Lors de son allocution ce mardi 29 octobre 2024 au Parlement, Emmanuel Macron n’a pas manqué de faire allusion au sport. S’adressant aux deux chambres réunies, le prestigieux hôte du Royaume a évoqué «la passion partagée des deux pays pour le football» et exprimé le souhait «que la Coupe du Monde 2030 au Maroc soit un succès». En bon fan de foot, Macron a également évoqué la demi-finale du Mondial 2022 qui avait opposé les Lions de l’Atlas aux Bleus et qui restera «l’un des grands moments de la Coupe du Monde».
Ce moment de passion, de communion et de partage a été le dernier épisode d’une relation marquée tantôt par une rivalité à distance, tantôt par une complémentarité. D’ailleurs, l’hôte de l’Élysée a souligné que les joueurs marocains évoluant en France font rêver, en faisant particulièrement référence à Achraf Hakimi et Amine Harit. Ces deux fleurons de notre sélection nationale sont les dignes héritiers de tant de légendes marocaines venues en France pour gagner leur vie grâce au football. Feu Larbi Ben Barek en a été un pionnier. La «Perle Noire» fut le premier ambassadeur du talent marocain. Abderrahmane Mahjoub, surnommé le «Prince du Parc», a été son successeur naturel, devenant le premier joueur marocain à disputer la Coupe du Monde en 1954. Enfin, Abdeslam, de la fameuse triplette du WAC, a marqué l’histoire du football par sa capacité à faire vibrer les foules et a même touché la politique en abordant le président René Coty lors d’une finale de Coupe en 1954 pour réclamer le retour d’exil de feu Mohammed V.
D’autres grands noms nés au Maroc ont servi la cause du football français, tels que le grand Hassan Akesbi, Tibari, Bettache et Abdellah Zhar. Tous ces joueurs ont appartenu à la célèbre sélection marocaine qui a défié l’Espagne de Di Stefano lors des barrages du Mondial 1962. Plus récemment, des joueurs comme Krimau, Bouderbala, Haddaoui, et Hadji ont, chacun à leur manière, renforcé les liens entre nos deux pays. Aujourd’hui, plusieurs joueurs binationaux formés en France apportent une réelle valeur ajoutée à l’équipe nationale, à l’instar de Benatia, Saiss, Fajr, Belhanda, Boufal, etc.
En sens inverse, la France a apporté le cadre juridique et les infrastructures qui ont permis à notre sport, notamment au football, de faire ses premiers pas dès 1912, puis de gagner en maturité dans les premières années de l’indépendance. Sans l’expertise de certains coopérants qui ont compris les spécificités de notre pays, le football marocain aurait eu du mal à atteindre rapidement son rythme de croisière. Trois noms illustrent cette réalité: Guy Cluseau, Henri Michel et Hervé Renard.
Le premier, Guy Cluseau, a façonné pièce par pièce la grande équipe des FAR des années 1960 et 1970. Rigoureux, sévère et méthodique, Cluseau a posé les jalons de la sélection marocaine de Mexico 1970. Henri Michel, quant à lui, a apporté sa contribution pendant cinq longues années, permettant un retour en force des Lions de l’Atlas entre 1995 et 2000. Ce natif d’Aix-en-Provence, grâce à sa bonhomie et ses talents de pédagogue, a aidé des joueurs comme Naybet, Hadrioui, Tahar, Bassir et Camacho à faire valoir leur talent en Europe, contribuant ainsi à renforcer les capacités de la sélection marocaine.
Enfin, Hervé Renard a été à l’origine du retour sur le devant de la scène que nous vivons depuis 2016. La qualification pour le Mondial 2018 après une absence de 20 ans est en partie son œuvre. Bien que cette œuvre reste incomplète, un certain Walid Regragui, pur produit de la formation française et Marocain de sang et de cœur, a su la bonifier, atteignant les demi-finales en 2022 lors de ce France-Maroc qui restera gravé dans nos cœurs à jamais.
Achraf Hakimi et Kylian Mbappé lors de la demi-finale du Mondial 2022 entre le Maroc et la France.