La 43e Assemblée générale de la Confédération africaine de football, tenue vendredi 12 mars dernier à Rabat, a été un franc succès. La famille du football continental a élu un nouveau président, le Sud-Africain Patrice Motsepe, un comité exécutif ainsi que les représentants de l’instance au Conseil de la FIFA.
Parmi ceux-ci, figure le président de la Fédération royale marocaine de football Fouzi Lekjaa. Le Marocain était en concurrence avec l’ancien président de la Fédération égyptienne, Hany Abou Rida, et le président de la Fédération algérienne Kheïreddine Zetchi, pour les deux sièges du groupement linguistique 3 (arabophone, lusophone et hispanophone) qui regroupe, en plus du Maroc, l’Algérie, l’Angola, le Cap-Vert, les îles Comores, Djibouti, l’Egypte, l’Erythrée, la Guinée-Bissau, la Guinée Equatoriale, la Libye, la Mauritanie, le Mozambique, Sao-Tomé-Et-Principe, la Somalie, le Soudan, le Soudan du Sud et la Tunisie.
Lekjaa et Abo Rida ont gagné leur place au sein du conseil de la FIFA, après le retrait de Zetchi, quelques minutes seulement avant le vote final. «Le président de la Fédération algérienne de football (FAF) a choisi la voie de la sagesse en décidant de retirer sa candidature au poste de membre du Conseil de la FIFA», a écrit la FAF dans un communiqué.
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Le patron du football algérien a justifié sa décision par le fait de n’avoir pu convenablement effectuer une campagne électorale, suite au rejet de sa candidature dans un premier temps par la FIFA, puis la réhabilitation de la décision quelques jours après par le Tribunal arbitral du sport (TAS).
Tout est bien qui finit bien? Pas vraiment… Pour justifier la non-élection de son candidat, l’Algérie crie au complot et décide de se placer dans une posture de victime. Ainsi, à en croire Alger, le Maroc, la CAF et la Fédération internationale de football (FIFA), par le biais de son président Gianni Infantino, se seraient tous ligués contre le représentant du régime vert-kaki, pour l’éjecter de la course.
Alger soutient que Zetchi l’a mis devant le fait accompli
Ces pleurnicheries n’ont, en fait, même pas pour objectif de défendre Zetchi, mais d’en faire le bouc émissaire de l’échec de l’Algérie à faire entendre sa voix dans le continent. Dans cette affaire, toujours selon ce qu’en dit Alger, le président de la FAF détient le rôle du coupable, puisqu’il a mis son gouvernement devant le fait accompli en se portant candidat devant Lekjaa, alors qu’il n’avait aucune chance de gagner face au Marocain, affirme le gouvernement algérien. «Postuler à la dernière minute en sollicitant l’accord de la tutelle au dernier jour de clôture de dépôt des candidatures procède manifestement d’une volonté d’imposer un fait accompli et d’embarquer l’Algérie dans une aventure hasardeuse, sauf à vouloir provoquer un refus prémédité. En tout état de cause, compte tenu du délai butoir et dans le souci de ne pas priver l’Algérie de l’opportunité de gagner une place au sein de la FIFA, Monsieur le ministre de la Jeunesse et des Sports marque son accord de principe», avait écrit le ministre de la Jeunesse et des sports à Kheïreddine Zetchi, en réponse à la demande d’accord envoyée au MJS pour la candidature du président de la FAF. Mais si cette lettre du ministre algérien de la Jeunesse et des sports été rendue publique, elle ne l’a seulement été qu’après l’Assemblée générale de la CAF à Rabat.
Au cœur de l’agitation d’Alger, l’amendement des statuts de la CAF
Cette réaction du régime algérien intervient suite à l’amendement de l’article 4 des Statuts de la CAF. Cet article stipulait que la Confédération africaine de football était ouverte à toutes candidatures d’associations nationales africaines, comme représentants officiels gérant le football dans leurs pays respectifs.
Mais aujourd’hui, et selon l’amendement présenté par le président de la FRMF, Fouzi Lekjaa, seuls les représentants des pays indépendants et membres de l’ONU sont admis au sein de la CAF.
Résultat: la route est définitivement barrée devant Alger qui ne désespérait pas, avec les manœuvres dont elle est coutumière, de faire admettre la pseudo-RASD dans la CAF, tout comme d’ailleurs elle a déjà réussi, par le passé, à intégrer cette entité, ne répondant à aucun critère composant un Etat, au sein de l’Union africaine. N’étant pas membre de l’ONU -et elle ne le sera jamais-, la protégée d’Alger ne pourra donc plus oser espérer un jour intégrer la famille footballistique africaine, ni disputer les tournois organisés sous la houlette de la CAF.
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Et comme d’habitude, l’Algérie, nullement concernée par cette décision de la CAF, s’est sentie visée et a commencé à accuser les plus hautes instances de la discipline de «complotisme». Cependant, l’amendement tant décrié par le pouvoir algérien a été adopté à l’unanimité, et par conséquent, même le président de la fédération algérienne, présent vendredi dernier à Rabat, a donc voté pour le changement de cet article. Etait-ce là une vengeance de Kheïreddine Zetchi, qui n’a pas eu le soutien qu’il désirait de la part du gouvernement algérien? Rien n’est moins sûr. En effet, 54 confédérations footballistiques africaines, soit la totalité des pays du continent, ont voté l’amendement des statuts de la CAF.
Cependant, l’instance dirigeante du football algérien s’est retrouvée contrainte de démentir l’unanimité du vote dans un communiqué officiel. «La Fédération algérienne de football informe que lors de la 43e session de l’Assemblée générale ordinaire de la Confédération africaine de football (CAF), tenue le 12 mars 2021 à Rabat (Maroc), le Président de l’instance fédérale, M. Khireddine Zetchi, n’a jamais voté en faveur de la modification statutaire présentée lors des travaux, tout comme il s’est abstenu de valider le bilan financier tel qu’il a été présenté», a écrit la FAF.
Désormais bien isolé sur le continent, le régime d’Alger ne dispose plus que d’une seule carte: la vieille rengaine de «l’ennemi extérieur», pour justifier son impéritie et ses échecs. Quant à Zetchi, il doit s’attendre à des jours bien sombres dans son pays.