Le sport est une activité économique récente, qui a commencé à se développer au milieu des années 50 du siècle dernier. Elle génère des revenus très importants avec un impact significatif sur l’emploi, le tourisme, l’industrie textile, les travaux publics, les médias et tout un ensemble d’autres secteurs économiques.
En dehors du sport de loisir, le sport de haut niveau s’est développé considérablement. Aux Etats-Unis d’abord avec le football américain, qui se joue avec un ballon oval, lebasket-ball, le hockey sur glace et le base-ball. Dans la quasi-totalité du reste du monde c’est le football qui a permis cette révolution économique. Ce sport génère de plus en plus de recettes et attire d’importants investisseurs, motivés par sa rentabilité et par le soft power qu’il permet.
Cette transformation est historiquement incarnée par un homme, le président emblématique du Réal Madrid, celui dont le stade porte le nom, Santiago Bernabeu. C’est lui le premier qui a compris que pour développer le football, il fallait créer de la richesse.
A cet effet, il fallait multiplier les entrées d’argent et attirer un public plus nombreux et plus populaire en abaissant notamment le prix des places. Il a aussi créé le concept de «socios», un genre d’actionnaires du club.
La capacité du stade du Réal passera de 6.000 spectateurs en 1947 à 120.000 quelques années plus tard et à 48.000 «socios» dès 1948. Pour multiplier les sources de revenus et les occasions de vendre des places d’accès aux matchs, il va accompagner le journal L’Equipe, dans la création de la Coupe d’Europe des Clubs Champions.
Les flux financiers générés et la perspective de les améliorer encore plus va le pousser dans une politique d’acquisition de joueurs vedettes étrangers. Cette politique va très vite avoir des conséquences sur les performances de l’équipe nationale d’Espagne, en manque de joueurs de talent pour la représenter. En conséquence, en 1960, le gouvernement espagnol va interdire le recrutement de joueurs étrangers. Cette interdiction ne sera levée qu’en 1973 et l’arrivée de Johan Cruyff.
Bernabeu va en tirer quelques enseignements. Ainsi, il dotera l’équipe réserve du Réal de plus de moyens et inaugurera une nouvelle politique de formation dédiée aux jeunes joueurs. Barcelone FC le club rival du Réal va suivre, avec un peu de retard, le modèle économique développé par Bernabeu. Il va ainsi agrandir le stade, développer la politique des «socios» et investir en formation.
Au Barça cette politique de formation, enseignée au sein la «Masia», le Centre de formation du club, sera édifiée, plus tard, en colonne vertébrale de l’identité de jeu, prônée par Cruyff d’abord, Guardiola ensuite et adoptée aujourd’hui pour toutes les catégories de jeunes du club.
Au Maroc, sous l’impulsion de Sa Majesté le roi Mohammed VI, une Académie de football conçue dans les meilleurs standards de la profession a été inaugurée en 2008. Elle mets sur le marché, chaque année, une promotion de nouveaux joueurs prometteurs.
L’Académie Mohammed VI a développé un business model qui vise à détecter, former, encadrer et encourager les talents marocains et leurs donner les moyens de briller à l’étranger dans les meilleurs clubs européens et du Moyen-Orient.
Les centres régionaux se mobilisent également dans de vastes campagnes de détection en vue d’alimenter l’Académie. Malgré des résultats spectaculaires avec des joueurs qui brillent en Côte d’Ivoire et avant au Qatar, on peut faire mieux.
Il est vrai que l’Académie Mohammed VI n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière. Mais les chiffres sont encourageants et contrairement à une idée reçu, la formation, ce ne sont pas que des coûts, ce sont aussi des recettes importantes en mesure de rentabiliser tous les investissements consentis.
Une étude de l’observatoire du football parue dans sa 446ème Lettre hebdomadaire présente les 100 académies de football liées à des clubs, ayant généré le plus de revenus lors de la période allant de 2014 à 2023. Cette étude comptabilise les recettes générées au cours des 10 dernières années suite au transfert des joueurs entre 15 et 21 ans ayant fréquenté l’académie au moins pendant 3 ans. Les résultats sont surprenants.
C’est le Benfica de Lisbonne qui est en tête avec un total de recettes de 516 millions d’euros, suivi de l’Ajax avec 376 millions et l’Olympique Lyonnais 370 millions.
Plus étonnant le Réal Madrid, censé être un club de vedettes, pointe à la 4ème place avec un total de recettes générées de 364 millions d’Euros. Convertis en dirhams cela fait 4 milliards soit 400 millions de dirhams par an pour le Réal Madrid et 560 millions de dirhams par an pour Benfica.
Ce sont des chiffres impressionnants si on les compare aux budgets annuels des clubs marocains. Deux clubs, hors Europe se distinguent, un club brésilien le CR Flamengo avec 228 millions d’euros de recettes sur les 10 dernières années et un autre argentin, le River Plate avec 223 millions.
Une surprise, le FC Barcelone dont la Massia, l’académie du club, est la plus célèbre du monde figure assez loin dans le tableau, elle n’a généré que 189 millions d’euros. C’est probablement parce que le club fait confiance aux joueurs issus de son école, Messi, Xavi, Iniesta, Busquets, Piqué et plus récemment Lamine Yamal, Gabi etc.
Ce sont des chiffres encourageants pour le football marocain qui dispose d’un potentiel exceptionnel, non exploité à son maximum pour le moment, et qui surfe sur des projets de grande envergure, la CAN 2025 et la Coupe du Monde 2030. Ces chiffres prouvent que la formation peut être une source de revenus supplémentaires en plus d’être un incubateur de grands talents.