Le stade Port-Gentil dans la capitale économique du Gabon, l'un des quatre retenus pour abriter les matchs de la CAN 2017, a été construit à la hâte (quatre mois). D'une capacité de 20.000 places, il aurait coûté 100 millions de dollars. Il a été réceptionné le 8 décembre 2016. Un match test du championnat local s'y est déroulé le 5 janvier. Et déjà, la ministre de la Jeunesse et des sports gabonaise, Nicole Assélé, a reconnu que «l'infrastructure n'est pas totalement opérationnelle».
Derrière cet empressement, le désir du président Ali Bongo de s'attirer les bonnes grâces des Port-Gentillais acquis à la cause de son rival politique, Jean Ping. Mais ce facteur a eu des incidences néfastes sur le bon déroulement des matchs du groupe D.
L'Egypte, notamment, n'a eu de cesse de crier à tue-tête en dénonçant l'état impraticable de la pelouse dont ont souffert également ses adversaires. La Confédération africaine de football (CAF) a été saisie de cette question. Au départ, il était question de changer de stade pour les quarts de finale et ce, sous la pression des Egyptiens fort représentés au sein de l'instance suprême du football africain. Mais une volte-face a été opérée mercredi 25 janvier après la victoire de l'Egypte sur le Ghana.
Une réunion a été tenue entre des représentants marocains et égyptiens avec des membres de la CAF. Curieusement, les Egyptiens se sont entêtés à disputer leur match contre le Maroc au stade Port-Gentil, celui-là même dont ils n’ont pas cessé de critiquer la pelouse.
Une décision politique?
Il est vrai que les Pharaons, premiers de leur groupe, sont dans leur droit de disputer le match dans le stade ayant abrité les rencontres du premier tour. Mais il est vrai aussi que l'état lamentable de la pelouse exige un changement de terrain, comme l'ont demandé les responsables marocains qui ont proposé Libreville comme alternative.
Les Egyptiens ont eu gain de cause et d'aucuns parlent d'une guerre psychologique comme c'est le cas lors de chaque confrontation entre le Maroc et le pays du Nil.
En outre, des observateurs avancent des arguments politiques quant au maintien du match au stade Port-Gentil. Pour eux, la délocalisation de la rencontre signifierait une défaite politique du chef de l'Etat actuel, lequel s'était dit «heureux d'offrir ce bijou» aux populations locales, dans une vlle où il est confronté à une farouche opposition. Le président de la CAF, Issa Hayatou, qui entame son 8e mandat, se serait plié face aux désidératas du président Bongo.
En tout cas, une chose est sûre: en programmant un match aussi important sur une pelouse aussi déplorable, la CAF est une nouvelle passée à côté de son sujet. Et tant pis pour le spectacle !