justifié sa candidature lors d’une conférence de presse. Sous son mandat, le club a remporté la Coupe du Trône en 2017, mais a également connu des tensions internes au cours de sa période. «Je n’ai pas eu la pleine opportunité de concrétiser mes idées et de travailler comme je le souhaitais. Je me suis lancé un défi personnel en me portant candidat à la présidence du Raja cette fois-ci, avec l’intention de travailler sérieusement et de respecter toutes les opinions. Ce sont les élections qui trancheront et détermineront la liste qui dirigera le club», a-t-il déclaré.
Birouain, le choix de la continuité
À la tête du club par intérim depuis février dernier, suite au départ d’Adil El Hala, Abdellah Birouain souhaite aujourd’hui prolonger son action en obtenant un mandat plein.
«Nous nous engageons à désigner une direction sportive et technique à la hauteur du Raja de Casablanca, capable de répondre aux attentes de ses supporters. Sa mission sera de bâtir une équipe compétitive année après année, tout en supervisant l’ensemble des étapes de la formation professionnelle», a-t-il affirmé.
Conscient de l’importance de la transformation juridique du club, il insiste sur la portée du projet: «nous poursuivrons l’activation de la société sportive, un projet d’État comme chacun le sait. Nous nous engageons également à augmenter et diversifier les revenus du club à un rythme annuel de 20%, selon un plan d’action soigneusement élaboré».
Plus qu’un scrutin, cette assemblée marque l’entrée du Raja dans une nouvelle ère. L’activation de la société anonyme et l’investissement stratégique de Marsa Maroc offrent une opportunité unique de stabilisation financière, de développement sportif et de rayonnement continental. Le choix du futur président déterminera la vitesse et la solidité de cette transformation.