Depuis plus d’un an, la défense centrale du Maroc avance comme un chantier à ciel ouvert. En août dernier, Walid Regragui reconnaissait sans détour: «On n’a pas encore trouvé l’ossature», ajoutant que «personne ne s’est imposé à côté de Nayef». Le sélectionneur cherchait alors un complément, un relais fiable pour stabiliser l’axe. Problème: à l’approche de la CAN, non seulement le poste aux côtés d’Aguerd n’est toujours pas tranché, mais le défenseur de l’Olympique de Marseille lui-même se retrouve écarté pour pubalgie. Le chantier initial se transforme en casse-tête structurel: il ne s’agit plus de trouver l’homme idéal pour accompagner Aguerd, mais de reconstruire tout un socle.
Sans ce dernier, plusieurs scénarios s’offrent au staff. Dans une défense à quatre, le retour de Romain Saïss apparaît comme l’option la plus rassurante. Ancien capitaine, mémoire vive du vestiaire, il connaît les mécanismes, les temps forts et les temps faibles de cette équipe. À ses côtés, Jawad El Yamiq reste une solution crédible: droitier, habitué des missions d’urgence, il offre puissance, vitesse et une vraie capacité à défendre les grands espaces.
Lire aussi : Le Maroc peut-il faire sans Hakimi et Aguerd?
Une autre piste existe: celle d’Adam Masina. Regragui l’avait testé et plutôt apprécié lors des amicaux de juin, où le joueur du Torino avait montré une certaine solidité malgré le contexte. Mais depuis, Masina enchaîne les apparitions limitées en club et n’a pas totalement convaincu lors des sorties de septembre et d’octobre. Son manque de rythme reste une interrogation majeure à quelques semaines d’une CAN où le moindre détail compte.
Plus loin dans la hiérarchie, Abdelhamid Aït Boudlal incarne l’avenir, un pari sur le moyen terme, mais le propulser titulaire dans une défense déjà en quête de repères comporte forcément une part de risque.
L’absence d’Achraf Hakimi ajoute une couche d’incertitude. Sportivement, c’est le latéral le plus influent du groupe, celui qui casse des lignes et change des matchs. Hiérarchiquement, il est le capitaine, le relais naturel du sélectionneur. Sans lui, la logique veut que Noussair Mazraoui soit fixé à droite, dans un rôle qui demande rigueur, relance propre et leadership défensif. Mazraoui coche ces cases et peut sécuriser un couloir fragilisé par les absences au centre.
À gauche, la concurrence reste ouverte: Youssef Belaamari, Anas Salah-Eddine, fraîchement convoqué , ou Mohamed Chibi qui a occupé ce rôle lors de la CAN en Côte d’Ivoire. Là encore, trouver la bonne combinaison entre prudence, projection et complémentarité avec l’axe devient crucial pour solidifier la ligne.
Lire aussi : Walid Regragui sur Achraf Hakimi: «On fera tout pour qu’il revienne à la CAN à 100%»
Reste une question: faut-il tester une défense à trois? Le schéma de référence des Lions demeure le 4-1-4-1, colonne vertébrale du cycle Regragui. Y toucher à quelques semaines de la CAN n’est pas anodin. Mais cette trêve de novembre offre un terrain d’expérimentation: un trio El Yamiq–Saïss– Aït Boudlal, avec Mazraoui et Salah-Eddine en pistons, pourrait permettre de masquer certaines absences tout en densifiant l’axe.
Depuis quelques mois, la question était simple: «Qui jouera à côté d’Aguerd?» Aujourd’hui, elle s’est inversée: «Comment jouer sans Hakimi… et sans Aguerd?» Le décor a changé, la problématique est montée d’un cran, mais la réalité demeure: la défense marocaine est en pleine zone de turbulence. Pour la CAN, Walid Regragui devra encore s’adapter, s’appuyer sur ses repères et, peut-être, sur l’expérience de son ancien capitaine pour éviter que cette ligne fragile ne devienne le talon d’Achille des Lions.








