Pour le match retour en Tanzanie, comptant pour cette finale de la Coupe de CAF, la RSB s’est présentée avec la ferme intention de gérer son avantage acquis à l’aller (2-0). Défense basse, latéraux inoffensifs, Lamlioui seul au monde sur le front de l’attaque, des milieux jouant avec le frein à main alors qu’ils sont capables d’évoluer dans un registre de box-to-box (Khairi, Labhiri, Mehri, Riahi)…
1-1, consécration du club marocain, c’est tout ce qu’on retiendra. Quant au reste…
Sans être une purge, cette finale retour a été une déception. La RSB a réglé l’affaire grâce à des faits de jeu extrêmement favorables (supériorité numérique dès la 50ème minute, but invalidé pour Simba), mais sans montrer grand-chose sur le plan du jeu. Mais est-ce une surprise? Pas vraiment.
Le climat ou la fatigue de fin de saison n’y sont pour rien. En demi-finale, déjà, la RSB de Mouine Chaabani nous avait fait le même coup. Après un match aller réussi et une victoire probante à Berkane (4-0), les Marocains ont fait un non-match au retour à Constantine, en refusant le jeu. C’est donc une habitude, un réflexe.
Chaabani et ses troupes ont donc reconduit le même principe: faire la plein à domicile et jouer la montre en bétonnant à l’extérieur. Cela a marché au final puisque Berkane vient de gagner sa troisième C3. Et ceux qui gagnent ont toujours raison. Mais il restera un petit fond de frustration puisque les observateurs africains ne connaitront jamais la valeur réelle de cette équipe. Entre son visage toujours séduisant à domicile, et celui pâle et attentiste des retours à l’extérieur, la vérité de cette équipe s’est perdue.
Avec un autre format pour cette finale, si la CAF avait décidé de la jouer en match unique, sur terrain neutre, on aurait vu la RSB et Simba à leur meilleur niveau, jouant leur va-tout et jetant toutes leurs armes offensives dans la bataille, sans tomber dans des calculs d’épiciers. La RSB aurait sans doute gagné la finale, mais avec panache, offrant une belle publicité pour le foot africain.
Il faut arrêter avec cette litanie qui consiste à dire que les finales ne se jouent pas mais se gagnent. C’est une devise d’un autre âge, révolue. Le curseur du foot moderne a bougé, et fort heureusement. Ce n’est pas l’enjeu mais le calcul qui tue le jeu. Sur deux matchs, qui plus est avec la fâcheuse règle du but marqué à l’extérieur, le calcul devient roi et le jeu est toujours perdant.
Regardez d’ailleurs le match aller de la finale de C1, ayant opposé le Mamelodi Sundowns aux surprenants Egyptiens de Pyramids. Malgré une très nette domination et supériorité des premiers, la manche aller s’est soldée par un triste nul (1-1). Au retour, Pyramids peut devenir champion en décrochant un bon 0-0 des familles…
Des champions sans panache, voilà ce que la règle du jeu continue de nous réserver. La dernière finale digne de ce nom est celle qui a opposé, en 2022, le Wydad à Al-Ahly (2-0), disputée en «one shot», où les deux équipes se sont totalement livrées, avec une belle opposition de styles et du jeu, beaucoup de jeu.
Il faut que la CAF revienne à ce format et en urgence, pour libérer le jeu et les joueurs. A bon entendeur.