Raja: l’opposition de modèles, le combat des chefs

Maillot du Raja de Casablanca.

ChroniqueCinquièmes au classement de la Botola Pro, au terme d’un parcours qui a bifurqué entre le terne et l’exaspérant, les Aigles verts attendent Godot ou Zorro. Un dirigeant ou un président qui viendrait sortir le RCA de sa léthargie.

Le 22/05/2025 à 15h22

Depuis plus d’une décennie, le Raja vit une instabilité institutionnelle et financière chronique. Cette situation, que beaucoup de fans des Vert et Blanc vivent mal, a fini par impacter le volet sportif, comme le prouve l’exercice 2024-2025.

Cinquièmes au classement de la Botola Pro, au terme d’un parcours qui a bifurqué entre le terne et l’exaspérant, les Aigles verts attendent Godot ou Zorro. Un dirigeant ou un président qui viendrait sortir le RCA de sa léthargie. Pour le moment, trois solutions se profilent à l’horizon, sous réserve de la bénédiction du Parlement du club.

L’info parue lundi dernier sous forme d’un communiqué a fait le buzz. Abdeslam Belkchour ne se présentera pas à la présidence du Raja. L’actuel Président de la Ligue professionnelle a marqué sa déception «face au blocage que connait le club ces dernières semaines».

Belkchour, qui se revendique rajaoui, puisqu’il a été adhérent du club dans un passé lointain, déplore le refus de l’actuel président Birouaine de fixer une date où se tiendrait l’assemblée générale et d’ouvrir les adhésions pour tenir un scrutin démocratique.

Cette sortie sur son profil Facebook a donc mis un terme aux velléités du dirigeant, qui avaient démarré de manière informelle au mois de janvier dernier. Belkchour avait alors commencé à sonder les adhérents, avant de mettre noir sur blanc un projet ayant pour objectif de sortir le Raja de l’ornière, tant sur le plan sportif que sur le plan financier.

Pour Belkchour, le moment était idéal et l’offensive pour prendre les commandes était prévue pour l’intersaison. Toutefois, on peut se demander si ce renoncement est définitif, ou s’il s’agit seulement d’un repli stratégique en vue de provoquer une réaction des adhérents, notamment les plus turbulents ou les plus actifs sur les réseaux sociaux.

Abdeslam Belkchour a nommément pointé du doigt l’actuel président. Ce dernier a pris ses fonctions de pompier de service, à la place d’un Adil Hala démissionnaire. Il bénéficie pour le moment de trois atouts non négligeables.

Tout d’abord, il a son certificat de rajaouisme assumé et revendiqué puisqu’il a fait partie de l’exercice démocratique du club pendant plusieurs décennies. Ensuite, ce ténor du barreau a fait ses armes de dirigeant dans l’ombre de présidents aussi respectables que Abdellah Rhallam.

Enfin, Birouaine contrôle l’appareil du club et a coupé l’herbe sous le pied de son challenger déclaré puisqu’il vient de réaliser un premier gros coup avec le recrutement de Badr Benoun. Une décision qui a mis tous les fans de son côté. Birouaine a eu le mérite de réparer les erreurs de gestion et de casting de son prédécesseur dans un temps record.

Le nom de Ben Malango a également été avancé, histoire de faire monter la pression de la part de l’actuel président qui a conditionné son maintien lors d’une interview exclusive accordée au 360 «à la création enfin d’une vraie société où chacun assumera ses responsabilités de manière adéquate». Un objectif en ligne de mire probablement en coordination avec les sages du club.

Ces derniers travaillent depuis deux ans avec le souci de restructurer le Raja. Leur homme est l’ex Président Jawad Ziyat. Son profil de gestionnaire est mis en avant, d’autant plus qu’il devrait amener, avec la bénédiction de ses pairs Rhallam et Ammor, une solution clé en main. Une société publique de renom, qui serait prête à injecter 150 millions de dirhams pour remettre le club à flot, régler définitivement les litiges, résorber enfin la crise financière et proposer un mercato XXL.

Ziyat, fort de ses deux années glorieuses entre 2018 et 2020 à la tête du Raja, se verrait en recours pour prendre les destinées de la société sportive, à la différence de ses anciennes prérogatives. Le rendez-vous de ce samedi 24 mai avec les adhérents, devrait dicter la feuille de route du club pour les prochains mois. Ziyat arrivera-t-il à les convaincre? Peut-il représenter l’alternative moderne que veulent beaucoup de Rajaouis, toutefois nostalgiques de la gestion visionnaire des sages lors des 20 glorieuses de l’histoire des Vert et Blanc? Enfin, est-il compatible avec Birouaine dans une dyarchie où chacun occuperait un espace défini: à l’avocat l’association, et au gestionnaire d’entreprises, la société.

Dernière inconnue dans cette équation où l’intérêt général doit primer sur les égos: Quel rôle tiendra Said Hasbane? Peut-il sursoir à sa volonté d’être le recours ou le sauveur en faveur du ticket Birouaine-Ziyat? Mettra-t-il son carnet d’adresse, et ses éventuels supports émiratis au service du club ou préférera-t-il jouer sa partition en solo? Laissera-t-il de côté son projet de campagne où tel un François Hollande, il commence chaque phrase par le fameux «Moi Président»?

Voilà autant d’interrogations que tout amoureux du Raja peut se poser légitimement au moment où ce club référence est à un tournant important de son histoire. Un tournant fondamental, pour peu que l’intérêt général l’emporte face à l’égo de dirigeants qui aimeraient tous être Califes à la place du Calife.

Par Amine Birouk
Le 22/05/2025 à 15h22