Au sortir du joug du colonialisme, cette démarche était ambitieuse et nécessitait engagement et volontarisme. La Fédération Royale Marocaine de Football a pourtant eu du mal à intégrer le concert des nations. Elle a été sanctionnée par l’organisme mondial de gestion de ce sport, la FIFA, à cause de son soutien à l’équipe du Front de Libération National algérien.
Cette équipe était boycottée par la communauté internationale à l’instigation du gouvernement français. Passant outre cette interdiction, le Maroc, avec la Tunisie et la Libye, a participé à un tournoi maghrébin à Tunis en 1958 auquel participait le FLN, bravant ainsi une interdiction internationale.
La politique n’est jamais très éloignée du sport en général et du football en particulier. Cette sanction sera finalement levée en 1960, permettant à la Fédération Royale Marocaine de Football de rattraper son retard, d’organiser des compétitions internationales de renom et de constituer une équipe nationale de haut niveau.
La première compétition d’envergure organisée au lendemain de l’indépendance, les Jeux panarabes de 1961 à Casablanca, a contribué à la formation d’une équipe nationale marocaine de football compétitive. Cette édition sera d’ailleurs remportée par les Lions de l’Atlas.
L’équipe a brillé par la suite. Lors des éliminatoires de la Coupe du Monde 1962, elle a surmonté toutes les étapes continentales avant d’être éliminée lors des barrages face à l’équipe d’Espagne. Elle participera au boycott africain du mondial anglais de 1966 dont l’objectif était d’obtenir une place dédiée au continent.
Une revendication qui va finalement aboutir et permettre au Maroc d’être le premier pays africain qualifié à la Coupe du Monde ; c’était au Mexique en 1970. Ce rôle de représentant africain, le Maroc va le jouer aux Jeux Olympiques également avec une qualification en 1964, en 1968 (édition boycottée) et en 1972.
Ce rôle de précurseur aura des suites; on va en retenir deux: la qualification du Maroc en demi-finale de la Coupe du Monde en 2022 au Qatar et la médaille de bronze des U-23 à Paris en 2024. Dans le domaine de l’événementiel, le Maroc a également été précurseur. C’est la première nation africaine à s’être portée candidate à l’organisation d’un mondial.
Plusieurs échecs et années plus tard, il finira par convaincre. Le mondial 2030 est prévu au Maroc, en Espagne et au Portugal. Entre-temps, le Royaume organisera cinq éditions du mondial féminin des U-17, la Coupe du Monde des Clubs sous sa nouvelle formule en 2029, la Coupe d’Afrique des Nations 2025 et d’importantes autres compétitions à caractère continental.
Cette confiance des institutions internationales s’explique par le nombre d’événements brillamment organisés par le pays: les Jeux Méditerranéens en 1983 à Casablanca, les Jeux Panarabes de 1985 à Rabat, trois éditions de la Coupe du Monde des Clubs (ancien format) et la Coupe Mohammed V, un des tournois d’été les plus importants des années 60.
Ce tournoi a eu son heure de gloire bien avant les tournées d’été aux États-Unis et en Asie. Un grand nombre de champions continentaux y ont participé dans le cadre de leur présaison : Inter de Milan, Real Madrid, Bayern Munich, FC Barcelone, Ajax d’Amsterdam, Atlético Madrid, Dynamo de Kiev et Anderlecht pour l’Europe ; Flamengo, Sao Paulo, Peñarol, Boca Juniors et Estudiantes pour l’Amérique du Sud ; Wydad, AS FAR, Raja, MAS, KACM, Canon de Yaoundé et Hafia de Conakry pour l’Afrique.
Enfin, Le Maroc a organisé la Coupe d’Afrique des Nations en 1988. Cette CAN que le Maroc va organiser pour la deuxième fois cette année ne lui a pas toujours souri. Ce n’est qu’en 1972 qu’il réussira à se qualifier aux phases finales. Il avait échoué en 1963 (éliminé par la Tunisie) et en 1970 (par l’Algérie). Il se rattrapera deux ans plus tard en éliminant les Fennecs et les Pharaons d’Égypte. Cette édition 72 qui s’est déroulée au Cameroun a vu la victoire du Congo; le Maroc éliminé au premier tour par tirage au sort n’a pourtant perdu aucun match.
C’est en 1976 que les Marocains vont vraiment faire leur entrée en Coupe d’Afrique. En plus d’être leur premier titre (le seul à ce jour), les Marocains gardent un souvenir poignant de cette édition. Elle correspond à une année faste pour le peuple marocain: celle de la récupération du Sahara marocain à l’issue de la glorieuse Marche Verte.
Un cadeau inoubliable au peuple marocain dont le renouvellement est attendu par toute une génération cette année. Le but marqué par Baba sur un tir puissant à la dernière minute du match face à la Guinée — synonyme de victoire finale — est dans toutes les mémoires.
Le regretté Gharbi, commentateur à la radio, a définitivement perdu la voix, à l’issue de ce match ; il fallait bien transmettre l’émotion du but par sa voix car le match n’avait pas été transmis par la télévision.
Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis et la CAN 2025 s’annonce comme la plus belle de tous les temps; sa réussite permettra d’inscrire définitivement le football africain à sa place légitime en haut de l’affiche. Une victoire marocaine sera la cerise sur le gâteau.
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