Maroc-Tunisie: Les saveurs de l’Aid et le piquant de la Harissa

Un Lion de l'Atlas et un Aigle de Carthage.

Ce vendredi 6 juin, le stade de Fès accueille un nouveau chapitre du derby maghrébin entre le Maroc et la Tunisie. Une rivalité chargée d’histoire, entre tensions et exploits, où chaque duel réveille les passions. Même en période d’accalmie, il suffit parfois d’un nom, comme Ziad Jaziri, pour raviver les braises.

Le 05/06/2025 à 11h24

L’ancien international tunisien Ziad Jaziri a toujours été un provocateur né. Sur le rectangle vert, il n’avait pas son pareil pour user les défenseurs, dans le bon comme dans le mauvais sens du terme. Avec lui, tout semblait permis: trash talking, simulations, mais aussi éclairs de génie. Pour la postérité, il restera l’auteur du but du sacre de la Tunisie, ce 14 février 2004 à Radès, contre le Maroc. Qui ne se souvient pas de ce moment cauchemardesque, après une frappe de Clayton repoussée par Fouhami, reprise par ce feu follet devant un Karkouri aux abonnés absents?

Jaziri détient aussi un autre fait d’armes: il est le premier joueur de l’histoire à avoir été expulsé lors de la Coupe du Monde 2006, après deux grossières simulations face à l’Ukraine dans un match que personne ne souhaite vraiment revoir.

Toujours borderline, celui qui occupe aujourd’hui les fonctions de directeur sportif de la sélection tunisienne s’est récemment fendu d’une déclaration provocatrice, rappelant quelques précédents favorables à ses compatriotes. Il a même affirmé que ses protégés allaient à nouveau gâcher la fête des Marocains. Une façon comme une autre de motiver ses troupes, mais le sieur Jaziri semble avoir la mémoire sélective.

S’il insiste sur certaines qualifications heureuses des Aigles de Carthage face aux Lions de l’Atlas (JO 1960 et 1988, Mondiaux 1978 et 2006, CAN 2004 et phase de poules en 2012), il omet commodément les qualifications marocaines aux JO (1964, 1968, 1976 et 2000), aux Mondiaux (1962, 1970, 1994) et les éliminatoires de la CAN 2002, avec deux victoires nettes des coéquipiers de Naybet.

Monsieur Jaziri, les chiffres ne mentent pas. En 55 confrontations, le Maroc l’a emporté à 16 reprises, contre 9 pour la Tunisie et 30 matchs nuls. Depuis 2012, année de la dernière victoire tunisienne, le bilan est de quatre victoires marocaines et deux nuls.

Autant dire que la génération «jeux vidéo» n’a pas les mêmes craintes que ses aînés. À l’époque des quadragénaires d’aujourd’hui, affronter la Tunisie ressemblait à une séance chez le dentiste, ou à une migraine annoncée. Ce n’est plus le cas, même si l’excès de confiance reste interdit face à une équipe aussi expérimentée.

Le joueur tunisien n’a rien perdu de ses qualités: rigueur tactique, puissance physique, roublardise constante. Mais il est, aujourd’hui, moins habile techniquement, et surtout, moins élégant que son homologue marocain. Reste que ces qualités ont souvent suffi. Et combien de fois un Maroc-Tunisie s’est-il terminé dans la frustration, voire l’écœurement, tant les Lions de l’Atlas semblaient supérieurs sur le papier?

Autant dire qu’en ce début juin, alors que certains joueurs pensent au Mondial des clubs, à la plage ou à des vacances bien méritées, l’heure n’est pas au relâchement. Il faudra rester concentré pour ne pas gâcher la fête de l’Aïd à des supporters qui vibreront pour ce nouvel épisode d’une rivalité légendaire, que ce soit au stade ou derrière leurs écrans.

Et surtout, pour faire taire le sieur Jaziri. À bon entendeur.

Par Amine Birouk
Le 05/06/2025 à 11h24