Lions de l’Atlas: les travaux de Walid Regragui

Walid Regragui, sélectionneur des Lions de l'Atlas.

Walid Regragui, sélectionneur des Lions de l'Atlas.. FRMF

Maintenu à la tête des Lions de l’Atlas, Walid Regragui devra s’attaquer à d’innombrables chantiers, aussi ambitieux que difficiles. Le360 Sport dresse l’agenda du sélectionneur national.

Le 06/02/2024 à 19h14

Faire oublier le naufrage de San Pedro

Tout recommence pour les Lions de l’Atlas. Après le naufrage en huitième de finale de la Coupe d’Afrique des Nations 2023 contre l’Afrique du Sud (0-2), les Ziyech, Hakimi, Aguerd et autres Amrabat, guidés par Walid Regragui, vont repartir de loin, de très loin même. Et les données du problème sont simples. Afin de faire oublier sa piètre prestation en Côte d’Ivoire, l’équipe nationale est obligée de gagner ses prochaines rencontres, qu’elles soient amicales (mars prochain) ou officielles (éliminatoires de la Coupe du monde 2026 à partir de juin). Car pour l’instant, l’addition laissée à San Pedro n’a toujours pas été réglée et les comptes pas encore soldés.

Remplacer des cadres plus vraiment supérieurs

Cette défaite contre l’Afrique du Sud sonne peut-être le glas pour quelques membres de cette génération dorée, demi-finaliste du dernier Mondial qatari. En effet, certains cadres de cette équipe nationale semblaient tous sortir d’un long arrêt maladie: hors de forme, à bout de souffle, ces convalescents ont bien souvent donné l’impression de ne pas trop savoir ce qu’ils faisaient là. Leur sélection s’apparentait plus à un joli cadeau de départ qu’à une décision sportivement méritée.

Coach Walid doit l'accepter, faire son autocritique et apporter du sang neuf à son groupe pour arriver aux prochaines échéances dans de bonnes conditions et avec un meilleur niveau. Et pour chercher la relève, le technicien de 48 ans peut se reposer sur l’équipe nationale U23, championne d’Afrique en titre de la catégorie, qui disputera les prochains Jeux Olympiques Paris 2024. Comme pièces de rechange, on a vu pire.

En finir avec la Ziyech-dépendance

La sortie de l’équipe porte également un nom: la Ziyech-dépendance. Le meneur de jeu de Galatasaray s’est blessé contre la Zambie et c’est toute l’équipe qui s’est mise à boiter. Contre les Bafana Bafana, tout le monde s’attendait à ce que Azzedine Ounahi s’empare des clés du camion Rouge et Vert. Mais le milieu de l’Olympique de Marseille s’est retrouvé sur le flanc et n’était sans doute pas assez mûr pour pouvoir endosser le costume de chef d’orchestre. Les anciens, eux, ne semblaient plus en mesure de jouer ce rôle. Or, sans patron naturel sur le terrain, difficile de mettre tout le monde au pas. Regragui doit donc trouver d’autres solutions et ne pas trop s’appuyer sur un Ziyech régulièrement forfait.

Trouver un arrière gauche

S’il y a bien un chantier qui doit préoccuper Regragui, c’est bien celui du couloir gauche de la défense de l’équipe nationale. Depuis son arrivée à la tête des Lions, l’ancien coach du FUS et du WAC a insisté sur Noussair Mazraoui, arrière droit de métier, mais sans grande réussite. La doublette Hakimi-Mazraoui, le premier à droite et le second à gauche, a de l’allure mais seulement sur le papier. Le joueur du Bayern n’a, à aucun, moment relevé le challenge et avait sombré lors de certaines sorties des Lions de l’Atlas.

Le Maroc compte dans ses rangs deux des meilleurs latéraux droits au monde ; mais à un moment donné, il faut trancher et imposer une hiérarchie. Pour le couloir gauche, Coach Walid, qui ne semble pas très persuadé par Yahya Attiat-Allah, pourrait lancer dans le bain Youssef Enriquez Lekhedim (Yusi), jeune pépite du Real Madrid, ou Adam Aznou qui gravit les échelons au Bayern Munich.

L’attaque: la grande muette

La Coupe d’Afrique des Nations 2023 a parfaitement illustré le manque de solutions dont dispose Walid Regragui en attaque. Youssef En-Nesyri, titulaire indiscutable dans l’esprit du sélectionneur, n’a marqué qu’une seule fois contre la Tanzanie lors du premier match de la phase de poules. Ayoub El Kaabi n’est plus ce serial buteur qui s’est illustré lors des CHAN 2018 et 2020. Et Tarik Tissoudali n'a toujours pas prouvé qu'il a l'étoffe de l'avant-centre n° 1 des Lions de l’Atlas. Faute de mieux, le coach convoque les meilleurs attaquants marocains en activité, certes, mais un changement de dispositif tactique pourrait être la clé.

Se qualifier pour le Mondial nord-américain

Les prochains matchs officiels des Lions de l’Atlas sont attendus en juin prochain dans le cadre des 3e et 4e journées des éliminatoires de la Coupe du monde 2026, attendue aux Etats-Unis, au Mexique et au Canada. Le Maroc a idéalement lancé sa campagne qualificative en ramenant une belle victoire de Dar es Salam face à la Tanzanie (2-0). Les Lions pointent à la première place du classement de leur groupe E après deux journées (le Maroc a joué un seul match en raison du forfait de l’Érythrée).

Entre le 3 et le 11 juin prochain, les coéquipiers de Hakim Ziyech recevront la Zambie, qu’ils viennent de battre en phase de poules de la CAN (1-0), et se déplaceront ensuite au Congo. Les cinquième et sixième journées sont prévues entre le 17 et le 25 mars 2025. Le Maroc jouera à l’extérieur contre le Niger de Badou Zaki, avant de recevoir la Tanzanie. Six mois plus tard (1er-9 septembre 2025), le Maroc accueillera le Niger (7e journée) et défiera la Zambie chez elle (8e journée). Les Lions de l’Atlas ne disputeront pas la 9e journée prévue en octobre 2025, mais accueilleront le Congo (10e journée) entre le 6 et le 14 octobre pour clôturer ces éliminatoires. Le Maroc doit impérativement finir premier de son groupe pour se qualifier.

Remporter la CAN à la maison

La lune a une silhouette courbée, fabriquée en plaqué or et ne se montre qu'une fois tous les deux ans: la Coupe d’Afrique des Nations est la lune des Marocains. Un objectif qui semble inaccessible pour les Lions de l’Atlas depuis 1976. Une éternité. Pourtant cette année, les coéquipiers de Romain Saiss étaient les favoris pour remporter une deuxième étoile après leur parcours historique en Coupe du monde 2022.


Dans un an et demi, le tournoi panafricain se jouera au Maroc. Cette fois, le sacre paraît plus que jamais accessible. Ce sont Regragui et des Lions de l’Atlas révoltés et revanchards que les Marocains souhaitent voir à la maison.

Par Adil Azeroual
Le 06/02/2024 à 19h14