Chaque année, le 6 novembre, le peuple marocain commémore l’anniversaire de la glorieuse Marche Verte. Dans la vie de tous les Marocains, quelles que soient leurs convictions politiques ou religieuses, cette date restera pour toujours un moment fort de la vie de la patrie: celle du déclenchement de la dernière bataille en vue de la réunification du pays, celle du retour du Sahara marocain, longtemps occupé par l’Espagne.
Dans le cadre des festivités organisées pour célébrer le 49ème anniversaire de cette fête nationale, si précieuse dans le cœur des Marocains, l’UMFP (Union marocaine des footballeurs professionnels) et l’Association Java ont eu la brillante idée d’organiser un match jubilé pour honorer l’ancien international Mohamed Sahil dit «Souhail». À cette occasion, une rencontre amicale a opposé des légendes du football national: d’une part, une «Entente Wydad-Raja» et de l’autre côté, une sélection d’anciens «Lions de l’Atlas».
Mohamed Souhail, international marocain des années 80, figure parmi les rares joueurs ayant porté les maillots des deux clubs emblématiques de la ville de Casablanca. Il a en effet joué au Wydad et au Raja, avec un passage au Kawkab de Marrakech et une expérience à l’étranger à Louhans-Cuiseaux. Il a participé à l’épopée du Mondial 1986, longtemps considérée comme la meilleure performance d’une équipe nationale marocaine en Coupe du Monde. Pour célébrer Souhail, les organisateurs ont mis les petits plats dans les grands en invitant une panoplie de joueurs que les anciens ont eu le plaisir de revoir et que les plus jeunes découvraient. Pour ce jeune public, Souhail est un expert sportif, souvent invité pour commenter les matchs de la Botola ou de l’équipe nationale, ou un entraîneur. Ce n’est en aucun cas un ancien joueur. Pourtant, c’était un grand joueur que le regretté Mehdi Faria convoquait régulièrement en équipe nationale.
Célébrer Souhail n’est pas anodin, c’est rendre hommage au fair-play, à l’intelligence de jeu, à la capacité d’anticipation et au jeu collectif. C’était, lorsqu’il était en activité, un joueur en avance sur son temps: un attaquant qui défendait très haut pour obliger le défenseur adverse à jouer vite et le pousser à la faute. C’était aussi un attaquant moderne qui savait se sacrifier pour créer des espaces à ses coéquipiers. Le genre de joueur dont raffolaient les entraîneurs. A cet égard, il est important de souligner que la vision des entraîneurs est souvent en décalage avec celle du public. Il était enfin très apprécié par ses collègues venus nombreux pour participer à la fête.
On a noté la présence de l’entraîneur national, le héros du Mondial Qatar-2022, Walid Regragui, et son adjoint Rachid Benmahmoud, ainsi que celle de Tarik Skitioui, le héros des Jeux Olympiques de Paris 2024, et d’une liste impressionnante de grands joueurs du passé. Les citer tous serait fastidieux ; il faut juste noter que le public s’est régalé de la présence des Naybet, Bahja, Bassir, Hadji, Fouhami, Lamyaghri, Daoudi, Bouderbala, Nejjari, Hajry et tant d’autres.
La rencontre s’est déroulée au sein du mythique stade Père Jégo. Le stade, théâtre de tant de derbies, a bénéficié d’une belle cure de jouvence. Une rencontre présidée par le Wali de Casablanca-Settat, Monsieur Mohamed Mhidia, accompagné des principales autorités de la région et de personnalités importantes du monde du sport et des affaires.
Cette véritable fête de la famille du football a permis de belles retrouvailles. Elle a été marquée par un moment d’émotions intenses lorsque, après quelques minutes de jeu, Souhail a quitté la pelouse pour être remplacé par son jeune fils. Un passage de témoin symbolique et émouvant ponctué par une haie d’honneur formée par tous les joueurs présents et une standing ovation du nombreux public.
Parler de cet événement n’est pas anodin ; raconter un joueur c’est remuer le souvenir d’une époque. Le football marocain s’est inscrit dans une dynamique positive. C’est un constat que tout le monde partage. Cela est bien entendu lié à une gouvernance efficace et à une prise en charge intelligente de son environnement. C’est aussi grâce à un héritage et à un passé glorieux. Les performances d’hier ont permis de briser des plafonds de verre. Mexico 1986 a facilité Qatar 2020 qui à son tour ouvrira la porte à d’autres ambitions.
C’est le résultat d’une politique d’investissements dans les infrastructures, dans la formation, dans la médecine sportive et dans un accompagnement rapproché des joueurs toutes catégories confondues. Ces avancées sont incontestables et sont le fruit d’un travail collectif où chaque partenaire a posé sa pierre dans l’édifice. Un aspect sur lequel on n’insiste pas souvent est celui de la protection et la promotion des joueurs. Si cet événement a pu voir le jour c’est aussi grâce à l’UMFP, une association dédiée à la défense des droits et des intérêts des footballeurs professionnels marocains ou évoluant au Maroc. Une association membre de la Division Afrique de la Fédération internationale des Associations de Footballeurs Professionnels (FIFPro), reconnue par la FIFA et la CAF. Elle a été créée par l’ancien international marocain Mustapha Haddaoui, un militant engagé pour la cause des joueurs. À l’actif de l’association se trouvent de sérieuses avancées pour la protection des joueurs et la gestion de leurs litiges avec leurs clubs.
Promouvoir les bonnes actions c’est aussi encourager leurs promoteurs et susciter des vocations. C’est tout bénéfice au service du football au Maroc.