Rafael Louzán, le nouveau Président de la Fédération royale espagnole de football (RFEF) était en visite de travail à Rabat. Pendant 48 heures, le patron du «Balompié» a pu présenter ses lettres de créances à son homologue marocain Fouzi Lekjaâ, rencontré une cinquantaine d’entreprises espagnoles installées au Maroc et annoncé que les deux pays -les trois en comptant le Portugal-, appelés à organiser le Mondial 2030, sont sur la même longueur d’ondes.
L’occasion aussi pour le successeur de Luis Rubiales et Pedro Rocha de tenter de faire d’une pierre deux coups. D’abord, confirmer, au-delà des frontières ibériques, que l’ère de flottement et d’instabilité à la RFEF était révolue. Ensuite, surtout, envoyer des messages directs à ses adversaires politiques, notamment au Conseil supérieur des Sports (CSD), l’organe de tutelle espagnol.
Rafael Louzán est venu, il a vu mais n’a pas vraiment vaincu. En tous cas, ses intentions par rapport à ce premier voyage à Rabat étaient, selon les médias espagnols, et notamment ses fidèles relais à Madrid AS et Marca, de plaider deux causes.
Tenter de convaincre la partie marocaine du choix du Santiago Bernabeu, en tant que théâtre de la finale du Mondial 2030, et remettre en selle Valence qui n’a pas trouvé sa place dans le Bid Book (dossier de candidature) présenté à la FIFA fin juillet 2024 et validé par l’instance internationale début décembre.
Connaissant la fermeté de la FRMF concernant la légitimité du futur Grand stade Hassan II, tout semble indiquer que Louzán s’est heurté à une fin de non-recevoir, polie mais ferme.
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Le Maroc restera droit dans ses bottes et défendra jusqu’au bout ce principe cardinal: la finale doit avoir lieu en terre africaine. Concernant la deuxième requête, le scénario des tractations d’Agadir, où Marocains et Portugais ont, de concert, rejeté le baroud d’honneur de la partie espagnole, a eu une suite logique.
Pas question d’ajouter une nouvelle ville au dossier. Les Espagnols n’ont pas d’autres alternatives que de remplacer une ville choisie, approuvée et engagée pour devenir hôte de la Grand-messe du football, par Valence et son Nou Mestalla. Louzán, qui a fait de la troisième ville du royaume ibérique, un cheval de bataille politique, devra priver une partie de ses compatriotes du bonheur de recevoir le Mondial.
Deuxième axe stratégique de cette visite de travail: Rafael Louzán a montré les muscles à ses détracteurs en Espagne. Rappelons que son élection n’a été confirmée que le 5 février dernier, lorsqu’il a obtenu un non-lieu en appel, dans une affaire de prévarication lorsqu’il était président de la Délégation forale de Pontevedra, en Galice, pour le Parti Populaire, en accordant une subvention de 93.000 euros pour rénover le Stade Morana.
D’ailleurs, le Gouvernement socialiste a attendu deux semaines, pour enfin recevoir Louzán et ouvrir un dialogue nécessaire entre l’instance de tutelle du Sport, le CSD, et la plus importante fédération sportive au pays de Cervantes avec ses 2 millions de Licenciés.
Ce dialogue formel n’est de toutes les manières, pas dénué d’arrière-pensées et de calculs politiciens, puisqu’au moment même où Louzán se trouvait à Rabat, le Gouvernement espagnol a décidé de confier à la ministre de l’Éducation et des Sports Pilar Alegria, la présidence d’une commission de coordination interministérielle, où siégera le président de la RFEF, à titre consultatif et sans droit de vote.
Un round de plus dans un combat qui n’est pas dénué de calculs et de coups bas. D’ailleurs, la question qui se pose à l’heure actuelle, est la suivante: la FIFA peut-elle laisser faire un comité d’organisation qui pourrait changer de tête pensante, au gré des alliances circonstancielles ou structurelles que peut vivre l’Espagne?
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Cette question n’aura pas un début de réponse dans les semaines, voire les mois à venir. En Attendant, le Maroc continue de marquer des points. Notre pays a pris le lead de la candidature et il continuera à mener, de manière efficace, le dossier d’organisation. Les deux communiqués publiés par la FRMF et la RFEF, en marge de cette visite, prouvent que le Royaume est désormais l’épicentre du dossier Mondial 2030.
Rafael Louzán et son nouvel homologue portugais Pedro Proença en sont conscients. Les commissions de coordination qui verront le jour seront marquées du sceau marocain. Question de stabilité dans la gouvernance, de volontarisme, de vision et d’ambition. Le Maroc a tous les atouts en main. A lui de les distiller au moment opportun.
DR
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